« Mon toucher était trop ténu, mes notes étaient trop longues, il m'a ditde faire plus piqué. Et ça sonne mieux...» Mathilde a beau avoir dix ans de piano, elle prend le conseil de Richard Galliano comme un joyau. À 17 ans, elle joue surtout du classique, mais n'a pas raté « l'opportunité » de participer au stage où le grand accordéoniste de jazz et compositeur dirige quatre séances dont deux ont eu lieu hier. Pour la première, vendredi soir, vingt-cinq jeunes instrumentistes bisontins ont accueilli le maestro en lui jouant une de ses oeuvres, Heavy Tango. « Ils m'ont fait une sacrée surprise, c'était une émotion magnifique », dit Galliano qui participe pour la première fois à une master-class avec différents instruments.
Hier, après trois interprétations du morceau et quelques remarques, le progrès était évident. « Il s'est mis au niveau des jeunes, c'est génial. Sa seule présence calme tout le monde, c'est ce qu'on appelle le charisme. Le déclic peut arriver d'une telle rencontre », dit Gilles Michaud-Bonnet, l'un des quatre professeurs de l'école de musique de la MJC de Palente qui encadrent le stage.
Maxime, 18 ans dont 6 d'accordéon, est sur un petit nuage : « Galliano, c'est mon idole et je l'ai en face de moi ! Il fait travailler la couleur que l'accordéon peut apporter à l'ensemble de l'orchestre, la rythmique, le côté incisif, suggère de travailler l'accent plus avec le soufflet qu'avec le doigté...» Pierloup, trompettiste de 15 ans, n'en revient pas : « C'est dingue, impressionnant, quel talent. Quand on a joué pour lui, c'était plus flippant qu'en concert... Il nous a donné plein de conseils, nous dit d'écouter tout le groupe ». Ugo, contrebassiste de 18 ans, a trouvé Galliano « super-simple : il ne nous a pas pris de haut, nous a montré des petits détails très importants ».
Pour Muriel Cuenot, la directrice de l'école de musique, la présence d'un homme « disponible et à la sensibilité artistique énorme » fait progresser la classe : « Les élèves ne jouaient pas comme ça, il y a deux jours ».
Richard Galliano a un propos épuré : « Il vaut mieux écouter son voisin que soi-même, comme dans une discussion. La plus belle chose en musique, c'est la communion, l'unisson... Le plaisir doit être moteur, avec l'effort, l'amour, le sentiment...» La répétition reprend après une pause, il a encore un message : « Si vous avez envie d'écrire de la musique, méfiez-vous de l'autocensure car c'est très rare qu'on soit content de ce qu'on écrit. Il faut cultiver ses petits défauts, c'est ça qui fait la qualité...» Et puis, « quand les notes suffisent, il ne faut pas avoir peur du vide, le vide crée une tension. Dans un chorus, la respiration peut laisser parfois le discours plus clair ».