Longchaumois, la transition (citoyenne) en marche

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Etait-ce mieux avant ? Ils sont peu à brandir le carton bleu du « oui ». Bien davantage à se partager entre le rouge du « non » et le vert du « je ne sais pas ». Les techniques d'animation permettent souvent de détendre les participants d'une table ronde, de générer de l'ambiance. C'était le cas dimanche 26 octobre à la treizième foire de l'association Humeur bio à Longchaumois, dans le Haut-Jura, où l'on a disserté de « la transition » citoyenne et de cas concrets.

J'y étais invité aux côtés de militants d'un monde plus coopératif, de praticiens de solutions justes et éthiques aux grandes questions du vivre ensemble, de la façon de faire société. Michel Dubromel de France Nature Environnement, expliquait que l'énergie doit être réappropriée au niveau d'un territoire. Jean-Louis Dufour, maire de Chamole et président de Vents du Grimmont, porteur d'un investissement local dans un parc éolien, souhaite « qu'élus-décideurs et militants ne soient pas imperméables les uns aux autres ». Pour Daniel Hincelin, de la plateforme de finance solidaire, « l'argent n'est pas le monopole des banquiers, l'enjeu étant d'orienter l'époque ». Véronique Guislain, de Terre de Liens, évoque les 34 millions collectés en 7 ans auprès de 10.000 donateurs pour financer 120 fermes.

Certains sont dans le combat, comme Claude Buchot qui lutte contre la disparition des terres agricoles : « 150 hectares sont menacés dans le pays lédonien ». Françoise, du collectif citoyens résistants de Champagnole qui milite contre l'inflation des surfaces commerciales, déplore ne pas pouvoir dialoguer avec la sphère politique. Julien Vandelle, du collectif anti-gaz de schistes, « revenu des politiques publiques », parle de sa « transition individuelle » et cherche à consommer moins. Louison, militante d'ATTAC, parle de la « nécessité des convergences »...

Vos enfants vivront-ils mieux que vous ? L'assemblée est partagée. Le futur vous fait-il envie ? Une majorité de oui ! Peut-on vivre mieux avec moins ? Là encore, le oui l'emporte à plate couture. On le voit, on l'entend, les visiteurs de la foire Humeur bio de Longchaumois, s'ils ne sont pas des hyper consommateurs, ne font pas partie des plus pauvres. La plupart a déjà entamé sa « transition », mais elle un coût qui peut paraître insupportable à beaucoup. Surtout s'il s'agit de transition écologique. D'ailleurs, une voix s'élève contre l' « écologie punitive », notion en vogue chez ceux pour qui la consommation est peut-être une gratification. « Beaucoup de gens n'ont pas envie de se poser la question de la transition », dit Fabienne, des jardins partagés de Saint-Claude.

Il faudrait sans doute changer d'échelle. Comment sinon rénover les 500.000 logements que l'AJENA estime devoir l'être dans la région ? « Par l'exemplarité », répond son représentant. « La révolution en cours est invisible », dit une dame. Claude Buchot souligne la nécessité d'informer, « lance l'idée d'un forum des initiatives » du Jura en 2015. Jean-Gabriel, adjoint à Longchaumois, pense nécessaire de « montrer ce qui est déjà fait ». Catherine Bahl encourage les élus à s'ouvrir à la démocratie participative.

Au delà des savoir faire de beaucoup, le faire savoir des myriades d'initiatives témoignant de la transition en marche, à l'oeuvre, parfois à la peine, est nécessaire. J'ai indiqué que Factuel.info entend jouer un rôle de communication sociale et participer à la transition. Il est lui-même dans la transition qui, avec les technologies numériques, chamboule le rapport vertical journalistes-lecteurs pour peu qu'on configure l'outil en ce sens. Cette transition technique permet une évolution vers une véritable participation, une interactivité nouvelle qui créé du dialogue entre lecteurs, par le biais des blogs, de droit avec l'abonnement. L'abonnement redevient payant dans les premiers jours de novembre.

Sans recettes publicitaires ni subvention, Factuel.info a besoin d'abonnés pour se financer, mais aussi de lecteurs impliqués et participatifs. C'est pour que circulent les initiatives et les débats, sur les projets comme sur les idées, que le journal en ligne que vous avez sous les yeux, propose à ses abonnés d'être les reporters des initiatives, des événements et des débats auxquels ils assistent ou participent : les blogs sont là pour ça. En fonction de leur pertinence ou de leur nouveauté, de leur qualité rédactionnelle, informative, illustrative, les billets pourront être mis en exergue sur la page d'accueil du site.

Les journaux en ligne ne sont évidemment pas l'unique manière de concevoir la transition médiatique. L'un des invités de la foire, le journaliste Sylvain Lapoix, a commencé d'ailleurs en ligne, avec Owni, un intéressant et drôle d'objet en ligne qui a eu quelques déboires il y a deux ans, et reste accessible. Travaillant à la pige, par exemple pour Reporterre.net, il est l'auteur d'une enquête en bande dessinée sur le gaz de schiste qui a scotché ceux qui ont assisté à sa conférence. La bande desssinée de presse a le vent en poupe, comme le cinéma se met aussi au reportage, voire au grand reportage qu'ont peu à peu délaissé les journaux papier...  

 

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