MBF Aluminium : la fin est-elle orchestré pour un fleuron de l’industrie ?

La Société MBF Aluminium (MBF), sous-traitante automobile appartenant au groupe CMV située à Saint-Claude dans le Jura (39), rencontre des difficultés économiques.

Cette entreprise est aujourd'hui reconnue comme l'un des spécialistes européens de l'injection sous-pression de pièces en aluminium pour le secteur automobile. Elle emploie notamment 260 salariés en CDI, 35 en CDD et 12 intérimaires.

Pour rappel, à l’issue d’une période de 5 années d’atrocités dans le giron du groupe Arche (réduction des effectifs, délocalisation, aucun investissement, cannibalisation des machines, etc) les salariés s’étaient mis en grève durant 35 jours en juin 2011 pour revendiquer la sortie de MBF du groupe.

A l’issue d’une période de redressement judiciaire d’un an, l’entreprise a été repris en 2012 par le groupe CMV suite à décision du tribunal de commerce de Lons-le-Saunier (39).

Après la reprise, les Femmes et les Hommes constituant la société ont démontré aux constructeurs Renault et PSA leurs savoir-faire et compétences, qui ont permis à l’entreprise de regagner sa place parmi l’élite des sous-traitants de la fonderie sous pression française.

Très rapidement MBF a été sollicité par les constructeurs pour des nouveaux marchés et le développement de pièces stratégiques pour des motorisations plus propres (essence et hybride).

Contenu de ces nouvelles perspectives de production et des engagements des constructeurs (Renault et PSA) sur les volumes de fabrication, la société a dû rapidement investir dans les infrastructures et dans de nouveaux moyens de production, mais également dans le maintien de son outil productif existant.

Ces investissements réalisés ces dernières années ont créé une dette importante pour la société. Cette dette met l’entreprise en grosse difficulté aujourd’hui.

Pourquoi la société ne peut plus faire face ?

Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette difficulté :
• Le non-respect des volumes d’engagements que les donneurs d’ordre Renault et PSA avaient contractés avec MBF et qui ont nécessité l’investissement pour pouvoir les produire.
• Les modalités de financement optées pour l’investissement car l’entreprise n’a pas pu recourir à des prêts bancaires, ou aux dispositifs d’aide de la BPI comme les Projets industriels d’avenir (PIAVE), ou les aides à la réindustrialisation (ARI) et/ou dernièrement le prêt garanti par l’état (PGE). Ceux-ci ayant toujours été refusés, l’entreprise à du contracter des financements qui lui ont couté cher.
• La gestion de l’entreprise et les choix financiers ainsi que les coûts structurels (redevance, dividende etc.) sont également un facteur important.

Quel avenir pour la fonderie de Saint Claude ?

En début d’année, la plateforme automobile (PFA) a engagé, sur financement de la Direction générale des entreprises (DGE) dans le cadre du plan automobile, une étude stratégique sur le secteur de la fonderie automobile. L’étude dresse un état des lieux chiffré de l’ensemble de la filière fonderie automobile en France. Dans celui-ci figure des recommandations ayant pour objectif le maintien pérenne d’un maximum d’activité et d’emplois sur le territoire national.

Cette étude a été confiée au cabinet d’origine allemande Roland Berger et des entretiens ont été réalisés avec les différentes parties prenantes fondeurs, constructeurs, équipementiers, salariés, etc.

Le rapport a été rendu en juin 2020 à tous les acteurs de la filière, mais également aux différents ministères chargés de l’industrie et de l’économie (aux Cabinets d’Agnès Pannier-Runacher et Bruno Lemaire).

La crise sanitaire que nous traversons a mis en évidence la nécessité de rompre avec les choix et stratégies de destruction de l’emploi en France menée jusqu'à présent. Malheureusement les conclusions du rapport continu dans cette logique de désindustrialisation et de suppression d’emploi, avec comme risque, la suppression de 5200 emplois sur les 13500 de toute la filière fonderie en France d’ici 2025.

Pour MBF le rapport pointe la possibilité de sauver l’entreprise mais avec la moitié de ses effectifs. Cela correspondrait à la suppression de 150 emplois, ce qui serait synonyme de fermeture à moyen terme car la fonderie ne serait plus viable économiquement.

Le bassin d’emploi sanclaudien est déjà sinistré, avec une situation économique très compliqué suite à de différentes annonces de fermeture d’usine (Belin) mais aussi de plan sociaux (Dalloz création, Lamy, Curtil, etc) ; en y ajoutant MBF, cela aura des conséquences dramatiques pour le bassin déjà durement frappé par la désindustrialisation.

Pour rappel MBF c’était plus d’un millier d’emploi dans les années 2006 contre 300 aujourd’hui. Cette baisse fut la cause de l’exode de la population durant la dernière décennie avec comme conséquence la réduction d’un grand nombre de service public (fermetures d’école, de classe, des services de l’hôpital, etc…) et de commerces.

Dans le contexte actuel, dans lequel le gouvernement prône la réindustrialisation, la relocalisation d’activité dans son plan de relance, nous ne nous contenterons pas d’un discours de façade mais d’actes concret vis-à-vis des salariés(es) de MBF, qui ne demande qu’à avoir un carnet de commande pour vivre de leur travail sur leur territoire.

L’Etat porte une grande responsabilité, en aidant financièrement les grandes entreprises tel que Renault par exemple, avec des milliards d’argent public donné, et ce sans contrepartie. Cela amène à la situation que vivent les salariés de MBF et fragilise les sous- traitants et l’industrie française.

C’est la raison pour laquelle, la CGT de MBF alerte sur les décisions qui pourraient être pris dans les semaines à venir par l’Etat et les constructeurs. Nous demandons à tous les acteurs locaux, de l’Etat, des pouvoirs publics, des élus, la région Bourgogne Franche-Comté, qu’ils ou elles assument leurs responsabilités et prennent en compte le devenir et la pérennité du site de Saint-Claude avec l’ensemble des salariés de MBF.

La CGT MBF sera très attentive et se prépare dors et déjà à mener la bataille pour l’emploi et la pérennisation de l’activité de l’entreprise.

Laisser un commentaire