Louis Arti : On n’est pas né pour perdre…

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On n'est pas né pour perdre
Nos rivières nos forêts
On n'est pas né pour perdre
Nos truelles nos métiers
On n'est pas né pour perdre
Nos malades nos soignants
On n'est pas né pour perdre
Nos amis nos enfants
Sous un petit coin de ciel bleu
Faudra bientôt se rassembler
Sous un petit coin de ciel bleu
Faudra bientôt se ressembler
(...)

Ajoutez une guitare jazz, mettez une mélodie... et imaginez la voix de Louis Arti. Sensualité, chaleur, diction, profondeur... Cette chanson « à nos aînés défenseurs de nos droits » est bien plus qu'un slogan - on n'est pas né pour perdre -, c'est un hymne à la vie et à la civilisation, au partage qui rime avec potage, à moins que ce ne soit l'inverse (écouter ici sur Youtube).

Louis Arti m'a envoyé son disque à qui cet hymne a donné son titre. Je l'ai écouté une bonne vingtaine de fois avant d'en dire quelques mots. Il le fallait pour réaliser qu'à chaque nouvelle écoute, on fait une trouvaille sonore. Un musicien l'aurait peut-être entendu très vite, mais je ne suis pas musicien... Ce que j'ai trouvé est très simple : Louis Arti travaille sa voix comme un instrument. Il en joue, en jubile, en emplit l'espace.

Poète, il invente des pistes et des images, des univers qu'il magnifie par la voix. Naturaliste, humain plus qu'humaniste, humoriste.

(...)
Et toi la colombe
Ton vol doux griffait les épis
Ô la sueur collée à l'œil vif
Qui vit de ce vol factice
Tout se défait tout recommence
Tu n'es plus que pierre à l'azur
(...)

Il est léger et virevolte du cri à la gravité, du présent à l'histoire.

(...)
Où sont passés ces instants clairs
Où l'on partageait même la pluie
Dans les quartiers les vieiles colères
Où est la grande philosophie
Quand reviendra la liberté
Qur quel bateau dans quelle rade
Sur quelle planète dans quel quartier
Sera la rue des camarades
(...)

Il se rit du réel pour rejoindre le vrai des sentiments, l'espièglerie du vocabulaire.
Un jour le soleil reviendra
Et ce jour-là comme il pleuvra
Par mauvais temps on cherche abri
Pour être au sec il faut payer
Comme dans les bandes dessinées
(...)

Louis Arti chante la joie et l'amour, le don et la solidarité. Il sait dire l'émotion et la susciter. Il est attention et précision. C'est un orfèvre des mots et de la musique. Il écrit pour des tas d'amis, à « celles et ceux rencontrés sur les routes de l'enfance », à « celles et ceux qui livrent résistance face à la haine violente des sociétés dominantes », aux « réfugiés de tous temps, à celles et ceux qui les ont toujours accueillis ».

Il dédie ses vers à Brassens, Barbara, Petrucciani... Aux créateurs.

Il rigole de toutes les langues de liège qui nous mènent en babouche. Il moque ces faux culs de la blague ces culs secs qui s'abouchent
Aux médias des mensonges qu'on prend pour des bons crus
(...)
Voici Monsieur bain d'bouche de gourou de l'info
Il f'rait couler la mer même dans des bouches d'égouts

Il s'inquiète :
Où sont les poètes
Qu'on fasse la fête
avec la pensée
Où sont les poètes
Qu'on fête la défaite
De l'insanité

Méditerranéen, Lorrain, Ardéchois... Chanteur donc voyageur, il s'extasie d'une étoffe : C'est un cyclone de mains tendues qui crie
(...)
Comme une danseuse l'étoffe elle se tortille
Dans sa flamme de briquet sur nos peurs
Elle met au feu la tempête à l'anguille
Et mord où le capitalisme meurt

Comme il le signale sur la pochette, ce disque est le fruit des « trois biodiversités intimes », la sienne et celles des deux musiciens virtuoses que sont Pascal Lovergne (basse) et Michel Gaudiiso (guitare). On jurerait à l'écoute que ces biodiversités sont infinies...

contact : louisarti.creations @ gmail.com

 Voir aussi cet article de Michel Trihoreau sur NosEnchanteurs

Commentaires

  • Bravo pour cet élogieux

    Bravo pour cet élogieux commentaire.Je connais Louis depuis 30 ans environ maintenant et le moins que l’on puisse en dire est qu’il est un poète peu ordinaire, rugueux même. Il m’a fallu aussi une dizaine d’écoutes pour apprécier cet album , le ressentir. Au vu des dates de créations on se rend compte qu’il lui a fallu une 15 zaine d’années pour en venir à bout, mais l’ouvrage est de qualité. Louis Arti n’est pas un artiste facile, il se mérite.


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