La Chronique de Filou – 10 mesures urgentes pour sauver nos rivières (I).

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Le constat est clair, net et limpide (pas comme l'eau de la Loue !) : nos rivières à truites et ombres communs sont en danger de mort !

Encore quelques années et … adieu Loue, Doubs, Dessoubre, Cusançin, Lison, Furieuse, etc. Les pêches sportives, parmi lesquelles la pêche à la mouche, seront remplacées par de la pêche en pisciculture de truites américaines (truites arc-en-ciel). Après tout, c'est peut-être ce qu'on cherche à nous imposer !

Les conclusions des différentes études menées ces dernières années sont toujours les mêmes : eutrophisation = accumulation de nutriments dans les cours d'eau et développement excessif des végétaux aquatiques. Tout le monde connaît le phénomène des algues vertes en Bretagne du fait des épandages des lisiers des porcs. Et bien chez nous, dans nos rivières comtoises, ce sont des algues d'eau douce, brunes en hiver et vertes en été, dues aux lisiers de bovins !

Les nutriments sont essentiellement les nitrates (azote) et les phosphates (phosphore) qui vont jouer le rôle d'engrais pour le développement des algues et autres végétaux aquatiques. L'origine est essentiellement agricole : épandages des lisiers et fumiers, excès d'engrais, importation d'aliments concentrés, et aussi domestique, par les stations d'épuration : fuites des réseaux d'assainissement, dysfonctionnements des déversoirs d'orages[1], mauvais entretiens et gestions défaillantes des stations d'épuration.

A cela s'ajoute la raréfaction des insectes et donc des larves aquatiques qui sont un maillon fondamental de la chaîne alimentaire de la rivière. Ces larves consomment les végétaux puis sont elles même consommées par les poissons. Ces invertébrés d'eau douce, cette richesse de la vie aquatique, sont les victimes de tous les produits chimiques agricoles, industriels et domestiques (ça c'est aussi nous tous les jours !). On trouve dans les rivières toutes les molécules de la "vie moderne" : pesticides et autres phytosanitaires agricoles, molécules pour traiter le bois, médicaments humains et vétérinaires …

Nos rivières sont particulièrement fragiles car ce sont des cours d'eau en région karstique. En effet, nous vivons sur des terrains très particuliers, les calcaires du Jurassique, avec le développement du karst[2]. L'exemple, que vous connaissez certainement tous, est l'incendie de l'usine Pernod de Pontarlier, en août 1901, avec le déversement dans le Doubs d'environ 600.000 litres d'absinthe puis, le surlendemain, l'arrivée de cette absinthe à la résurgence de la Loue (wikipedia). Sous nos pieds, il y a un véritable réseau souterrain de fissures, drains, pertes, rivières souterraines, et autres sources et résurgences. Dans le karst, il n'y a pas d'épuration et les écoulements transfèrent très rapidement les polluants des sols vers les rivières.

 

Donc, 10 mesures urgentes et obligatoires pour sauver nos rivières, afin de :

- lutter contre l'eutrophisation, les excès de nitrates et phosphates :

- lutter contre les produits chimiques nocifs et polluants :

- lutter contre l'érosion des sols :

 

1 - Interdire les épandages de lisiers en hiver.

2 - Interdire les engrais chimiques.

3 - Régler les déversoirs d'orage et entretenir les stations d'épurations.

4 – Mettre fin aux rejets directs des stations d'épuration.

5 - Ne subventionner que l'agriculture évoluant vers zéro phytosanitaire.

6 - Ne plus traiter chimiquement le bois coupé en forêt.

7 - Replanter les haies.

8 - Reconstruire la continuité des cours d'eau.

9 - Protéger le karst.

10- Mettre en place une véritable police de l'environnement.

 

"y'a qu'à, faut qu'on !", je les entends déjà : tout ce qui est écrit ci-dessus est facilement réalisable et un futur chapitre II reprendra ces 10 mesures et les justifiera !

 

EXISTE-T-IL VRAIMENT UNE VOLONTÉ POLITIQUE DE SAUVER NOS RIVIÈRES COMTOISES ?

 

[1] déversoirs d'orages : dispositifs chargés d'évacuer le trop plein d'eau qui arrive à la station d'épuration lors de fortes pluies).

[2] : karst : produit par l'érosion hydro-chimique des calcaires, qui sont des roches solubles dans l'eau chargée en gaz carbonique. La surface karstique est fissurée, trouée, on parle parfois de relief ruiniforme (lapiez) et le réseau hydrographique est essentiellement souterrain. Le karst est constitué de grottes, gouffres, galeries, pertes, résurgences, dolines, rivières souterraines.

La Chronique de filou 08052016-8

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