Mauvais scénario à Besac City : les drones arrivent

D’abord ils ont été un élément de décor des films de science-fiction, de Blade Runner à Oblivion. Puis on a appris que Barack Obama les avaient utilisés massivement pour liquider les « menaces imminentes pour le peuple américain », au mépris des conventions internationales et avec des « dommages [comprendre victimes] collatéraux ».

Eric Alauzet les avait mis dans son programme municipal, et on doit avouer que ça nous avait un peu fait rire, tellement on trouvait ça disproportionné : « des drones à Besançon, sérieusement, on n’est pas à Gotham City ! »

Et puis la réalité a rattrapé la fiction à une vitesse folle, encore accélérée par la crise du coronavirus. Cette crise aura permis au gouvernement Macron d’avancer ses pions vers une société toujours plus autoritaire, surveillée, anti-sociale. Un exemple appliqué de La Stratégie du Choc, théorisée en 2007 par Naomi Klein, où elle démontre comment le capitalisme profite de la désorganisation des sociétés lors de désastres pour appliquer de manière accélérée des réformes ultra-libérales ou autoritaires.

Car d’où sortent ces drones qu’on voit débarquer un peu partout en France et à Besançon à l’occasion de la crise liée au coronavirus ? Quand ont-ils été commandés alors que les masques ne l’étaient pas ? A quel moment a eu lieu le débat public et la délibération citoyenne sur leur usage, alors que les fondements juridiques les autorisant sont plus que flous ? Car tout de même des machines volantes qui peuvent surveiller tout un chacun·e partout, ce n’est pas rien !

Les policiers interviewés dans l’Est Républicain (article du 10 mai) expliquent qu’il s’agit d’un outil pédagogique : on se demande quel type de désaxé apprécierait le drone comme méthode d’enseignement. On nous explique aussi qu’il permettra de faire respecter le confinement… et ce, la veille du déconfinement.

Enfin ces machines volantes permettraient de surveiller les quartiers pour connaître les points de deal. Cet argument peut paraître au premier abord pertinent. Mais... nul besoin de drones pour connaître les points de deal qui sont connus de tous et donc de la police, sauf à la considérer comme vraiment incompétente. Ces drones permettront donc au mieux de faire du flagrant délit, ce qui était déjà possible sans ce moyen technologique démesuré.

Bien sûr, on nous expliquera que jamais, promis-juré-craché, ça ne sera utilisé pour surveiller des mouvements sociaux, que les honnêtes gens n’ont rien à craindre. François Hollande, comme bien d’autres avant lui, avait fait ce même type de promesse quand il avait mis en place l’état d’urgence : ce serait temporaire et ça ne servirait pas à brimer les mouvements sociaux. Ça lui a permis d’interdire les manifestations pour le climat de 2015 et les mesures de l’état d’urgence sont depuis passées dans le droit commun.

On prête cette maxime à Benjamin Franklin « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux ». Elle n’a jamais été autant d’actualité.

Pour conclure, si besoin était, Besançon Verte et Solidaire s’oppose à l’utilisation de drones à Besançon et ailleurs.

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