En octobre 2016, Jacques Toubon, le défenseur des droits, se déplaçait en Guyane et le compte rendu de sa visite était publié en janvier 2017 (lire ici). Ce rapport soulignait l’inégalité dans l’accès aux droits et aux services publics. Depuis, des mobilisations se sont déroulées en Guyane à l’initiative de divers collectifs. Elles ont pour point commun un ras-le-bol général et le souhait de voir enfin la Guyane pouvoir vivre de ses richesses. Le mouvement s'est généralisé depuis le 23 mars, bloquant les voies de communication, et entraînant la paralysie des activités économiques, des écoles, services et administrations. Les syndicats membres de l’Union des Travailleurs de Guyane (UTG), la principale organisation syndicale du pays ont appelé à divers mouvements de grève (voir là).
Au-delà de ses contradictions, voire de ses ambivalences, ce mouvement de masse remet en cause la manière dont la France et l’Europe utilisent la Guyane pour les besoins du Centre Spatial Guyanais de Kourou, tout en concentrant tous les moyens publics pour ce site, et en laissant le reste du pays en souffrance.
Collectifs et syndicats réclament notamment : des moyens publics pour que le Centre Médical de Kourou (CMK) reste public (face à une annonce de privatisation) et ait les moyens de fonctionner ; des constructions de collèges et de lycées ; une amélioration des routes et des transports ; de meilleures conditions de travail dans le secteur de l’énergie électrique ; d’autres conditions pour la pêche et l’agriculture ; une autre répartition des marchés de construction du pas de tir de la future fusée Ariane 6 ; d’autres règles d’exploitation forestière ; la lutte contre l’insécurité, la violence et la criminalité…
La mobilisation a reçu le soutien de l’ensemble des élu-e-s locaux qui réclamaient la venue de ministres français-es en Guyane, afin que des accords puissent être signés immédiatement. Les promesses non tenues de François Hollande à la Guyane, comme le « Pacte d'avenir », lui ont été rappelées et les élu-e-s espèrent obtenir, avant la fin du quinquennat, des décisions qui engagent l’État français.
Dans un premier temps le gouvernement n'a envoyé en Guyane qu'une mission interministérielle sans ministres. Cette décision a été reçue comme une marque de mépris par de nombreux/ses acteurs et actrices de la mobilisation qui a continué et a contraint le gouvernement à envoyer une délégation interministérielle et deux ministres dont E. Bareigts, ministre des Outre-Mer, qui au départ ne voulait pas se déplacer.
Une manifestation de plusieurs milliers de personnes a eu lieu le 4 avril à Kourou pour les revendications portées par le collectif « Pou la Gwiyann dékolé ».
Ce mouvement met en lumière la situation coloniale de la Guyane et des autres possessions françaises d'Outre-mer. Le gouvernement doit satisfaire la demande des Guyanais que leur pays soit doté d’un nouveau statut.
Il est nécessaire que s’exprime notre solidarité aux Guyanaises et Guyanais en lutte, que soit connu notre soutien à leur mobilisation pour arriver à des solutions sociales, écologiques, démocratiques et solidaires, pour leur droit de vivre de leurs richesses, aujourd'hui accaparées par quelques-uns.
Il est nécessaire d'engager une concertation de l’ensemble de la population vivant en Guyane, avec ou sans papiers, et de s'opposer aux tentations de recherche de bouc-émissaires parmi les plus pauvres et fragiles des habitant-e-s de Guyane, souvent venu-e-s dans des conditions difficiles des pays voisins.
L’implication et le soutien de toutes les forces sociales, écologiques, démocratiques et solidaires est essentielle pour que la mobilisation permette une réelle émancipation de la Guyane, des Guyanaises et des Guyanais, dans le respect des populations, y compris étrangères et sans-papiers, ainsi que de la nature et de l’environnement.
Sous prétexte de rester « raisonnable », le premier ministre Bernard Cazeneuve ne veut pas aller au-delà du milliard d'euros proposé et validé récemment en conseil des ministres. Il refuse de prendre en compte les 400 revendications portées par le collectif « Pou la Gwiyann dékolé » qui exige 2,5 milliards. Quel cynisme de la part d’un gouvernement qui chaque année fait cadeau de plus de 20 milliards d’euros aux entreprises au titre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
Les demandes formulés par le peuple guyanais et ses représentants sont totalement justifiées quand on sait que le chômage touche 22% de la population et 54% pour les 15-24 ans, quand on connait le sous-équipement en matière scolaire et de santé, la dureté de la vie quotidienne.
La Guyane c'est tout pour la base spatiale et en même temps 15% de la population qui n'a pas accès à l'eau potable.
Cette disparité est insupportable et il faut y mettre fin.
Les Guyanais et les Guyanaises doivent savoir qu’en métropole de nombreux/ses citoyenNEs les soutiennent.
Affirmons avec elles/eux « La Gwiyann lévé ! La Guyane debout ! »