L’affaire Ségalat. Une condamnation bâtie sur du sable.

" Un comportement jugé étrange, dans des circonstances dramatiques, a abouti à la condamnation d'un homme pour meurtre. Pas de preuve, pas de mobile, pas d'arme. Pas d'aveux non plus, et aucun antécédent de violence. Et vraissemblablement pas non plus d'homicide. L'affaire a eu pour théâtre la Suisse, et plus précisément le canton de Vaud, ces dernières années. "

Avec une ténacité sans faille, Jacques Secrétan (un homonyme, je ne le connais pas), journaliste d'investigation a écrit deux livres sur cette affaire on ne peut plus étrange. Le premier, édité par la maison d'édition Suisse "Mon Village", Le pocès Ségalat, un acquittement contesté. Le second, (même maison d'édition) Une condamnation bâtie sur du sable. L'affaire Ségalat.

Si, dans le premier livre, Jacques Secrétan, fait plus oeuvre de collecte des actes du procès à l'issue duquel Laurent Ségalat sera acquitté, il n'en est pas de même dans le second. Le journaliste fait son travail de journaliste d'investigation. Indigné, il soulève bien des points d'interrogation. En appel, Laurent Ségalat a finalement été jugé coupable, et condamné à 14 années de prison, que la France refuse de lui faire exécuter en France. (Laurent Ségalat, français, réside en Fance.)

" Le but de ce livre est double. D'abord contribuer à rouvrir un dossier que la justice suisse a imprudemment bouclé. Une affaire que le condamné et ses avocats, épaulés par des experts de renommée internationale n'auraient jamais dû perdre. Et aussi rappeler que la justice se trompe parfois, inévitablement. On ne devrait pas pouvoir condamner un homme parce qu'il pourrait éventuellement avoir commis un crime. "

Laurent Ségalat, un généticien français, est accusé du meurtre de sa belle-mère, Catherine Ségalat, âgée de soixante-six ans, dans sa maison proche du village de Vaux-sur Morges, à une quinzaine de kilomètres de Lausanne. C'est Laurent Ségalat qui a découvert le corps, qui a appelé les secours, après avoir accompli quelques actes qui, immédiatement, le rendront suspect.

La thèse de l'accident, une chute dans des escaliers, va être obstinément écartée. Tout aussi obstinément, dans son enquête de journaliste extrêmement bien documentée, Jacques Secrétan apporte de façon troublante, et glaçante, des éléments de doute quant au bien fondé de la condamanation. Des éléments de doute troublants et glaçants, sur le choix de tel expert pas toujours très crédible, choix qui, de facto, désavoue des experts plus compétents. Des éléments de doute troublants et glaçants sur la partialité des juges, et même, sur les conditions d'information de la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui, elle aussi  s'est prononcée pour la culpabilité de l'homme.

Et encore ! Des problèmes de mauvaise traduction d'un rapport ! Des experts dont le témoignage n'a pas été enregistré, mais rapporté de façon fantaisiste ! Qui protestent mais qu'on n'écoute pas, donc qu'on n'entend pas.

Glaçant ! D'autant que Jacques Secrétan est un journaliste qui n'en est pas à son coup d'essai en matière de dénonciation d'aberrations judiciaires.

Je conseille la lecture de ces deux livres. Et les informations abondent sur le Net, pour qui voudrait aller plus loin.

Laisser un commentaire