La Chronique de Filou – La Géologie à Besançon, c’est plus c’que c’était !

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J'aurais pu écrire : "l'Université à Besançon (et ailleurs), ce n'est plus ce que c'était". L'idéal universitaire est mort.

 

Coup de sang, coup de gueule … Mardi, j'arrive au travail, et je découvre une ammonite qui sert de "bloc-porte" (photo 1). Ce n'est pas la première fois, deux autres photos (2 et 3) montrent d'autres "cailloux" de la collection de géologie, parfois abandonné dans l'herbe pour ce qui concerne la roche magmatique, après avoir bloqué une porte une journée …

L'an passé c'était un de mes échantillons, un bloc de la célèbre Limburgite (coulées de hyalo-basanite porphyrique du Kaiserstuhl, célèbre volcan de la vallée du Rhin). Des géologues viennent du monde entier pour l'observer et la récolter. À Besançon on s'en sert de bloc-porte ! (je n'ai pas fait de photo, erreur, maintenant ce sera systématique !).

 

Bref, une chronique ne sert pas à se "payer" ses collègues surtout quand on est en conflit avec eux depuis si longtemps. Donc il faut tirer de cet irrespect vis à vis des échantillons une ou deux leçons.

 

1- les géologues bisontins n'aiment plus les cailloux.

Quand j'ai débuté ma carrière, les anciens disaient "Philippe, il est géochimiste, il n'est plus géologue". Heureusement, quelques jours de terrain, quelques TP, et mes anciens profs voyaient que ma passion pour les minéraux-roches-fossiles était intacte.

Aujourd'hui … C'est la cata.

Je reprochais récemment à de jeunes collègues "le bordel" dans lequel il laissait une collection d'enseignement, et un de me répondre :"bah, des cailloux, y'en a plein!".

Mon employeur devrait me demander de leur faire des cours de pédagogie. Mais qui a donc formé ces jeunes, futurs "enseignant-chercheurs" ?? Et d'autres collègues de considérer qu'on ne devrait pas "embêter" les étudiants avec tous ces noms de minéraux, de roches ou de fossiles …

 

Est ce qu'un médecin peut ignorer, et ne pas apprendre les noms des organes, des os, des muscles, des artères, des veines ?

Est ce qu'un médecin peut ne pas aimer les gens ?

 

Un géologue qui n'aime pas les minéraux-roches-fossiles, ne peut pas transmettre sa passion.

Un géologue qui ne connaît pas les roches ne peut pas être compétent.

L'informatique, l'analyse chimique donnent aujourd'hui l'illusion que l'on peut s'affranchir de l'échantillon. Or, pour alimenter les modèles numériques, il faut de solides données de terrain, des observations et des déterminations justes. Pour faire une analyse il faut savoir reconnaître et préparer son échantillon.

 

2- où va, où est l'université ? Un collègue m'écrit :

"Je partage ton sentiment de honte et le degré de "menfoutisme" doublé d'égoïsme. Ta photo est un élément révélateur mais malheureusement ce n'est que la partie visible de l'iceberg, le mal est encore beaucoup plus profond. Il n'y a qu'à lire les mots clés de la période électorale : transparence, justice, écoute, collégialité, égalité....Toutes les choses qui ont disparu du paysage universitaire depuis plusieurs années...".

 

Avons nous totalement renoncé au meilleur de l'université, aux idées fondatrices des Lumières? l'Université est-elle encore dépositaire du savoir, ou simplement un lieu de plus pour que s'expriment uniquement les ambitions individuelles et égoïstes ?

 

Ces "gens-là" ce sont des Macron, des Trump, des Bolsonaro !

J'exagère, bien sûr.

Comme j'exagèrerais en comparant le petit ruisseau à truites de ma vallée natale avec le Rhône. Mais ce grand fleuve n'est-il pas simplement la somme des rus montagnards?

(pollution en sus, sacré Filou !).

 

Ma comparaison avec les médecins se prolonge.

Aujourd'hui plusieurs centaines de chefs de service ont décidé de ne plus assurer leurs tâches administratives. Hier sur France Inter, des médecins expliquaient comment la peur de perdre des postes, la peur de la sanction financière sur leur service, la peur de l'administration toute puissantes, les avait empêché de protester ces dernières années. Aujourd'hui, il semble y avoir une rébellion.

 

À l'Université, signer une pétition semble être un acte de bravoure immense, et les taux d'abstention aux élections sont si élevés …

Par contre, qu'est ce que ça râle dans les couloirs !

 

Verra-t-on un jour les universitaires relever la tête, et décider de ne plus assurer le travail administratif, de ne plus faire des "tonnes" d'heures complémentaires. Et arrêter de vivre sous la menace de voir "fermer l'université", "voir tout partir à Dijon si l'UBFC ne fonctionne pas", "perdre les subventions"… Afin d'exiger que l'on revienne à la raison universitaire!

 

Qui vivra, verra, mais personnellement j'en doute !

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