Panem et circences, du pain et des jeux…

Retour à la Rome Antique ? Je me demande dans quelle mesure le Président Macron, (et d’autres avant lui), n’a pas fait sienne cette façon de nous considérer. À la question Que veut le peuple ? il me parait répondre, lui aussi Panem et Circenses.

Du pain et des jeux… de cirque. Jeux adaptés à notre siècle.

Le pain ? Il se raréfie pour des milliers de personnes contraintes de faire appel aux Restos du Cœur. Il se raréfie pour des milliers de ménages en dessous du seuil de pauvreté, pour les personnes sans domicile fixe dont le nombre se multiplie, pour les hommes, les femmes et les enfants contraints de fuir leurs pays et, phénomène alarmant, il se raréfie aussi… pour les parlementaires, puisque qu’une députée de La République en Marche déplore que son train de vie dégringole, qu’elle ne puisse plus aller au restaurant aussi souvent qu’avant, et qu’elle soit contrainte à manger des pâtes. (5000 euros mensuels de revenus reconnus)  Mince ! J’en ai les larmes aux yeux.

Ce genre de connerie – la dernière anecdote énoncée, j’aime mieux le préciser, le reste est tristement vrai – montre à quel point les politiques sont loin de la « vraie vie », et on en entend un paquet, de conneries ! De tous les bords ! Je retiens celle de madame Obono, de la France Insoumise, qui ne voit pas où est le problème quand un chauffeur de bus musulman ne veut pas prendre le volant après qu’une femme l’ait touché… et d’elle, je ne retiens que celle-là, de connerie ! Elle en a dit d’autres !

Un député de La République en Marche parait convaincu qu’on peut vivre dans la rue par… choix. Ben voyons !

Quant à madame Esther Benbassa (EELV), elle trouve que le voile n’est pas plus aliénant que la mini-jupe ! Et je ne parle pas des énormités dites par monsieur Wauquiez, madame Le Pen… Faire un certain choix, sélectif certes, dans le florilège de tout ce qui est dit sur des questions qui touchent à la vie des gens, à leur dignité, à leur qualité de vie, à leur sécurité, à leurs droits primordiaux… ferait sans doute froid dans le dos. Je l’ai fait pour moi-même… et j’ai grelotté. Et je signe et contresigne ce que j’ai écrit dans un autre billet : La CGT, elle aussi, aurait mieux fait de tourner sept fois et plus, son pinceau dans son seau de peinture rouge avant d’écrire que les CRS sont des SS.

Et nos ainés qui se sont battus pour le droit du travail, le droit à la santé, au logement… doivent se sentir bien mal.

J’abandonne ma petite digression sur les conneries que disent les uns, les unes et les autres (moi aussi sans doute parfois mais j’essaie de me réformer) et qui montrent que la boussole laïque et républicaine en a pris un sacré coup sur le crâne.

Du pain, et des jeux ! Panem et circenses !

Ce que j’entends autour de moi, le vécu de mes semblables, montre que le niveau de vie ne s’améliore pas, que les inégalités sociales se creusent de plus en plus. Ce qui veut dire que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres, de plus en plus pauvres.

Cliché ?

Parlez-en autour de vous.

J’ai voté (sans conviction) pour Emmanuel Macron, afin que Marine Le Pen n’arrive pas au pouvoir. Je m’en suis expliquée dans un billet de Blog.

Le pain se raréfie, restent les jeux. Un bel exemple du système Macron.

Emmanuel Macron nous en a offert un superbe, de jeu, avec l’enterrement en grandes pompes de Johnny Halliday. Là, il a fait fort ! Et j’aimerais savoir ce que cet enterrement a coûté à la contribuable que je suis, pour enterrer un homme qui a organisé son évasion fiscale. Je suis fière de payer des impôts quand ils servent à garantir un enseignement de qualité à tous les enfants. Quand ils servent à maintenir un bon système de santé pour tous. Quand ils servent à favoriser des services publics de qualité pour tous. Quand ils servent à garantir un système de solidarité pour tout ceux qui… choisissent (là, je m’étrangle) de vivre dans la rue…

Mais payer un enterrement national à un homme qui ne paie pas ses impôts en France, bien que la France (les Français qui achètent ses disques…) soit sa source de revenus, je trouve ça fort de café !

Ainsi que tout ce qui a entouré cet “événement national”. Le discours du Président sur les marches de la cathédrale pour bien montrer que la Laïcité, il sait ce que ça veut dire et il la défend ! Sans parler des commentaires sur la tenue de madame ! Sur ce grand moment de communion nationale ! Sur l’hommage essentiel à rendre à ce barde représentatif de je ne sais trop quoi ! Trop, c’est trop ! C'est ce que j'appelle em...papaouter le citoyen, la citoyenne aussi.

Et ce n’est pas tout ! Dans ce grand élan de ferveur nationale, des commentateurs qui eux aussi ont perdu la boussole n’ont pas hésité à faire un parallèle avec l’enterrement de… Victor Hugo !

Danièle, me suis-je dit, peut-être que quelque chose t’a échappé. Que tout ce tintamarre était justifié au regard de l’œuvre, à défaut des engagements politiques (Je parle des engagements de Victor Hugo, bien entendu !)

J’ai donc replongé dans quelques chansons de Johnny (que j’aime bien, mais pas jusqu’à acheter ses disques) et j’ai replongé dans quelques poèmes de Victor (que j’aime bien et dont j’ai une partie de l’œuvre dans mes bibliothèques).

Bon. Là, c’est Johnny.

Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Quelque chose qui ne va pas
Elle ne te revient pas ?
Oh je sais que tu n’as rien dit
C’est ton œil que je prends au mot
Souvent un seul regard suffit
Pour vous planter mieux qu’un couteau.

 

Là, c’est Victor dans le début du poème : Fonction du poète

Pourquoi t’exiler, ô poète,
Dans la foule où nous te voyons ?
Que sont pour ton âme inquiète
Les partis, chaos sans rayons ?
Dans leur atmosphère souillée
Meurt ta poésie effeuillée ;
Leur souffle égare ton encens.
Ton cœur, dans les luttes serviles,
Est comme ces gazons des villes
Rongés par les pieds des passants.

[…]

En voici la fin :

Il rayonne ! Il jette sa flamme
Sur l’éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l’âme
D’une merveilleuse clarté !
Il inonde de sa lumière
Ville et déserts, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
À tous d’en haut il la dévoile ;
Car la poésie est l’étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs.

 

On connait la suite et pas encore la fin de ce beau moment de communion nationale. Alors, puisque je m’amuse un peu, je retourne vers Victor. Aux derniers vers de ce magnifique poème, La conscience.

[…]

Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et que l’on eut sur son front refermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Macron.

PS : erreur de frappe. Il faut lire :

L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

 

 

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