N’oublions ni les tiques ni les pyrales du buis !

pyrale

Ce matin j'ai été attaqué par un tique. Eh oui, un 14 mars dans le Jura. Passée une seconde de stupeur, je lui ai réglé son sort immédiatement. Sujet aux morsures de ces petits acariens qui doivent se régaler de mon sang, je suis équipé. Mon kit de randonnée, bien en vue à la salle de bains, comporte deux pinces à tiques. Donc, j'attrape la bête, donne un quart de tour à la pince, extirpe sèchement l'animal de mon mollet, l'écrase et le brûle.

Puis je désinfecte la petite plaie à l'huile essentielle de Tea Tree, le précieux arbre à thé.

Mais où ce tique m'a-t-il sauté dessus ? Hier ou ce matin ? Plus probablement ce matin quand je suis allé examiner la haie de buis pour évaluer à quel stade en sont les chenilles de pyrale du buis que j'ai repérées aux premières chaleurs du début du mois. J'en avais retiré quelques unes, minuscules, puis arrosé les pieds de buis d'une préparation homéopathique à base de psorinum : cinq granules diluées dans un litre d'eau non traitée, lui-même ajouté à cinq litres.

Ce matin, j'en ai repéré un peu plus, plus grasses. Je suis aussi allé au jardin chercher de l'eau de pluie récupérée du toit pour faire un autre arrosage de psorinum. Là aussi j'ai pu croiser le chemin du tique, cette sale bestiole qui peut être vectrice de maladies graves et qu'on a de grandes probabilités de rencontrer dès que la température atteint 18°C. J'ai parfois l'impression que ça peut être moins... L'été dernier, j'en ai vus jusqu'à 1000 mètres d'altitude dans le massif jurassien. Ils pullulaient littéralement dans les gorges du Doubs-frontière entre Goumois et Morteau...

Quant à la pyrale du buis, j'ai réussi ces dernières années à préserver notre haie d'une dizaine de mètres. Elle est précieuse cette petite haie : elle protège du vent du nord et abrite des oiseaux. La première année, elle a cependant failli y passer sous la voracité des jolies chenilles vertes de ce beau papillon blanc. On n'avait rien vu - parce qu'on ne regardait pas - et soudain les arbres n'avaient quasiment plus de feuilles. Alors on a passé des heures à écheniller, attraper les bêtes une à une, les mettre dans un sac en papier avec des résidus de feuilles, puis brûler le tout avec une joie exterminatrice dont je ne me croyais pas capable. Un bel autodafé !

Parallèlement, j'ai fait des recherches, parlé avec mon voisin forestier et mon voisin vigneron. J'ai arpenté l'internet, trouvé des pistes, lu des enquêtes, des reportages, des études. A l'occasion je consulte le bulletin de santé du végétal de la DRAAF (le dernier est du 9 mars, voir ici). J'ai passé des coups de téléphone, constaté que des buxaies, les forêts de buis, avaient brûlé dans le Bugey et en Petite montagne, entendu dire que des pentes pouvaient être déstabilisées et subir des glissements de terrain... J'ai réalisé qu'une balade dans une forêt infestée était un enfer.

Pour notre haie, j'ai vite écarté la solution des pesticides chimiques de synthèse en raison de leur danger pour la santé et l'environnement, mais aussi de leur inefficacité sur la durée.

J'ai aussi rapidement compris que l'aspersion du feuillage par une solution au bacille de Thuringe (BT), compatible avec l'agriculture biologique, avait ses limites. Ce remède détruit le système digestif de la pyrale qui meurt de faim, mais aussi celui des autres insectes qui passeraient par là. Donc, pas question de traiter les fleurs des autres plantes de la haie. Et ces jours-ci, pas question de traiter les buis qui sont en fleurs et visités par les abeilles.

Les années précédentes, j'ai donc utilisé le fameux BT, avec d'infinies précautions, trois à quatre fois par an. C'est assez efficace si on l'asperge sur feuillage sec à peu près au moment où une nouvelle génération de chenilles éclot, soit deux ou trois fois par an... 

Un jour, il y a deux ou trois ans, mon voisin vigneron me parle du psorinum. Sceptique devant l'apparente disproportion du moyen et de l'enjeu, j'essaie quand même. Un tube de granule coûte dans les 2 euros et la préparation est moins longue que celle du bacille de Thuringe tout en ne demandant pas de protection particulière : pas besoin de masque respiratoire ou de se protéger la peau.

J'ai été bluffé. Le psorinum est présenté comme renforçant les défenses naturelles du buis contre la chenille. Depuis que j'en mets, la densité de chenilles a chuté vertigineusement. Elles n'ont pas disparu, mais ne ravagent plus le feuillage. Il est vraisemblable aussi, comme dit mon ami forestier Sylvestre, que la nature trouve une forme d'équilibre après avoir été confronté à un déséquilibre : elle prend son temps, mais finit par y arriver.

J'ai pensé à lui quand j'ai vu, au printemps 2019, des mésanges dévorer des pyrales avec un acharnement faisant plaisir à voir. Et là, je me suis dit qu'avoir éclairci la haie pour leur faciliter le passage et la pénétration y était sans doute pour quelque chose. Tout comme le fait que le champ qui la jouxte soit désormais en agriculture biologique, ou que la commune ait abandonné il y a quelques années le désherbage chimique au profit du désherbage mécanique. Voire que l'éclairage public soit éteint une grande partie de la nuit, et donc n'attire plus les papillons nocturnes, ce que sont les pyrales, qui, quand on emprunte des routes traversant des buxaies, donnent l'impression qu'on roule sous la neige en été...

 

Commentaires

  •     merci pour cet article

        merci pour cet article agréable et utile  ,il me servira éventuellement , les  pyrales du buis dans le jardin sont inexistantes depuis longtemps sans traitement ni prévention, les mésanges nombreuses ,pas de haies  de buis, quelques spécimens  perdus parmi d’autres essences ,mon frère a subi ce désastre ,il avait  lui aussi voulu  des haies ,a dépensé en son temps une fortune pour éradiquer le mal ,utiliser des produits chimiques le culpabilisait…., aujourd’hui ses buis ont repris de la vigueur, peut-être est-ce  la diversité plutôt   que la concentration qui fait la différence ..


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