« Le faible qui ne possède rien devient redoutable quand il n’est plus mû que par l’aiguillon du désespoir »

Cette citation est extraite d'un roman historique de Conan Doyle, dans lequel on lit, entre autres, le récit sanglant d'une Jacquerie. Elle me parait aujourd'hui illustrer, de façon littéraire, le mouvement des gilets jaunes.

Le roman s'intitule, La compagnie Blanche, et j'ai déjà cité tout ou partie de ce qui va suivre à la fin du "polar solidaire", coécrit avec Anouk Filippini, (sous pseudo Ada Nisen) Les hommes des sous-bois. Un polar solidaire qui traite de la question de l'exclusion sociale.

J'ai de nouveau utilisé cet extrait de roman dans mon billet de Blog : Allez mendier ailleurs, vous gênez ! a dit le Maire.

Elle me parait aujourd'hui illustrer, de façon littéraire, le mouvement des gilets jaunes.

Les voyageurs aperçurent aussi dans les sous-bois des assemblages de brindilles et de rameaux : c'est là qu'ils dormaient, sur ce qui ressemblait davantage à des nids pour gibier à plumes qu'à une demeure humaine. Mais pourquoi donc auraient-ils construit autre chose ? Pourquoi se donner du mal, puisque le premier aventurier venu aurait le droit d'incendier leur toit de chaume, et que leur seigneur confisquerait, en les accablant de coups et de malédictions, le fruit de leurs efforts ? Ils s'étaient installés au dernier degré de la misère; leur seule consolation était de savoir qu'ils ne pouvaient pas descendre plus bas. Ils avaient néanmoins conservé le don de la parole; aussi tenaient-ils des assemblées au sein des sous-bois; avec des yeux larmoyants ils regardaient en les désignant de leurs doigts amaigris les grands châteaux qui dévoraient comme un cancer la vie de la campagne. Quand de tels hommes parvenus au-delà de l'espoir et de la peur commencent à entrevoir la source de leurs malheurs, que les responsables prennent garde ! Le faible qui ne possède rien devient redoutable quand il n'est plus mû que par l'aiguillon du désespoir. Hauts et puissants sont les châteaux, basses et misérables les huttes des sous-bois ? Que Dieu aide le seigneur et sa dame le jour où les hommes des sous-bois entreprennent de se venger !

Plus tard dans le roman, une jacquerie.

En bas, la cour carrée était pleine de paysans qui hurlaient et dansaient ; tous regardaient en l'air; ils tendaient le poing; ils étaient ivres de sang et de vengeance. De la foule jaillit un cri de haine auquel succéda un éclat de rire épouvantable, quand elle aperçut les derniers survivants qui la regardaient du haut du donjon. Alors ils entassèrent de nouveaux fagots au pied de la tour, et ils dansèrent autour du brasier une farandole infernale; se tenant par la main ils entonnèrent le refrain qui avait été le mot de passe des jacqueries :

Cessez, cessez, gens d'armes et piétons

De piller et manger le bonhomme

Qui de longtemps Jacques Bonhomme

Se nomme !

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