L’intelligence déracinée

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"Les trésors cachés des plantes" et "L'intelligence des arbres" ; deux films qui ont été présentés à Lons-le-Saunier au cinéma des 4C, ce vendredi 27 avril.

Deux films et une centaine de personnes refusées pour manque de place...

Le cinéma de la médiathèque fait rarement salle comble, mais ce soir là, c'était prévisible : partout en France "L'intelligence des arbres" draine plus de monde qu'il n'y a de places assises dans les salles obscures.

Il faut dire que la projection de ce vendredi, initiée par l'association CABA Sud Revermont, était suivie d'un débat animé par Jura Nature Environnement. Mme Herbert, forestière, et M. Wolff, naturaliste, étaient là pour répondre aux questions des spectateurs.

Mais de questions, il n'y en eut guère...

Beaucoup de monde et peu de questions, voilà qui interpelle.

Il faut dire que le second film présenté, laissait la parole à Peter Wohlleben, auteur du best-seller "La Vie Secrète des Arbres" (éditions les Arènes 2017).

Les spectateurs étaient-ils des lecteurs de ce livre ? Auquel cas on peut imaginer que les prises de parole de l'auteur dans le documentaire, répondaient aux éventuelles questions des lecteurs.

Mais s'il est envisageable de penser que "tout" le monde avait entendu parler du livre, il est tout aussi raisonnable de se dire que tout le monde ne l'avait pas lu et qu'une partie du public découvrait, en son et en images, "La Vie Secrète des Arbres".

Dès lors, est-ce le choc de cette découverte qui rendit la salle silencieuse ?

Il y eu bien quelques timides prises de parole, mais force est de constater que la plus virulente fut celle des forestiers présents, que ce soit sur scène ou dans le public : s'il s'avérait que les arbres aient une sensibilité, que deviendrait la sylviculture ?

Inquiétude peu fondée si l'on en juge par l'industrialisation de l'élevage alors même que la sensibilité animale, par ailleurs facile à appréhender, est de moins en moins sujette à caution dans les cercles scientifiques.

Pas d'inquiétude à avoir donc, pour l'industrialisation actuelle et à venir de la sylviculture.

Mais peut-être une inquiétude à avoir pour notre société humaine car, ce grand silence entendu dans la salle à la fin de la projection, ne serait-il pas le signe d'un malaise aussi profond qu'inconscient ?

Celui d'une Humanité n'ayant plus de lien avec les êtres vivants animaux et végétaux qui lui permettent de vivre.

Celui d'une Humanité devenue sourde et aveugle, qui a besoin de machines, d'analyses de laboratoire, pour entendre et voir la Vie exister autour d'elle.

Celui d'une Humanité dont les pieds ne connaissent que le béton, les oreilles le son des MP4, les papilles le goût des plats industriels, les yeux les lumières des écrans, les narines les odeurs des désinfectants.

Une Humanité déracinée, qui dans sa vie hors sol va chercher au fond des salles obscures ce qu'elle ne sait plus trouver hors des repères civilisés, mais dont l'inconscient a gardé en mémoire... qu'il existe des êtres vivants partageant la même planète qu'elle.

 

 

Commentaires

  • Soulié Sylvestre

    Merci pour la justesse du

    Merci pour la justesse du constat et de la simplicité avec lequel il est fait. Peut-être qu’un rapport plus juste au monde et aux forêts a besoin d’ un silence qui ouvrirait à d’autres façons de l’habiter. Peut-être…

    En tout cas, même s’il y a urgence à effleurer la Terre d’un pas léger, de belles questions nous seront plus utiles que de sommaires et hâtives réponses.

     


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