Pourquoi je voterai Yannick Jadot le 10 avril


Dans mon précédent courrier, j’exprimais encore l’espoir et la volonté de tout faire pour permettre l’union des forces de gauche et des écologistes afin essayer d’engager un rapport de force et une dynamique nécessaire pour une victoire possible à la présidentielle et aux législatives.  Je soutenais dans ce sens la démarche de la primaire populaire pour permettre l’implication des citoyennes et des citoyens engagés au delà des appareils des partis. Mais nous devons hélas constater que cette perspective a échoué et que la « catastrophe annoncée » est devant nous.

La gauche partisane, divisée, émiettée et affaiblie risque de ne pas être présente au second tour de la présidentielle et sera encore moins capable d’offrir une alternative à l’autoritarisme libéral d’Emmanuel Macron. Alors que, dans le même temps, se développe une extrême droite xénophobe et populiste. 

Alors, comment se positionner â  quelques jours du premier tour ? Je trouve cette question vraiment difficile. Je ne prétends ni avoir raison, ni dire quoi faire. Je veux néanmoins dire quel est mon choix et ce qui le détermine aujourd’hui. Je ne considère pas que le vote, encore moins le vote pour une personne - comme c’est le cas pour la présidentielle - constitue l’alpha et l’oméga de la démocratie. Nous avons au moins autant besoin d’une presse et d’une justice qui soient libres et indépendantes, d’un système éducatif de qualité et d’une société en mouvement. Néanmoins l’élection présidentielle est l’une des composantes de notre système aujourd’hui. Je vais donc choisir.

J’entends les arguments de ceux qui pensent que le vote pour Jean-Luc Mélenchon permettrait d’écarter le danger de l’extrême droite et permettrait enfin une confrontation avec Macron. Dans les années récentes j’ai été reconnaissante de son engagement et du travail parlementaire de nombre de députés LFI. Je conviens également que la campagne de l’Union populaire a été la plus dynamique à gauche. Enfin, j’ai beaucoup d’amis parmi ses soutiens, beaucoup de personnes que je respecte profondément, dont je me sens proche et avec lesquelles j'ai partagé de nombreux combats. Par ailleurs j’ai exprimé clairement mon désaccord avec Yannick Jadot lorsqu’il a participé à une manifestation policière devant l’Assemblée nationale. Tout cela m’a fait hésiter. 

Néanmoins aujourd’hui, même si Jean-Luc Mélenchon parvenait au second tour, il serait vraisemblablement battu. Et surtout, j'ai de profonds désaccords avec lui notamment en matière de politique internationale, particulièrement en ce moment. Si on veut préserver l'indépendance de la France et si on croit aux valeurs des Lumières et de la République je crois qu’on ne peut être à la fois eurosceptique, antiaméricain et conciliant à l'égard des dictateurs russes et chinois. Comment prétendre sortir de l’OTAN si on ne veut pas construire une défense européenne ? Nous n’allons tout de même pas surarmer la France…

Par ailleurs, quelle que soit la force de ses engagements envers la VI République, je ne suis pas certaine qu’il puisse à lui seul incarner et conduire la transition vers une République déprésidentialisée. Cette dynamique démocratique ne peut être décrétée de façon verticale et suppose de renoncer à tout sectarisme qui divise au lieu de rassembler. De fait, la nature du mouvement que dirige Jean-Luc Melenchon et sa pratique politique  personnelle vis à vis notamment des contre-pouvoir médiatiques ou judiciaires n’offre pas de garanties suffisantes sur ce terrain là.

C’est pour moi clairement autour d’un projet écologique, social et surtout démocratique, construit avec les mouvements et associations citoyennes que les partis pourront se renouveler afin de porter une perspective crédible et désirable. C’est pourquoi j’ai choisi dans cette campagne de soutenir la candidature de Yannick Jadot, même si les sondages lui attribue un score moindre.

Outre son programme écologique et social clair et fort, j’apprécie dans ce candidat le fait qu’il n’ait pas été qu’un politique professionnel. Il a été un militant d’abord engagé au sein de l’ONG Greenpeace. C’est aussi quelqu’un qui possède une vision profondément internationaliste et européenne des enjeux de notre époque. C’est pour moi important au moment où le nationalisme et le souverainisme gagnent les esprits. Ainsi Yannick Jadot est l’un des rares candidats à défendre courageusement une position claire face à l’agression de Poutine sur l’Ukraine. Être de gauche, démocrate et républicain c’est pour moi d’abord défendre le droits des peuples à choisir librement leur destin et les soutenir effectivement dans la défense de leur liberté.

Yannick Jadot a aussi toujours eu une attitude très claire sur l’accueil des migrants et des exilés dans notre pays, d’où qu’ils viennent. Il est accompagné et soutenu dans sa campagne par deux hommes particulièrement engagés en ce sens, Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe et François Gemenne, chercheur spécialiste de géopolitique climatique et migratoire. C’est un marqueur important dans mon choix car je ne crois pas aux nations mais à l’humanité. C’est par hasard que nous naissons dans un pays plutôt qu’un autre. Je crois que chacun a le droit de choisir une autre vie que celle que le hasard lui a donnée, que chacun a le droit de se déplacer, de défendre sa vie et sa dignité. Et ce d’autant plus que ces hommes et ces femmes ont été les victimes de notre système capitaliste qui a affamé des milliards d’individus et détruit leurs lieux de vies. La terre est à tous et toutes. Ses ressources sont limitées, nous devons les partager justement et de façon civilisée.

C’est pourquoi je pense que la possibilité d’une reconstruction de la gauche après la présidentielle et pour les législatives passera par l’écologie et déprendra largement du score de Yannick Jadot.

Commentaires

  • Comment « défendre le droits des peuples à choisir librement leur destin et les soutenir dans lac défense de leur liberté » quand on « ne croit pas à la nation » ?
    Quant à la reconstruction de la gauche après la présidentielle, il vaudrait peut être mieux qu’elle dépende (non seulement d’un travail sérieux sur nombre de questions dont vous parlez, y compris la précédente) d’un second tour sans l’extrême droite, second tour à ne pas « jouer » avant le premier.


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