L’anni d’Andy (partie 1)

Mercredi 2 novembre

Comme d'autres qui ont des amis noirs, arabes, homosexuels et qui aident leurs femmes pour les taches ménagères, nous avons, ma compagne et moi, des amis de droite.

Pas beaucoup, juste ce qu'il faut.

J'imagine que de leur coté, ils doivent se dire la même chose- et même parfois en discuter avec leurs amis à eux – de droite aussi, ou du centre, ce qui est finalement assez proche.

C'est ainsi que l'autre jour nous sommes retrouvés à l'anniversaire d'Andy. Au moment de nous y rendre, ma compagne hésitait encore, se demandant si cela valait vraiment la peine de se rendre à une fête qui allait sûrement être de droite.

- Nous ne sommes pas des spécialistes des ultrariches et des violences bourgeoises nous.

- En même temps, ma chère, si je puis dire, lui répondis je d'un ton badin en refermant mes boutons de manchette au bout de la manche de mon costume, nous pourrions y glaner quelques éléments de réflexion intéressants. Et Andy n'est pas vraiment riche...

Je ne sais pas ce qui l'emporta, de la simplicité de notre ami, ou de la perspective de jouer les Pinçon-Charlot amateurs. Toujours est-il qu'elle finit par prendre son sac à main en demandant de ne pas trop traîner.

« Si je sifflote les damnés de la terre, on file... »

La soirée se déroula, comme prévu, dans la bonne humeur. Le couscous, commandé à une amie de sa fille, était excellent et ma compagne tomba sur une de ses collègues, conjointe d'un bon ami du couple. Elle purent malgré tout discuter avec des mots plutôt salés, de la dernière sortie du ministre sur une chaîne d'info en continu. Le boulaouane aidant, nous nous mîmes aussi à rire de bon cœur à quelques blagues bien senties.

Certains prirent congé assez tôt. Il me sembla entendre que l'un avait un conseil d’administration important et l’autre une battue qui le faisait frémir par avance. Mais je n'en suis pas sûr : nous arrivions à ce moment de la nuit, où, quelque peu étourdis par la l'alcool et la fatigue, les phrases perdaient leur sens. Peut être s'agissait d'opérations et de revues.

Tandis que les autres, ceux qui restaient, ouvraient une nouvelle bouteille de champagne et commençaient à danser, Andy m’entraîna dans la véranda qu'il avait monté lui même avec son cousin. Au dessous de nous, la bâche humide qui couvrait sa piscine hors sol brillait en creusant une marre argentée au milieu de sa pelouse. Il prit deux verres, les posa sur la table avec une boite de cigares et une bouteille de whisky japonais. Je déclinai l'invitation pour le cigare, tirai mon paquet de cigarettes et empoignai mon verre.

- A quoi buvons nous ? demandai-je

- A la vie ? me répondit Andy.

Je restai silencieux.

- Laquelle ?

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