Le Comté dans la malbouffe

Quand donc nous déciderons-nous à les arrêter ?

Entremont fournira à Mac Donald la caution "Comté" le 30 janvier prochain, par la vente du premier sandwich au Comté à Dole. Mac Donald, on connaît. Une entreprise qui compte sûrement dans son staff plus de spécialistes du marketing que de cuisiniers. Mais que sait-on d'Entremont ? et notamment de son rapport avec le Comté ? Cette société est représentative de ce que l'industrialisation a pu apporter de pire dans l'agriculture et l'alimentation. Qu'importe l'endroit où il est produit, qu'importe la façon dont il est produit, qu'importe le niveau d'artificialisation des terres, le lait n'est qu'un produit commercial qui ne doit rapporter (beaucoup) d'argent qu'aux actionnaires. Il n'est pas innocent que le milliardaire belge Albert Frère l'ait contrôlée (via sa holding financière) à plus de 60 % ! C'est aujourd'hui la société Sodiaal qui en est propriétaire. On devrait se réjouir que la Sodiaal soit une coopérative ! Elle en a le statut juridique. Mais avec près de 13 000 producteurs / coopérateurs répartis dans 64 départements on peut se demander ce qu'il reste de l'esprit coopératif et en quoi le management de l'entreprise différe des autres grandes sociétés industrielles.  Le capitalisme financier a besoin de concentration de capitaux et d'entreprises. Son idéologie a pénétré le monde des coopératives de production laitière. Beaucoup se sont laissées convaincre que "l'union faisant la force", il fallait qu'elles fusionnent pour créer des groupes de taille de plus en plus en grande. La Sodiaal est issue de ce mouvement. On peut lire sur Wikipedia les récits de ses tribulations dans le monde de la haute finance, bien éloignées des salles de traite des producteurs ( lire les articles : Entremont Alliance, Sodiaal, Yoplait, General Mills, notamment). 

Le Comté, "notre" Comté va-t-il être emporté à son tour dans les griffes d'un fond spéculatif d'une grande banque avant d'être offert à une multinationale de l'agro-alimentaire  (comme Yoplait dans les serres de Paribas Affaires Industrielles pour tomber dans le nid de General Mills) ?

La production du Comté reste affaire de petites coopératives. Les producteurs ont déjà résisté à l'offensive de Lactalis, il y a quelques années. C'est peut-être  au niveau de l'affinage que les risques existent. Monts et Terroirs, anciennement  Juragruyère, appartient à Sodiaal tout comme Entremont. Les coopératives ont-elles du poids face à ces monstres ?

Le Comté se vend-il si mal que l'on ait besoin de la vitrine Mac Donald ?  Évidemment non. Cette alliance contre nature doit alerter sur les riques qu'il y a à laisser l'affinage et la commercialisation de "notre" Comté à des entreprises pour qui il ne représente qu'une opportunité financière.

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