La cohésion de notre société est essentielle

La proposition de réforme de la Constitution actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, vise à outiller la France face à la menace terroriste. C’est bien le rôle des responsables politiques que de chercher les moyens de nous en protéger. Mais, que l’on approuve ou pas ces propositions, aucune mesure nationale ne saurait prétendre conjurer cette menace qui est mondiale et qui va vraisemblablement perdurer. Face à cela la cohésion de notre société est essentielle. Il nous faut donc la favoriser plus que jamais. Mais, ce projet de texte ne me semble pas y contribuer. En effet, en n’ayant que des réponses sécuritaires et pénales, que de surcroît on prétend mettre dans notre Constitution, on ne crée pas de cohésion ; en catégorisant les Français selon qu’ils bénéficient ou non d’une autre nationalité, on divise la communauté nationale.

Il me semble au contraire qu’il est nécessaire de prendre soin de nous, de la communauté de vie que nous constituons sur le sol français. Si, à court terme, le durcissement de mesures pénales peuvent être nécessaires pourquoi ne pas prendre des initiatives renforçant l’unité dans notre pays ? Lutter contre les discriminations, mettre en place des récépissés pour en finir avec le contrôle au faciès, octroyer le droit de vote aux étrangers, comme le candidat Hollande s’y était engagé, sont des propositions de nature à nous rassembler. Veillons également à prendre soin des  gens qui composent notre communauté.

Les premières auxquelles on pense sont bien sur les victimes des attentats, leurs familles. Peut-être est-il nécessaire d’interroger de revoir notre politique d’aide à leur endroit, car nous n’étions pas préparé à un tel choc, qui très malheureusement, risque de se produire à nouveau. Je pense également aux victimes dites co-latérales. Les habitants de l’immeuble de Saint-Denis où étaient cachés les terroristes ont également été bouleversés et nombres entre eux n’ont pas encore été relogés.

Enfin, il faut aussi penser à ceux qui sont les victimes, de fait, de l’état d’urgence, ceux dont les logements ont été perquisitionnés dans la violence et pour la grande majorité d’entre eux sans qu’on ait quoi que ce soit à leur reprocher, qui ont vu leur logement parfois très endommagé, ont vécu l’humiliation, le traumatisme de leurs enfants et maintenant le soupçon de leurs voisins. Ce sont d’abord les habitants des quartiers populaires, les populations immigrées, musulmanes ou considérées comme telles qui sont perquisitionnées. Veillons à ne pas nourrir le sentiment d’injustice déjà éprouvé qui peut générer un ressentiment dont nous aurions tous à pâtir.

Barbara ROMAGNAN

Chronique publiée dans L’Humanité du 8 février 2016

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