Ne les laissons pas gagner !

Attentats du 13 novembre : communiqué du Cercle Condorcet de Besançon

Les attentats de vendredi soir nous ont brutalement plongés dans l’horreur. Ils ont été commis dans des lieux, à proximité de la place de la République, dont la charge symbolique est forte. Dans un quartier aussi où se manifeste particulièrement le goût français pour les simples plaisirs de la table et de la conversation. Ce n'est probablement pas un hasard si ce sont des terrasses de café ou de restaurant qui ont été visées, suivies par un massacre dans une salle de concert. Pas un hasard non plus, si la jeunesse a été prise principalement pour cible lors d'activités de loisirs conviviaux, culturels ou sportifs. Et les réactions très vives à l'étranger donnent à penser que ces aspects de l'agression ont été très largement perçus.

Nous partageons pleinement la peine des victimes et de leurs proches, et nous les assurons de notre soutien fraternel.

La violence de ces attaques terroristes ne peut évidemment être justifiée par aucune raison politique ou religieuse, quelle qu’elle soit. Plus que jamais, nous devons rester fermes sur les valeurs qui sont celles de la République : liberté, égalité, fraternité. Les trois termes sont également essentiels. C’est dans sa capacité à les faire vivre dans l’épreuve que se mesure la rigueur humaniste d’une société. Rappelons-nous sur ce point les mots du premier ministre norvégien (après le massacre d’Utoya) : «J’ai un message pour celui qui nous a attaqués et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur. Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance.»

Dans cet esprit-là, après les terribles assassinats du 13 novembre dernier, nous mettons en garde contre toute exploitation d’une émotion que nous partageons. Nous serons attentifs à tout ce qui viserait à désigner une partie de la population comme bouc émissaire, ou qui chercherait, au-delà des mesures de sécurité nécessaires, à restreindre durablement les libertés fondamentales. Nul ne peut saisir ce prétexte pour dévoyer la laïcité, principe républicain de la liberté de conscience, qui assure à chacun la possibilité de pratiquer en toute liberté le culte de son choix ou de n'en pratiquer aucun. Nous refusons la suspicion envers nos compatriotes de confession musulmane, qui ne sauraient être confondus avec les auteurs de ces actes dévoyés. Ce serait le prélude à des fractures qui sont celles-là même que les terroristes cherchent à provoquer. Ils ont tué. Ne les laissons pas gagner. Portons haut les plaisirs de la vie. Joyeusement.

Commentaires

  • Commentaire envoyé par Soumya

    Commentaire envoyé par Soumya Ammar Khodja sur la messagerie du Cercle Condorcet et qui nous a autorisés à le publier ici.

    Bonjour à vous,
    Merci pour ce texte où l'essentiel est dit, pour sa force de clairvoyance et de lucidité, pour sa volonté d'unité. C'est nécessaire.
    Si jamais vous organisiez une rencontre, un débat autour de ces questions, je souhaiterais y contribuer. Porteuse d'une expérience, j'aurais des choses à dire, sans me poser en spécialiste… peut-être en tant qu'auteur dont l'écriture porte trace d'une certaine réalité, celle-là même qui fracture la paix, la douceur de vivre…
     
    In memoriam, voici mes mots pour celles et ceux de Paris, rejoignant dans ma mémoire celles et ceux d'Alger et de tant d'autres pays, trop nombreux, hélas :
     
     …Depuis que vos rires n'irisent plus
    Le bord des vagues ni ne chantent
    Sur le haut des montagnes

    Depuis que vos souffles ne se mêlent plus
    Aux blés parcourus de vifs coquelicots
    Et que vos voix n'ensoleillent plus le paysage

    Depuis que les miroirs
    Ne réfléchissent plus vos visages
    Et que la terre ne porte plus vos pas

    De votre absence
    Elle a fait sa demeure
    De votre manque
    Elle tisse sa mémoire
    Et le vent qui gémit 

    Ne lui parle que de vous…

    Soumya A K

     


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