L’esbroufe des bonimenteurs nantis.

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C’est le 18 janvier dernier,  lors de ses vœux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi devant le Conseil économique social et environnemental (Cese), que François Hollande a déclaré qu'il était nécessaire de proclamer un « état d'urgence économique et social » rebaptisé dans les médias par  «un plan d’urgence pour l’emploi ». Quelle que soit la terminologie employée, c’est l’urgence qui prédomine et cela prêterait à rire si la situation n’était pas aussi catastrophique que celle que l’on connaît. Urgence alors que notre pays est rongé depuis plus de quarante ans par le chômage. Urgence alors que tout le monde a constaté une augmentation du nombre de chômeurs d’environ 1 000 000 sous le quinquennat précédent. Urgence alors qu’après avoir voulu tordre le cou à la courbe du chômage en 2013 notre futur ci-devant Président ne peut que s’enorgueillir de ne pas avoir encore atteint les chiffres de son prédécesseur. De qui se moque-t-on ? Alors oui la seule urgence non-dite et qui le préoccupe (tous les matins en se rasant) et celle de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage, condition sine qua non qu’il a lui-même fixée, s’il veut présenter sa candidature pour un second mandat. Encore une promesse, mais saura-t-il la tenir ? Voilà pour le fond.

 

Maintenant, sur la forme. Avec un ensemble de mesures estimé à deux milliards d'euros en tout, François Hollande assure qu'il n'y aura aucune hausse de prélèvement « d'aucune sorte ». Il s'agirait d'économies. Plaidant pour une voie entre « libéralisme sans conscience et immobilisme sans avenir », le président abat ses dernières cartes. Il veut réformer « jusqu'au bout », qu'importe « les échéances électorales »(sic). Les mesures concrètes se résument ainsi :

  •  Un milliard pour la formation de 500 000 chômeurs. Rien ne garantit un emploi à la clé à son issue.
  •  Le CICE (Crédit Impôts Compétitivité Emploi) mis en place sous le gouvernement Ayrault transformé en baisse définitive de charges alors que personne à l’heure actuelle n’est capable de dire le nombre d’emplois créés grâce à ce dispositif.
  • De nouveaux assouplissements du temps de travail qui seront confirmés par la réforme du Code du Travail dont on peut penser qu’elle n’apportera rien en matière de création d’emploi.
  • Une prime à l’embauche pour les PME de 2000 euros pour toute embauche d’un CDI ou d’un CDD de plus de 6 mois. Devinez quel sera le choix de l’employeur.
  • 50 000 contrats de professionnalisation autrement dit, mise à disposition du patronat d’une main d’ d’œuvre malléable et corvéable à merci.
  • Étendre les compétences des régions sur la formation et l’apprentissage. Qui va payer la note ? Pour mémoire, dans le cas du RSA transféré aux départements, l’État a simplement oublié d’en transférer les budgets. Qui s’en plaint aujourd’hui ? Les départements.
  • Le plafonnement des indemnités prud’homales de licenciement. La mesure faisait partie de la Loi Macron, mais elle avait été retoquée en août dernier par le Conseil constitutionnel. Le gouvernement s'était toutefois engagé à rapidement la remettre sur la table. C’est fait. En quoi cela va-t-il créer de l’emploi ?

 

Inutile de préciser que le gouvernement s’est bien gardé de chiffrer le résultat de ces mesures en matière de création d’emploi. Il n’a pas franchement le courage d’avouer ses véritables objectifs. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une nouvelle fois ce gouvernement comme les précédents crée une illusion en faisant semblant de se préoccuper de ce problème en y apportant des solutions sans en avoir au préalable diagnostiqué l’origine. Et pour cause, il est exclu pour les libéraux d’admettre et encore moins de reconnaitre que les politiques d’austérité qu’ils nous imposent ne servent qu’à améliorer les profits du capital au détriment de la satisfaction de l’intérêt général et celle des chômeurs en particulier.

Article publié dans le bulletin L' alternative Rouge et Verte de Ensemble ! Franche Comté (N° 64 mars 2016)

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