Les contraintes de l’agriculture de montagne

Sarrageois

60.000 des 100.000 agriculteurs bénéficiaires de l’indemnité compensatrice de handicap naturel sont des paysans de montagne. Serait-ce donc un handicap d’être agriculteur en montagne ? Sans doute pas pour les paysages ou la qualité de la vie. Mais la rudesse du climat et le décalage du développement végétatif sont à l’origine de contraintes particulières qui pénalisent l’agriculture de montagne si l’on tient absolument à la mettre en concurrence avec les grandes cultures de plaine. Sans aides publiques, cette concurrence ne peut être libre et non faussée. Sans politique publique, l’agriculture disparaîtrait des massifs montagneux, et avec elle des activités complémentaires comme l’économie forestière, ou induites, comme le tourisme et les activités sportives nordiques dans le massif jurassien.

« Quand un céréalier de la région Centre en est à son deuxième épandage azoté, un éleveur du Haut-Doubs ou du Cantal ne pense pas sortir ses bêtes avant quinze jours », explique Daniel Prieur, président de la chambre d’agriculture du Doubs et de la commission montagne de la FNSEA. Eleveur de vaches montbéliardes à Pierrefontaine-les-Varans, à 700 m d’altitude, il joue de la différence d’une semaine de maturité entre les pâturages proches de sa ferme et ses champs de foin à 780 m dans le planning de mise à l’herbe de ses bêtes. Celles-ci seront aussi plus facilement envoyées brouter les talus et les pentes où les machines de coupe sont moins à l’aise. Une autre conséquence de la longueur de l’hiver est la nécessité de disposer de volumineux bâtiments. Pour loger le troupeau et stocker du fourrage en quantité suffisante pour faire face aussi bien à un hiver tardif qu’à une sècheresse estivale, voire une gelée tardive. « Il peut geler en août à 900 m, cela compromet alors le deuxième regain . D’ailleurs, un des critères européens pour déterminer une zone difficile est au moins 180 jours avec une température inférieure à 5° ».

L’agriculture de montagne fait aussi face à des contraintes topographiques. Daniel Prieur cite l’exemple d’un éleveur de brebis des Hautes-Alpes côtoyant en hiver les arboriculteurs de plaine, et passant deux mois par an en alpage à 1.800 m. « L’art de ces exploitations consiste à s’adapter aux surfaces ». Les pratiques collectives, coopératives ou mutualistes, sont plus fréquentes en montagne, par exemple quand « les Savoyards regroupent leurs troupeaux en altitude pour le beaufort d’alpage : la solidarité est la plus forte. Regardez aussi l’affouage, la répartition des coupes de bois en feux, le nettoyage et l’entretien collectif de la forêt par les habitants… »

 

 

 

 

 

 

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