La résistance des locataires de Chaillot à Besançon

Non il n'y avait pas d'annonce de démolition de cet immeuble, elle est tombée brutalement, surprenant tout le monde !!! Doit-on comprendre que la démolition du bâtiment est une réponse au fait que les locataires, dans leur grande majorité, refusent l'augmentation de leur loyer ?

En effet, en juin 2015 les locataires de la rue de Chaillot se sont prononcés, à bulletins secrets et massivement, contre le projet de réhabilitation de l'immeuble que proposait l'office HLM, mais en fait, contre la hausse de leur loyer qui l'accompagnait. Sur 32 logements 22 ont voté contre et 5 pour.
L'annonce de la démolition a été vécue dans ce contexte comme répressive pour ces familles qui, pour certaines, avaient subi trois ans au paravent un dé-logement des trois immeubles de Fontaine Écu dont la déconstruction était programmée, avec promesse que cela ne se reproduirait plus.
Du fait de la démolition de ces trois immeubles, dont l'un abritait une chaudière commune à l'ensemble, l'installation d'une chaudière s'est imposée dans ce bâtiment, celle-ci mise en service en septembre 2014. De 2010 à 2013, des travaux d'un montant de 600 000 € comprenant la remise aux normes des ascenseurs, l'étanchéité et l'isolation de la toiture, la nouvelle chaudière et la rénovation de certains appartements... ont été effectués. Après ces travaux d'entretien indispensables, Grand Besançon Habitat a proposé un programme de réhabilitation lourde s'accompagnant d'augmentations de loyer importantes. Les locataires se sont exprimés dans la presse contre l'augmentation des loyers prévus avec cette réhabilitation. La Confédération Nationale du Logement - CNL - a joué son rôle de soutien aux locataires, les réunissant, les consultant, reprenant leurs positions et propositions auprès du bailleur leur laissant le soin – c'est leur cadre de vie, c'est leur budget – de voter en connaissance de cause...
Après le vote négatif des locataires, soudainement et sans aucun préavis, sans étude préalable du coût financier et social, le 26 octobre 2015, le Président de GBH a fait voter, par le Conseil d'Administration, le projet de démolition de l'immeuble. Aucune justification sérieuse n'a été apportée à ce coup bas.

Malgré leur isolement, malgré le peu de présence, de soutien d' autres associations de locataires, malgré les propositions, au cas par cas, d'offre de déménagement tous frais payés, ces familles restent unies, solidaires elles luttent pour un toit, elles luttent pour leur droit, elles luttent pour rester debout devant les dénis de démocratie qu'elles subissent à répétition.
Lors des portes ouvertes qui se sont déroulées le 16 janvier 2016, seuls des élus locaux communistes, Ensemble ! et le parti de gauche ont apporté un soutien à ces familles. Le miroir aux alouettes brandit par GBH pour un déménagement clé en main, n'a pas eu l'effet escompté, une famille a quitté les lieux en janvier, elle le regrette déjà...
Le courrier de Pascal Curie - président de GBH et vice-président de la CAGB (1) - du 16 février 2016, en réponse à la lettre du 25 janvier des locataires sollicitant la réunion d'une table ronde, accepte et fixe une date le 7 mars prochain mais il oublie d'informer et de convoquer les locataires ! A leur place, il invite 2 représentants de chacune des 4 associations de locataires...
La souffrance des habitants de Chaillot est palpable, elle se manifeste entre colère et larmes. Mesure t’on vraiment l'impact de la déstabilisation que peut produire l'épée Damoclès tenue au-dessus de la tête de ces personnes dont certaines sont âgées, n'ont jamais quitté ce lieu, d'autres handicapées et pour la plus part défavorisées ?

Je dénonce ce traitement peu humain à l'égard de mes concitoyens, le non respect de la démocratie et je dénonce, pour coiffer le tout, l'ignorance crasse frôlant le mépris à l'encontre d' une population composée en partie de familles d'origine immigrée, de personnes âgées, handicapées, des pauvres. En somme la population que l'on trouve fréquemment dans les habitats sociaux de GBH. Une fois de plus, la vocation sociale des bailleurs est battue en brèche dans cette période d'austérité budgétaire. Mais dans ce combat, les habitants ont montré, une vraie solidarité, ont recréé du lien - la pétition de soutien a recueilli plus de 1 000 signatures - remis de la politique là où elle doit être : près des gens !
Respect des locataires et de la vocation sociale de GBH.

Besançon, le 22 février 2016
Daniella CHAILLET

(1) CAGB : Communauté d'Agglomérations du Grand Besançon

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