L’effondrement de notre civilisation « gagne du terrain ».

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Je vous recommande l'ouvrage de P. Servigne et R. Stevens (2015) "Comment tout peut s'effondrer. Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes."

En explorant la littérature scientifique, les auteurs expliquent qu'il apparaît quasiment impossible d'échapper à une crise majeure des sociétés humaines du fait de l'addition des risques des crise climatique + biologique + énergétique + démographique + économique + l'accroissement des inégalités + augmentation de la pollution…
Autrement dit, on peut se tromper sur un ou deux modèles, mais il apparaît impossible de se tromper sur tous. Par exemple, depuis les années 1990, les prévisions liées au changement climatique sont toutes confirmées par les faits météorologiques : températures en hausse, tempêtes, sécheresses…

Récemment, les scientifiques de la NASA arrivent eux aussi à penser qu'il existe une forte probabilité d'effondrement. Pour eux, ce sont la crise énergétique et l'augmentation des inégalités qui sont les deux facteurs déterminants.

N'hésitez pas à visiter le site de Pablo Servigne, et, pour un résumé, écoutez Aurélien Barrau, jeune professeur des universités qui résume très bien le sujet (faites une recherche sur internet, vous trouverez tout cela facilement).

 

Une modélisation est souvent mise en avant, elle a été publiée en 1972 par D. Meadows et coll. et je publie ici la figure principale qui résume cette modélisation d'un effondrement éminent (modèle Meadows construit à partir du modèle World 3) . Les courbes pointillées sont des calculs effectués en 1972, et aujourd'hui, par la similitude des courbes théoriques calculées et celles présentant la réalité pour l'intervalle 1972-2000 (il faudrait refaire la figure jusqu'en 2017 !), on peut constater que la réalité est très proche de la modélisation, ce qui ajoute un argument de poids à cette modélisation-prédiction.

 

La notion d'effondrement de la civilisation ne doit pas être déformée voire totalement dénaturée, comme c'est souvent le cas depuis que les médias s'en emparent. Il ne s'agit pas de la disparition de l'homme, il ne s'agit pas de la fin de la vie sur le Terre. Non, il s'agit de prendre conscience que si nous ne faisons rien, nous avons devant nous des crises à répétition, en addition, et ces crises provoqueront l'effondrement des sociétés telles que nous les connaissons : un climat très difficile, des faillites, de fortes tensions entre les peuples, des guerres, des famines, des révolutions, des migrations importantes …

Nos vies et l'organisation de nos sociétés modernes n'en sortiront pas indemnes.

 

Devant ces annonces scientifiques, il me semble qu'il ne faut surtout pas mettre la tête dans le sable. Gouverner c'est prévoir. Et on ne peut pas prévoir sans information, ni sans une modélisation de l'avenir. Donc, ces études sont très importantes car elles doivent nous permettre de prendre les meilleures décisions au meilleur moment.

Évidemment, les décisions à prendre aujourd'hui ne seront peut-être pas prises car elles demandent de changer profondément notre société de consommation trop énergivore, qui détruit le climat, qui augmente les inégalités, qui fait disparaitre le vivant …

Mais, ce ne sont pas les hommes politiques qui décident, c'est le peuple qui élit les hommes politiques!

Il faut donc rapidement que les citoyens se remobilisent autour des débats politiques, à la manière de ce qu'ont fait, à gauche, les Insoumis en se réunissant pour construire le programme "l'Avenir en commun".

De mon point de vue, il me semble que si les initiatives individuelles sont excellentes car elles mobilisent l'attention de nos concitoyens, je ne crois pas que les solutions viendront des changements individuels portant sur une meilleure façon de cultiver, de consommer, … En effet, l'urgence est telle qu'il apparaît que seules des décisions au niveau gouvernemental, ou au niveau européen pour ce qui nous concerne, puissent avoir des effets.

Un seul exemple, on peut tous arrêter d'utiliser des produits phyto-sanitaires, on peut interdire telle ou telle molécule, glyphosate, métam-sodium, mais la fraction irréductible des agriculteurs productivistes et pollueurs ont des milliers de molécules de remplacement. La seule façon de progresser rapidement sur ce sujet est de changer de méthode : il faut créer la liste des produits autorisés, en nombre limité, et en donnant pour chacun une date probable d'interdiction définitive !

 

Bref, le sujet est vaste, complexe.

Une des fragilités de nos sociétés modernes est la difficulté, voire l'incapacité, à prendre des décisions rapides sur des sujets aussi complexes quoique vitaux.

Les mobilisations citoyennes qui apparaissent (Alternatiba, Coquelicots …) doivent déboucher sur une union politique pour les prochaines échéances, après il sera sûrement trop tard!

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