La chronique de Filou –Les « argiles » de Bure : mensonge géologique !

Ce matin, levé du pied gauche … et encore Bure à la radio et le stockage des déchets radio-actifs. Je décide d'écrire ce qui suit à non-a-bure55@orange.fr :

(et puis je venais de m'apercevoir qu'il n'y avait pas de chronique No. 22, et nous sommes le 22 … sacré Filou) :

 

Bonjour, 

Je suis géologue à l’université de Franche-Comté. Je connais peu le dossier, mais :

L’argile n’est pas une roche, c’est un terme qui désigne une famille de minéraux : des silicates de la famille des phyllosilicates, fait de silicium, d’aluminium, et de différents autres cations, et toujours hydroxylés (OH-).

Une roche composée d’argiles s’appelle une argilite, ce qui veut dire 90% au moins d’argiles.

Dans la plupart des cas, les argiles composent une roche avec d’autres minéraux.

A Bure, les roches du niveau stratigraphique callovo-oxfordien, choisit pour l'enfouissement des déchets, sont des marnes soit un mélange argiles + carbonate de calcium (calcite)

Ces marnes « oxfordiennes » sont connues à l’affleurement dans bien des localités autour du Bassin de Paris (note de Filou : ce sont les marnes grises à petites ammonites de Palente).

Elles contiennent en outre (en tout cas où je les connais bien et je crois que c’est aussi le cas à Bure) donc argiles, calcite et aussi des fossiles en pyrite (sulfure de fer), parfois de la pyrite seule, des quartz détritiques, des micas, des petits morceaux de carbone (fossiles flottés de bois).

A l’affleurement, ces marnes s’altèrent très vite car elles sont décompactées, fissurées, hydratées (par l’eau météoritique) et par exemple, la pyrite s’oxyde, et le soufre se recombine avec le calcium pour former un sulfate bien connu : le gypse (et des oxydes de fer) …

A Bure, ce niveau est certainement très compacté, très dur, et, j’imagine, très sec (sauf si faille !).

Les scientifiques et les politiques semblent avoir choisi d’appeler ces roches argiles ou argilites car la communauté géologique et les amateurs, savent que des argiles chauffées forment de la porcelaine (repensez à vos activités de poterie en colonie de vacances) soit des silicates d’aluminium anhydres qui sont très stables.

Donc, la roche ainsi dénommée semble offrir une très bonne et saine qualité de résistance et d’imperméabilité.

Par contre, si on commence à dire aux géologues, que ce sont des marnes avec quartz, avec pyrite, avec micas, la transformation en cas de surchauffe et d’hydratation devient plus problématique car il y a du calcium, des carbonates, du soufre, de la silice ...

Je ne suis pas spécialiste de cette question, mais je me pose beaucoup de question concernant des études qui commencent par « tricher » sur le nom de l’objet géologique étudié.

N’hésitez pas à utiliser cet argument. Vous pouvez présenter ce texte à d’autres scientifiques.

Cordialement, Philippe Henry, MCF Géologue-Géochimiste- Besançon

 

La Chronique de Filou 22022017-22

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