La croissance, le bonheur et moi

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Novembre, mois de l'économie sociale et solidaire, se décline sur tout le territoire franc-comtois. Mardi 25 novembre ce fut le tour d'Ornans qui a vu une quarantaine de personnes s'interroger sur "la croissance, le bonheur et moi". A l'initiative de la plateforme de la finance solidaire, cette soirée pose le décor d'une croissance qui tarde à venir et qui serait le remède à tous nos maux et principalement au chomage. En est-on si sûr ?

Le Produit Interieur Brut mesure la richesse d'un pays mais son accroissement s'apparente plus que jamais à la quête du Graal. Cet indicateur sert de référence dans la compétition mondiale et principalement financière. Ne mesurant que des données comptables, il est incapable de tenir compte de la place des bénévoles associatifs, de l'engagement de nombreux retraités, du travail énorme des aidants dans les familles. Il va même jusqu'à croître lors d'une catastrophe écologique et paradoxalement oublier de compter le travail d'habitants par exemple pour dépolluer une plage. D'autres indicateurs tentent de percer tel l'IDH (Indice de Développement Humain) mais son utilisation n'a encore que peu d'impacts sur les décideurs mondiaux. Ne parlons pas de l'Indice de Bien Être Economique et Durable (IBEED) qui devrait nous faire nous poser la question du type de bonheur que nous recherchons.

La dégradation de notre planète est directement liée à la poursuite d'une croissance à tout prix. L'empreinte écologique est de plus en plus marquée et nous avons depuis 1986 dépassé les capacités de notre planète or aucune autre n'est à notre portée pour continuer notre croissance.

Cette première partie d'explication un peu théorique mais illustrée à l'aide de dessins animés, conduit chacun à s'interroger sur le type de croissance qu'il souhaite. Et à ce moment de la soirée, la notion de bonheur liée ou non à la croissance se pose. Est-ce une affaire d'individus ou au contraire de société.

Marie-Monique Robin pour les besoins de son dernier film '" sacrée croissance" est allée tourner un documentaire au Bouthan , petit pays au coeur de l'Himalaya grand comme la Suisse et peuplé de 750 000 habitants. Ce pays qui se situe parmi les pays les plus pauvres sur l'échelle du PIB a lancé son propre indice "le BNB, le Bonheur National Brut". La projection de ce film "Au pays du Bonheur National Brut" fut une révélation pour une bonne partie de l'assistance. On nous montre comment à partir d'une visée politique, le peuple intègre dans sa vie quotidienne: la protection de l’environnement, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la bonne gouvernance et le développement économique responsable et durable. Songeons qu'ils ambitionnent qu'en 2020 leur agriculture soit 100 % bio. La reproduction d'un tel système fut au coeur des échanges sans oublier d'évoquer le sort de dizaines de milliers de réfugiés aux frontières, situation provoquée au moment du conflit népalais.

La croissance le bonheur et nous, que pouvons nous faire sur notre territoire, à l'échelle locale, dans nos villages ? Trois témoins, tous acteurs dans leur activité professionnelle, viennent présenter leurs initiatives, qui sont autant de réponses qui s'inspirent des idées de l'économie sociale et solidaire.

Alika Bertrand a repris l'épicerie du village de Villers-sous-Chalamont. Pour cette ancienne technicienne de forêt, cette nouvelle activité correspond à un projet porteur de sens. Elle y trouve un lien direct avec les habitants. Ceux-ci ont même créer une Cigales ( Club d'Investisseurs pour une Gestion de l'Epargne Solidaire) pour l'aider financièrement mais aussi par donner des coups de main.

Quand à Mathieu Bourgeois , c'est sur le plateau d'Amancey qu'il s'installe en tant que boulanger bio. Professionnel de l'informatique, il a voulu voir autre chose en travaillant à l'étranger. Au retour, sa décision était prise, le pain serait son quotidien et il en ferait profiter les habitants de son territoire.

Et enfin, le témoignage de Fabien et Jean-Charles Thomas de la compagnie Gravitation qui proposent aux territoires une approche originale du théâtre et de la culture. En effet, il s'agit pour eux de co-construire avec les habitants. Parmi leurs réalisations : M. Kropps ou l'utopie en marche, Label Vie ou le repas fouriériste.

 

Et pour finir une citation « toute mesure qui accorde à un fusil cent fois plus de valeur qu’à une bouteille de lait soulèvera certainement des questions importantes en termes de pertinence pour les progrès de l’humanité. » Mahbub ul Haq, quo-dévelopeur de l'indice de développement humain.

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