La pause

Mercredi 14 avril

Aujourd’hui je profite de l'absence de ma secrétaire pour, à la fin de ma pause déjeuner, siroter mon café en lisant Le monde diplomatique.

Je suis en train de parcourir tranquillement l'article intitulé « Déradicalisation, les raisons d'un fiasco / Plongée dans un centre expérimental » lorsque je tombe sur cette phrase : «  Il fallait, pour construire la cohésion et faire taire les divergences (dans ce centre), sacraliser l'unité, valeur chère à l'armée, mais peu adaptée au débat démocratique »

Je ne suis jamais allé à l'armée, comme on dit, mais j'ai fait mes trois jours. Avant la suppression du service militaire, cela servait à vérifier notre aptitude au métier des armes, nous orienter au sein de cette grande institution. Une sorte de « Journée Défense et Citoyenneté », en moins ludique et moins fun,étalée sur deux ou trois jours.

Cela m'a suffi pour comprendre que l'armée, même républicaine, ne peut imaginer que le soldat de base se pose des questions. Peu importe les justifications, il faut en passer par là pour que l'individu accepte l'idée du sacrifice ultime, se résolve à payer l'impôt du sang . Par des symboles, des rituels, des hiérarchies, du sacré. Des endroits réservés aux gradés, des files, des dossier, des drapeaux, des hymnes, et des uniformes....

Je replie mon journal et le glisse dans ma sacoche. D'un geste je réveille l'ordinateur, et recommence à examiner les bilans. Le plan comptable est posé en évidence devant moi, sur mon bureau. La messagerie clignote : dix messages sont arrivés pendant la pause.

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