L’avenir de nos forêts a été voté…

Une forêt modèle dans le Jura... Pas sûr que la biodiversité y trouve son compte !

Dijon, lundi 25 mars, salle du Conseil Régional. Réunion de la Commission régionale de la Forêt et du Bois (CRFB).

Les fauteuils, profonds et trop moelleux, sont adaptés aux séances interminables.

A l'heure de la sieste, il faut lutter pour ne pas s'y endormir.

Sur l'estrade, Sylvain MATHIEU, président de la CRFB, assisté des services de la Région et de l'Etat (SGAR, DRAAF...).

Devant l'estrade, les membres de la commission, représentants de pléthore d'organismes au premier rang desquels FIBOIS-BFC (Interprofession de la Filière Forêt-Bois) pour laquelle et "main dans la main"* avec laquelle a été rédigé le contrat aujourd'hui soumis au vote.

En lisant les étiquettes des représentants, on trouve aussi les Communes Forestières, les Parc Naturels Régionaux (Haut Jura et Morvan), le CRPF (forêts privées), l'ONF, l'ONCFS, les chasseurs, les syndicats forestiers, l'ADEME, les chambre d'agriculture, les associations de protection de l'environnement, les pépiniéristes, des gestionnaires d'espaces naturels, des écoles...

Derrière cette foule, les observateurs et les invités.

Sur le côté, les représentants de la population curieuse de connaître l'avenir de ses paysages, de ses forêts et de leur biodiversité... Enfin "les"... En réalité, il n'y en avait pas autant...

 

Après avoir souligné l'impact désormais sensible du changement climatique et les incertitudes qu'il fait planer sur le devenir des forêts, les questions des meubles scandinaves et du papier chinois posées, le document est présenté comme "équilibré". L'équilibre étant ici associé aux compromis.

Il aura fallu 3 ans... on imagine le nombre de compromis...

 

Le premier vote en est l'exemple :

Matériel forestier de production . Comprendre : "essences forestières subventionnables".

Question de la salle :

- Pourquoi financez-vous le chêne rouge et le robinier qui sont des espèces invasives ?

- On les subventionne quand elles sont adaptées à la station.

- Mais puisqu'elles sont invasives, elles sont toujours adaptées à la station !!

Résultats : 29 voix pour, 1 abstention et 3 contre.

 

Le second volet concerne le Contrat Forêt-Bois proprement dit.

Le texte de ce Contrat a été soumis à consultation du public. La DRAAF explique que le public n'a pas compris le texte et l'a interprété. Les associations de protection de l'environnement (FNE) expliquent que la multifonctionnalité des forêts n'existe pas réellement dans ce texte et que si le public l'a mal interprété... c'est qu'il porte à interprétation. Du reste, les COFOR s'inquiètent de la pression supplémentaire qui pèse en particulier sur les communes du Morvan.

S. Mathieu rappelle que la Présidente de Région, Mme Dufay, a demandé à ce qu'aucune plantation de douglas ne soit subventionnée et que l'argent soit affecté à la régénération et à la plantation de chênes (rouges???)

Concernant le changement climatique, il est fait mention des dernières études scientifiques qui soulignent la résilience des forêts en régénération naturelle contrairement à la fragilité des plantations.

La réaction des pépiniériste est fulgurante : " Les variété forestières améliorées (OGM ???) n'ont pas été prises en compte ! Cela fait 40 ans qu'on travaille dessus ! (On parlait déjà de changement climatique il y a 40 ans ???)

... de toute évidence, il y a des fonds de stock à écouler et un métier qui peine à penser la biologie d'un écosystème et le temps des forêts. Mais chacun défend son pain et c'est de bonne guerre. On l'a expliqué : "COMPROMIS".

 Quand à l'équilibre entre végétaux et animaux, il s'est traduit par un "équilibre-compromis" entre les forestiers et les chasseurs. Les naturalistes, les écologistes dont l'étude de ces équilibres  sylvo-cynégétique est le cœur de métier, n'ont pas été associés.

  

Après 2h30 de discussion le Contrat Forêt-Bois BFC est enfin voté :

28 voix pour (dont le PNR du Haut-Jura) et 5 abstentions (dont le PNR du Morvan).

PNR...Deux régions historiques qui ne portent pas le même regard sur la gestion de la forêt. La Bourgogne connaît le prix de l'enrésinement. Mais quand la Franche-Comté le comprendra, les forêts jardinées du Jura auront fini de se transformer en livres d'Histoire.

 

* dixit la DRAAF

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