La presse du crédit Mutuel (L’Est Républicain) a fait l’éloge d’un pigiste de Voujeaucourt (Pays de Montbéliard). Jacques Rat n’a toujours pas lâché la plume à 90 ans et continue de faire des chroniques sur l’actualité de sa commune. Respect à lui ! J’aime bien faire mieux que la presse du Crédit Mutuel, voila pourquoi je m’associe avec une nouvelle journaliste de 92 ans, habitante d’une petite commune du Pays de Montbéliard.
Bécassine, explose de rire en me proposant ce pseudo, une référence pas toute jeune et drôle, ce qui lui correspond bien.
Je ne peux pas vous présenter le personnage en quelques lignes, vous allez apprendre à découvrir Bécassine au fil de ses interventions.
Née en 1929, j’avais déjà rencontré Bécassine pour écrire un dossier assez lourd sur l’occupation nazie locale pendant la 2ème guerre mondiale.
Quand je lui ai proposé ce concept d’analyse de l’actu, elle a répondu oui immédiatement.
Elle nous éclairera par son pragmatisme et son analyse sur les sujets d’actualités traités par les médias dominants et capitalistes. Elles est historienne, criminologue et spécialiste de l’actualité médiatique.
Pour ce premier épisode, nous allons traiter du discours de Macron du mardi 9 novembre.
#1 Discours de Macron
Bécassine a tendance à s’auto-censurer : « J’ose pas dire parce que ça s’écrit pas, arrête! ».
Mais elle sait relâcher les freins : « C’est un fumier, il nous a mentit ».
Loral Aitken : Tu en penses quoi de cette 3ème dose ?
Bécassine : « On sera obligés de le faire, je vais le faire. J’ai bien supporté les 2 premières doses. »
Loral Aitken : Que penses-tu de cette allocution du président?
Bécassine : « Macron prépare sa place pour les prochaines élections. Après le discours, j’ai mis la 7 (chaîne TV Arte). Les journalistes gueulaient déjà sur Macron, il venait tout juste de finir son discours… ». Elle rigole !
Loral Aitken : Pourquoi as-tu regardé si le président t’énerve autant ?
Bécassine : « Pour savoir comme il est menteur. Il trompe bien son monde. Il ne respecte pas ce qu’il promet ! »
Bécassine aime surtout se tenir au courant de ce qu’il se passe, elle a toujours un sujet de discussion pertinent a partagé avec son entourage et ses nombreuses copines.
Loral Aitken : Tu votes ?
Bécassine : « Ben oui ! Je vote selon ma conscience. »
Loral Aitken : Quel conseil peux-tu donner aux jeunes qui veulent voter ?
Bécassine : « De voter loyalement ! De ne pas faire semblant de voter ! »
Loral Aitken : ? ?? ça veut dire quoi voter loyalement ? Pas faire semblant ?
Bécassine : « Certains disent en public qu’ils votent quelque-chose, mais en douce ils votent pas ça. Moi ce que je vote... je peux me regarder dans une glace. J’ai encore envie de dire pour qui je vote ! »
Elle enchaîne : « J’ai un voisin qui fait que de critiquer la Mairie (elle veut dire les élus de sa commune), mais devant les conseillers municipaux, il dit qu’il vote pour eux. Moi j’ai 92 ans mais je sais ce que je dis et je ne raconte pas n’importe quoi. »
Loral Aitken : Selon toi, Macron va gagner les prochaines élections ?
Bécassine : « Il fait tellement de promesses qu’il va passer une deuxième fois. Comme hier, il n’est pas franc !
Il a dit « On fera encore mieux », donc il sait qu’il va passer. Il parle comme si il allait repasser, c’est net et clair. »
Bécassine se met à changer de sujet totalement. Elle a le droit, c’est sa chronique. Elle tient à me parler des aides à domiciles et des aides soignantes qui l’accompagnent quotidiennement.
Bécassine : « Elles se plaignent tout le temps ! Mais c’est normal qu’elles se plaignent tout le temps avec tout ce qu’elles vivent et tout ce qu’elles voient. C’est pas normal ! »
Cette aide à domicile arrive justement à ce moment là. Peut être que Bécassine l’a sentie arriver, ce qui lui a donné envie de me parler de ce sujet.
Cette auxiliaire de vie est très dynamique et sympathique. Les méchant.es et les cyniques en tout genre diront qu’elle est grosse1. Moi je la trouve musclée et en pleine forme physique, elle est très jolie avec son regard bleu clair et ses cheveux longs et blonds attachés sobrement. Elle a une vingtaine d’années mais semble déjà marquée par le taf et/ou par la vie. Elle me fait penser à une guerrière de la série Vikings, je vais donc l’appeler Lagertha.
Je remballe vite mes affaires, Lagertha doit changer la protection hygiénique de Bécassine, la transférer sur une « chaise percée » avec un « verticalisateur », faire la toilette intime, la préparation du repas, donner le repas, ranger, faire la vaisselle et ne pas oublier le café et quelques détails avant de partir.
30 minutes, top chrono !
Avant que je ne parte, Bécassine demande à Lagertha : « Et vous, vous en pensez quoi du discours de Macron d’hier soir ? »
Je suis suspendu à ses lèvres (même si elle porte un masque), que va dire une héroïne silencieuse de notre classe laborieuse ?
Lagertha : « Ben j’ai pas écouté, j’écoute plus du tout, c’est pas la peine… En même temps j’ai fini le taf peu de temps avant 20h, j’ai préféré manger ».
Bécassine, 92 ans, historienne, criminologue et spécialiste des médias dominants
Loral Aitken, spécialiste des ultra-riches et des violences bourgeoises
avec la participation de Lagertha, guerrière viking de notre classe laborieuse.
1 https://dijoncter.info/pourquoi-le-feminisme-doit-s-emparer-de-la-grossophobie-3195