Rassemblement et manifestation des restaurateurs et hôteliers à Besançon

Tête de manifestation après le pont Canot

Mardi 24 novembre, 15h, un rassemblement se tient à Besançon, avenue Villarceau, devant le siège de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie Doubs (UMIH25). Comme prévu un cortège se forme et part en manifestation en direction du centre-ville.

Le pont Canot est atteint à bon pas, permettant de franchir le Doubs. Précédé et suivi par des véhicules de police il emprunte la rue Charles Nodier pour atteindre la Préfecture. Ce sont 580 manifestant·e·s (comptage fait par un habitué des manifs, donc comptage fiable) qui déambulent.

Cafés, bars, restaurants, hôtels, discothèques, traiteurs, commerçants, patrons et employés, fournisseurs aussi, pour eux l’heure est grave, leur espace de travail étant purement et simplement arrêté, alors que les charges, les impôts sont à payer. Ils jugent les mesures d’aide et d’accompagnement face à la crise sanitaire insuffisantes. C’est ce que dit Philippe Feuvrier président de l’UMIH 25 au micro devant les portes closes de la Préfecture. Rendez-vous avait été pris, mais le cortège est arrivé si vite que le Préfet n’est pas encore disponible. Le cortège attend patiemment, avec quelques slogans, des percussions sur un tambour ou sur le fond de nombreuses casseroles qu’ont amenées des manifestants.

Ils sont venus de partout, même du Pays de Montbéliard, et du Haut Doubs. Phillippe Feuvrier leur président est connu « comme un chef réputé » dont le restaurant est renommé du côté de Grand Combe Chateleu. Certains disent aussi qu’il a le profil typique du commerçant prompt à dénoncer les fonctionnaires qui attendraient la retraite déroulant leur carrière à un train de sénateur. Et le voici, sorti de ses cuisines, protestant dans les rues de la capitale comtoise. La découverte, peut-être, que ce monde que nous imposent les puissants n’est pas le meilleur dont on puisse rêver.

Les manifestants sont assez sages, souvent tout de noir vêtus, masques antivirus compris. Ils/elles brandissent des pancartes, des petits panonceaux, quelques banderoles, mais pas de drapeaux ni d’oriflamme tradition des syndicats de salariés, des associations ou des partis. Parmi eux on reconnait une douzaine de manifestant·e·s habitué·e·s des mobilisations en particulier de celles des gilets jaunes. Leur présence témoigne de la solidarité populaire vis-à-vis d’autres acteurs marginalisés par le système ultra-libéral. Il y a même 2 street-medics, pas égarés, mais loin des manifs à risque d’incidents.

Ce que disent les manifestant·e·s, c’est bien sûr qu’ils/elles n’en peuvent plus, proches du dépôt de bilan, qu’ils devront fermer après un second confinement qui les frappe durement. Les mesures sanitaires de protection sont acceptées (distanciation, port du masque, gel hydroalcoolique, clients en nombre limité) mais ce qui est dénoncé c’est la fermeture sèche alors que « les grandes surfaces » ou les plateformes de commande et de livraison en ligne sont toujours ouvertes, et récupèrent les parts de marché. A leurs yeux les pouvoirs publics font le « jeu des gros ».

Les affichettes et calicots reprennent ce que disent les témoignages. Zéro chiffre d’affaire mais des charges qui les asphyxient, l’État les tue, les loyers les tue, assureurs=menteurs, nos fournisseurs coulent avec nous, vos aides sont des aumônes, la nuit doit revoir le jour (ça c’est les dancings et « boites de nuit »), toujours vivants mais pour combien de temps, sauvons nos restaurants … et une affichette qui reprend #nonessentiels le qualificatif qui a été utilisé pour désigner leurs commerces.

Une association bisontine, BBRBU, active ces derniers mois est présente avec sa banderole. Bars, Boites, Restos de Besançon Unis a été créée en avril 2020, réunissant de nombreux commerces de bouche sur la ville, souvent parmi les plus dynamiques et ayant aussi la réputation d’être sympas. Cette association agit comme un collectif de commerces. Elle a un objectif d’entraide. Elle a aussi un objectif d’animation de l’espace public, mis en œuvre depuis le déconfinement du mois de mai, en ayant organisé, avec l’aide de la ville, des samedi festifs sur la promenade Granvelle. De la musique, des stands de bouche et de jeux pour enfants étaient montés à l’ombre des grands arbres. L’association avait prévu une grande fête pour le premier week-end de septembre, place de la révolution. Son nom « Rêvo’lution ». Les indicateurs sanitaires n’étaient pas optimistes en août et après une réunion en Préfecture avec les représentants de la ville de Besançon cette initiative de BBRBU a été annulée par l’association, ou plutôt reportée à juin 2021. « On ne veut absolument pas être responsable d’un cluster du COVID. On est triste car ce projet représente deux mois de travail, mais il nous faut être raisonnable », avait déclaré la secrétaire ».

Il y a de très nombreux·es jeunes dans la manif, vraisemblablement les employé·e·s. Et je me surprends à penser que peut-être les syndicats de salarié·e·s du commerce auraient pu être là avec leurs propres revendications, ou s’ils souhaitaient éviter l’amalgame avec leurs patrons, ils auraient pu communiquer par quelques déclarations publiques. Ce qui, à ma connaissance n’a pas été le cas.

Une délégation, autour du président de l’UMIH25 est maintenant reçue par le Préfet Joël Mathurin. Sagement la manifestation attend dans le froid. Deux « faucheuses », squelettes symboles de mort, et quelques zombies sont exhibés devant les portes de la Préfecture. Un cercueil, grandeur nature, est également là, posé sur un « diable » (décidément on est proche d’Hallowen). Ça fait plus d’une heure et demie que la manifestation a démarré. On commence à trouver le temps long. Un intermittent du spectacle obtient le micro officiel de la manif et appelle à rejoindre samedi 28 novembre, place Pasteur à 14h, le rassemblement appelé par « Agir ensemble contre le chômage ! (AC Besançon) contre la nouvelle loi chômage qui privera de droits des milliers de demandeurs d’emploi.

Il fait trop froid, je décide de partir sans attendre la sortie de la délégation reçue par le Préfet. Je lirai la presse, mais je pense qu’elle n’aura entendu que quelques paroles ambiguës sur la compréhension de l’Etat, les efforts faits, et la sortie du tunnel. Bref, probablement rien de bien concret.

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