KoRn : are you READY???

KoRn

Vous ne pouvez pas vous imaginer la pression qui pèse sur mes épaules alors que j’entame cette chronique. On ne présente plus KoRn, groupe précurseur et novateur. On ne présente plus Blind, morceau d’introduction de ce CD et véritable hymne KoRnien. Mais cet album éponyme, premier album culte et aux critiques unanimes, c’est celui de la révélation, de la consécration : l’album (quasi) parfait. Replaçons-nous dans le contexte : 1994 est définitivement une année importante musicalement parlant, outre la mort de Kurt Cobain, ou l’inoubliable Rhythm Of The Night de Corona, cette année voit fleurir nombre d’albums cultes : Green Day avec Dookie ou The Offspring avec Smash. Cependant, côté metal, l’heure en est au questionnement et à l’innovation : les groupes osent des mélanges entre styles et expérimentent de plus en plus. Rage Against The Machine ou Faith No More ont déjà joué leur petite révolution il y a quelques années de cela, avec d’une part, un manifeste de rap metal engagé, et de l’autre, un chef-d’œuvre de rock metal alternatif. Une période riche donc, marquant un désir de nouveauté et d’air frais de la part du public et une conjoncture parfaite pour la sortie du premier album du quintet de Bakersfield aux States.

Dès l’entame de l’album se font sentir les caractéristiques propres au "son KoRn" : des guitares au son plombé extrêmement pesant (les fameuses guitares 7 cordes), un chant alternant des couplets fragiles et murmurés aux refrains hurlés, et surtout une base rythmique prédominante avec la basse slappée très groovy de Fiedly et la caisse claire claquante de Silveria. Les bases sont posées, le son KoRn s’impose, gras, ronronnant et incroyablement efficace.
La structure des morceaux est souvent la même :  à une introduction virulente et catchy succède un couplet chanté, entremêlement de guitares lancinantes et aiguës, menées par un duo basse/batterie entraînant. Le refrain quant à lui peut tout aussi bien laisser place à des pétages de plomb dont seul KoRn a le secret qu’à de lents passages oppressants. Mais malgré ces structures quelque peu répétitives et ces riffs basiques, le groupe surprend par son inventivité : première apparition de la fameuse cornemuse, contretemps, guitares bruitistes, borborygmes... Les ambiances s’installent progressivement, dans un assemblage de sons, de ruptures, de black-outs et de riffs vicieux et lancinants. Il se dégage de cet album une atmosphère pesante et malsaine. A l’image des photos de revues pornos et de jouets d’enfants présentes dans le livret, KoRn exprime une jeunesse salie, une innocence corrompue. Et c’est là que réside toute la portée de cet album : les textes hautement autobiographiques de Jonathan Davis sont un exutoire à toute la rage et à la tristesse de ce dernier. Son malaise devient palpable, il prend forme dans ses pleurs, dans ses gémissements et dans ses hurlements. Canalisant toute cette hargne juvénile dans sa musique, Davis apporte intensité et authenticité à l’album.
Tel un filet se refermant progressivement sur sa proie, cet éponyme va crescendo dans le mal-être et dans la colère. Plus les titres défilent, plus la pensée tourmentée de Davis se révèle, dans tout  ce qu’elle a de plus sombre et de plus glauque. Les cris sont de plus en plus écorchés, les guitares sont pachydermiques, la rage s’accentue jusqu’à atteindre de vraies phases de barbarie pure (Lies). Enfin, Daddy clôt majestueusement l’album, condensé de peine, de douleur, véritable déversoir de haine et de tristesse. Progressivement, le bruit s’apaise, au milieu des pleurs dérangeants de Jonathan Davis, parfois un sursaut, un sanglot éclate : dernier soubresaut de violence, bercé par un chant maternel. Considéré par beaucoup comme le premier album de néo-metal, l’éponyme de KoRn est indubitablement à l’origine d’un mouvement musical, le groupe entraînant derrière lui plein de formations qui copient! Cependant, l’étiquette néo qui les suit encore aujourd’hui n’est pas pertinente tant les influences de KoRn sont vastes.
Un album ultime donc, que tout bon metalhead se doit de posséder dans sa discographie.

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LZ. I am READY!!!

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