Le féminisme en France, son passé, son avenir

Dans le cadre du festival culturel « Libres regards » j’ai eu la chance d’assister à une conférence sur le féminisme en France. Justine Zeller, doctorante en histoire contemporaine à l’université Jean Jaurès de Toulouse était invitée par l’Atelier d’Audincourt à nous faire découvrir le travail universitaire qu’elle est en train de réaliser sur l’histoire du féminisme en France.

 

Le féminisme repose sur la conviction que les femmes subissent une injustice spécifique. Les historiens s’accordent pour dire que le féminisme avance par vagues :

-          Pendant la deuxième moitié du XIX° la première vague du féminisme obtient l’égalité juridique, civique et politique entre les sexes. Il est qualifié de mouvement réformiste.

-          La deuxième vague dans les années 1960 -1970, les questions privées deviennent politiques : la contraception, la sexualité, le mariage, le patriarcat sont au cœur des débats. C’est alors un mouvement radical.

-          La troisième vague commence en 1995 et s’intéresse à la mixité, à la mix-cité, au transgenre, au queer.

 

On distingue plusieurs « nuances » dans le féminisme :

-          Autour d’Antoinette FOUQUE les féministes qui se réclament de la psychanalyse et de la politique

-          Le féminisme révolutionnaire, matérialiste qui refuse le travail domestique gratuit. C’est un mouvement non mixte autour de Christine Delphy et C Guillomin. Pour elles les rapports sexuels sont une collaboration. Elles font du lesbianisme une stratégie.

-          Le féminisme comme élément de la lutte des classes. Il s’agit de combiner l’anticapitalisme, le féminisme et la lutte des classes. On y retrouve les militantes de l’Alliance Marxiste Révolutionnaire, les Pétroleuses de la LCR, les femmes travailleuses en lutte de l’organisation Révolution.

 

Il y a donc des féministes universalistes : hommes et femmes sont égaux, et d’autres différentialistes qui reconnaissent une spécificité féminine à côté d’une spécificité masculine : c’est la question : les femmes sont-elles une classe sociale ou un groupe social ?

 

Le féminisme s’est institutionnalisé à travers deux pôles : le pôle académique autour de la recherche, du savoir, et le pôle étatique avec la création, l’existence ou non de ministère, de secrétariat aux droits des femmes et la traduction des revendications des femmes dans les textes de lois : Interruption Volontaire de Grossesse, viol, jusqu’à la parité en politique.

 

Aujourd’hui Chez les jeunes c’est le mythe de l’égalité déjà là qui les empêchent de réaliser que l’inégalité dans le partage des tâches, le droit à la contraception gratuite pour toutes, l’inégalité au travail, le harcèlement, le sexisme sont encore bien vivaces. C’est le cadre académique qui influence la nouvelle génération de féministes : Judith Butler écrivaine américaine en est la nouvelle « papesse » ; elle a beaucoup écrit sur la théorie du queer. Il existe un mouvement critique porté par les femmes de couleurs qui critiquent le féminisme majoritaire blanc de la classe moyenne c’est l’intersectionnalité. Leurs débats concernent la sexualité, la prostitution : les abolitionnistes (le nid, les femen, osez le féminisme) opposés aux groupes pro-sexe, au STRAS qui revendiquent une reconnaissance légale encadrée par une législation et affirme que la prostitution est un moyen d‘émancipation.

 

Avec l’apparition des problématiques du queer, de la Grossesse Pour Autrui, c’est une nouvelle cartographie du féminisme qui va se dessiner.

 

Roberte Vermot Desroches (invitée sur ce blog)

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