Le vingt juin, c’est bientôt…

Mercredi dernier, en rentrant du travail, j'ai trouvé deux grandes enveloppes identiques dans notre boite aux lettres. J'ai d'abord eu peur : dans le coin, en haut à gauche, il y avait le nom de Gerald Darmanain, l’expéditeur. Un frisson glacé parcourut mon échine pleine de sueur. Je devais être fatigué, j'ai tendu les bras et relu l’inscription pour m'apercevoir qu'il était simplement marqué « Ministère de l’Intérieur ». Je chassai le visage de Gerald D de mon esprit, respirai un bon coup pour chasser les relents de lacrymogène, fit jouer mes épaules endolories par les gardes à vue, et ressortis mon livre de Maurice Rasfus du tiroir.

Je me réfugiai dans la cuisine, me servis un grand verre d'eau et entrepris de décacheter une des deux enveloppes.

J'en sortis une liasse de feuillets A4 comportant un liste de noms et de portraits. A part deux ou trois visages je n'en reconnus aucun. Il s'agissait des professions de foi pour les élections régionales et j'avoue que de Pontarlier à Auxerre mon carnet d'adresse n'était guère fourni.

Pour me faciliter la vie, et par habitude, je décidai de les classer en deux piles. Dans la première, pour commencer, je posai le tract d'Hello avec une faucille et un marteau bien en évidence.

Je commençai la seconde avec les listes de Julien Ostoul, l'autre suicidé de la société, Gilles Platrier, cravate impeccable et cheveux sel et sel, ami de Debout la France, (les amis de mes amis sont mes amis dit le proverbe...) Dennis Theurot, majorité macronnienne, chemise col ouvert.

J'hésitai pour le reste. Mme Marguerite ? Mr Fandor ? Mme Lodde ?

Je regardai  les logos pour essayer de me faire une idée.

Trois pour la première. En voyant le logo de l'étoile à la feuille, je fus tenté de le mettre avec Hello, mais la rose me piqua la main.

Dix pour la deuxième. De combien d'organisations politiques n'avais-je jamais entendu parler ?! Je me désolai de mon manque de culture politique et pensai un instant acheter un silice populaire.

Trois pour finir. A part une jeune fille en skate, je ne décelai rien de particulier. De toute façon, vu l'état de mon jardin, je n'avais pas la main verte.

Je tirai mes lunettes de leur étui. Peut être au niveau des idées.... Je me mis donc ensuite à parcourir les propositions.

Quelle grave erreur !

Ma compagne me trouva une heure plus tard, (peut être, je ne me rappelle plus...) toujours occupé à classer mes trois derniers feuillets. J'en posais un sur une pile, le reprenais, le posais sur l'autre. Encore et encore. Je ne savais pas quoi faire, un peu comme un ordinateur qui beugle. A force, je voyais tout en pixels, en lignes, et des câbles électriques chauffés à blanc vibrionnaient dans ma tête.

Elle posa doucement ses lèvres sur ma nuque. Je sentis la douceur infuser, se déverser en moi lorsqu'elle m'entoura de ses bras. J'entendis sa voix me murmurer à l'oreille

- Mon chéri, tu sais bien que la vérité est ailleurs....

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