La Chronique de Filou – La mort programmée des rivières françaises.

chronique_rivieres_2018

L'an 2018 sera pire que 2017, qui fût pire que 2016, année pire que 2015 …

L'année dernière, cyanobactéries et bains mortels pour quelques chiens. Chez nous (massif du Jura, karst des départements du Doubs et du Jura, les rivières Doubs, Loue, Dessoubre et Bienne, Furieuse …) nous déplorions des fonds sales, témoins de l'eutrophisation par développement des algues brunes d'hiver, produites par les lisiers épandus hors saison, et souvent en toute illégalité.

L'an 2018 est pire. "On" accusera le climat, un été chaud, une sécheresse qui se prolonge, mais "on" y peut rien …, "on" fait ce qu'on peut,  le climat est ce que la Terre nous donne, et que nous abîmons

 Donc, il me semble qu'il faut se concentrer sur les causes humaines, là où des décisions pourraient être prises.

Sécheresse : exemple Le Doubs, à sec en aval de Pontarlier. Les causes semblent multiples : gestion de l'eau en amont (lac de Saint-Point, prélèvements d'eau notamment pour le ski cet hiver ?), destruction des zones humides du Haut-Doubs, évaporation trop forte, pertes d'eau notamment en aval de Pontarlier : la presse a évoqué un élargissement des failles où l'eau du Doubs disparaît en profondeur pour contribuer à la résurgence de la Loue.

 

Pollutions : exemple en Corrèze : mousse mortelle sur la rivière Montane (image impressionnante !), apparemment une pollution industrielle récurrente sur ce cours d'eau. Des milliers de poissons ont succombé !

 

Cyanobactéries : plusieurs plans d'eau interdits de baignade dans le Puy-de-Dôme. Un internaute écrit sur Facebook : "le journal La Montagne réussit l'exploit de publier plusieurs articles sur les cyanobactéries sans jamais parler d'agriculture". En effet, si les cyanobactéries profitent de la chaleur, elles prolifèrent dans des eaux chargées en nutriments, principalement azote et phosphore. L'azote est agricole, le phosphore est agricole et également issu des stations d'épuration.

 

Ce qu'il faudrait faire :

- rétablir une fonction publique de l'eau, redonner des moyens aux Agences de l'Eau et à l'Onema pour une surveillance et une gestion de l'eau en France, l'eau bien public !

- contrôler et soumettre tous les pompages à autorisation. Rendre publique ces autorisations et les volumes pompés pour que chacun puise savoir où va l'eau (exemple Métabief pour ces canons à neige ?).

- préserver et rétablir tous les stockages naturels d'eau : les zones humides en tête de bassin, les échanges rivière-nappe, par exemple en reconstruisant les méandres, par exemple pour la Basse Loue.

- limiter l'évaporation, ne plus faire de retenues d'eau, replanter sur les rives pour mettre la rivière à l'ombre et limiter l'augmentation de température, détruire les seuils et micro-barrages qui, en amont, transforment la rivière en plan d'eau calme où l'évaporation est trop forte.

- être sévère avec les pollueurs, agricoles, industrielles, collectivités. Ne plus faire de rejets directs dans les rivières (exemple : que va être le rejet et où va être ce rejet, pour la nouvelle station de Métabief et communes alentours).

- avoir (enfin) une politique agricole compatible avec la protection de la ressource en eau, quantité et qualité. Mettre (enfin) en place une politique anti-nitrates et anti-phosphore.

 

Euh … y'a du boulot !! Et dans ce département 25, même pas sûr qu'il y ait une volonté politique. Tout se passe comme si tout le monde s'en foutait !

 

Le Filou est pessimiste, très pessimiste pour nos rivières à l'agonie.

 

 

 

 

 

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