Les GAB (Groupements d'Agriculteurs Bio) du Jura, de Haute-Saône, du Doubs et du Territoire de Belfort, membres d'lnterbio (chef de file de !'Agriculture Biologique en Franche-Comté) sont mobilisés depuis le début du confinement.
Depuis, nous œuvrons pour accompagner les agriculteur-ice-s bio à trouver de nouveaux circuits de commercialisation, les leurs étant bousculés par les mesures sanitaires actuelles.
Les GAB, soutenus par la Confédération Paysanne BFC, Terre de Liens BFC, l'AFOCG 25/90, Solidarités Paysans 25/90 ont contacté les Préfectures des 4 départements francs-comtois pour demander à ce que les mesures soient prises pour soutenir nos producteur-ice-s bio et locaux.
Un certain nombre de marchés ont réouvert (Vesoul, Poligny, Belfort, Audincourt, Besançon, etc.). Nous avons également contacté les Maires de certaines communes, comme le Maire de Besançon pour maintenir le marché bio de Tarragnoz qui s'est soldé par une réussite.
Nous avons œuvré pour que les maraîcher-ère-s puissent vendre leurs plants de légumes et de plantes aromatiques. Nous avons mis en place des points de retrait de commandes de ces produits lorsqu'ils ont été qualifiés de première nécessité (à Audincourt, Cubrial).
Nous avons participé à la cartographie de ces producteur-ices en vente directe, en réponse aux besoins sociétaux, avec la Préfecture du Doubs et la Chambre d'Agriculture 25/90.
Dans le Jura, le GAB est à l'initiative de la création du collectif« Pour une alimentation locale et solidaire », regroupant des associations et syndicats œuvrant en soutien aux producteurs locaux. Dans cette perspective, le collectif s'est donné pour mission d'agir avec les producteurs, consommateurs et collectivités pour la mise en place, la structuration et le développement des circuits courts dans le respect des nouvelles normes sanitaires.
Ainsi, des démarches ont été effectuées auprès du préfet pour la réouverture des marchés mais aussi pour la garde des enfants de paysans, etc.
Une page Facebook a été créée pour permettre aux producteur-ices locaux de communiquer sur leurs initiatives et donner aux francs-comtois une visibilité sur les lieux d'approvisionnement en produits bio et locaux.
Aujourd'hui, l'urgence du début du confinement passée, la « routine confinée » est installée. Le chemin sera encore long. Mais nous pouvons déjà commencer à nous tourner vers l'avenir. Profiter de cette période pour réfléchir à ce que nous souhaitons pour nous, pour nos enfants. Quelles leçons tirer de cette crise ?
Nous pouvons nous satisfaire que notre président souhaite « rebâtir une indépendance agricole française ». Qu'il ait pris conscience« qu'il y a des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ». Qu'il faut « reprendre en main notre alimentation et ne plus la déléguer ».
Mais de quelle agriculture parlons-nous ? De quelle alimentation ?
Les choix politiques et la volonté d'une partie très influente de la profession agricole oeuvrent depuis longtemps à freiner les évolutions demandées par notre société, ralentissant constamment les règlementations environnementales que propose l'Europe.
Souvenons-nous ainsi de ces derniers mois. Des préfets qui effacent des cartographies officielles rivières, cours d'eau et sources pour diminuer les « gênes » induites par les règlementations phytosanitaires de bordures. Une limitation drastique des distances de non-traitement à proximité des écoles et habitations dans la nouvelle réglementation; et son report lié au confinement. Ou encore la création de la cellule Demeter de la gendarmerie, qui permet, entre autres, de sanctionner les « simples actions symboliques de déni3rement » de pratiques agricoles polluantes ; dernière victoire liée à la campagne de communication de certains syndicats agricoles dénonçant un « agribashing permanent ».
Contre un retour à l'anormal
La situation actuelle nous impose un changement de mode de vie brutal. L'épreuve à laquelle nous faisons face doit nous permettre, à travers une réflexion globale, d'anticiper les autres crises à venir (alimentaires, sanitaires, écologiques, etc.)
La période que nous traversons doit être perçue comme un signal d'alerte. Nous pensons qu'il nous appartient à tous de nous appuyer sur cette expérience pour construire le « monde d'après », pour bâtir des alternatives et défendre un modèle de société résiliente et solidaire.
L'ensemble du réseau Bio de Franche-Comté continue de travailler et militer pour une agriculture 100 % bio, pour faciliter l'accès aux produits bio et locaux mais aussi pour défendre les droits sociaux et économiques des producteurs de notre région.