Depuis 40 ans, la France connaît une désindustrialisation progressive, alors même qu’elle fut l’un des acteurs majeurs de la Révolution industrielle et qu’elle a été l’une des principales puissances industrielles mondiales durant près d’un siècle.
Cette histoire a conféré à notre pays des compétences de pointe, lui permettant de devenir indépendant et souverain dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, le ferroviaire, l’aéronautique ou l’aérospatial.
Aujourd’hui, notre souveraineté nationale est menacée par le démantèlement de la filière Énergie de General Electric en France et en Europe, 5 ans seulement après le rachat des activités d’Alstom. Pourtant, GE s’était engagé devant vous, alors que vous étiez ministre de l’Économie, à maintenir et développer ses activités en France.
Les incontestables qualifications françaises, notamment dans la conception, l’intégration et la fabrication des composants et des centrales nucléaires, hydroélectriques ou à gaz, sont en train de disparaître au détriment de notre pays.
En effet, la stratégie du groupe est basée sur des objectifs purement financiers et donne lieu à des délocalisations massives en Inde, en Turquie, en Chine, en Hongrie, aux États-Unis ou en Egypte. Il ne s’agit en aucun cas d’ajuster les effectifs à des baisses d’activités structurelles et avérées. Les faits sont vertigineux. Depuis 2016, 3 000 emplois ont été supprimés en France. Derrière ces chiffres se cachent des hommes et des femmes au quotidien bouleversé, la destruction de notre savoir-faire et l’aliénation de notre souveraineté énergétique.
C’est à l’État stratège d’intervenir. Il est impératif que la France retrouve, dès à présent, la maîtrise de ses outils et savoir faire industriels.
Dans votre discours du 14 juin dernier, vous évoquiez à plusieurs reprises la notion d’indépendance. Aujourd’hui, il vous est donné l’occasion d’agir.
Afin de protéger les intérêts de notre pays, il convient de structurer une filière française de l’énergie. C’est pourquoi, nous sollicitons de votre haute bienveillance la création d’un consortium, autour du groupe EDF, pour racheter les activités Énergie de GE stratégiques pour notre pays, notamment le nucléaire, l’hydroélectrique voire le gaz. Avec les différentes filiales du groupe EDF, ce consortium contribuerait ainsi à mettre en place la politique énergétique et industrielle voulue par le gouvernement. Ce serait un outil pertinent, au service de l’exécutif et du pays, pour préparer la transition énergétique, faire évoluer notre mix énergétique tout en maintenant le savoir-faire et les compétences.
La France dispose de leviers judiciaires puissants lui permettant de faire pression sur General Electric. Ses établissements en France sont protégés par la loi française car ils relèvent du secteur stratégique de l’énergie. La loi PACTE vient renforcer les pouvoirs d’injonction et de sanction du ministre de l’Économie dans l’objectif de défendre les entreprises stratégiques, notamment par une sanction pécuniaire dont le montant peut s’élever au double du montant de l’investissement, soit jusqu’à 24 milliards d’euros.
Nous comptons sur votre totale implication pour assurer notre souveraineté énergétique, préserver notre industrie et sauvegarder l’emploi. Nous sommes convaincus que seule cette solution permettra d’atteindre ces objectifs.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de notre très haute considération.
Damien MESLOT, Président du Grand Belfort, Maire de Belfort
Florian BOUQUET, Président du Département
Ian BOUCARD, Député
Cédric PERRIN, Sénateur
Marie-Guite DUFAY, Présidente de Région