Jusqu’où l’union sacrée autour de Peugeot -Japy ?

« Protester localement, c'est bien. Être cohérent avec ses orientations politiques nationales, c'est mieux. L'union sacrée autour de Peugeot-Japy ne saurait nous dupe », souligne l'économiste Evelyne Ternant au nom du comité régional du PCF de Franche-Comté dans le communiqué qui suit : 

Le Pays de Montbéliard s'indigne contre les pertes d'emplois annoncées à Valentigney pour la reprise de Peugeot-Japy, et il a raison. Réduire la voilure d'une entreprise qui a ses carnets de commande pleins, parce-qu'elle a été mal gérée et que les banques, une fois de plus, préfèrent la finance à l'industrie, est une aberration. Les élus locaux , toutes tendances confondues, poussés par la puissance de la protestation, s'unissent pour clamer leur soutien aux Japys: si cela peut aider à construire un rapport de force victorieux, ne faisons pas la fine bouche.

Pour autant, il n'est pas interdit, en dépassant l’événement immédiat, d'aller à la source de la situation actuelle et de faire apparaître certaines responsabilités politiques:

PSA vend Peugeot-Japy en 2004, dans le cadre d'une stratégie coûteuse de rachat de ses propres actions et de distribution de dividendes, qui a prélevé sur le groupe entre 1999 et 2008 quelques 5, 2 milliards d'euros, soit 60% de son résultat net. Lesquels des élus, aujourd'hui dans la rue, se sont émus de la stratégie de prédation financière de la famille Peugeot?
Le repreneur revend à son tour Peugeot Japy en 2011 à deux aventuriers boulimiques qui cumulent les rachats de sous traitants automobiles et constituent sur fond d'endettement le groupe Maike Automotive, avec le soutien d'un fonds d'Investissement, Naxicap Partners, mais aussi des fonds publics d' Oséo, le Fonds de modernisation de la filière des équipementiers automobiles(FMEA), et la Banque Publique d'Investissement (BPI). Lesquels de ces élus ont exigé que ces structures publiques exercent un droit de contrôle sur la gestion de l'entreprise qu'ils ont financée, afin de défendre son potentiel industriel contre les logiques financières ?
Les collectivités locales ont lourdement financé Peugeot-Japy: rachat d'une partie du site( 1,2 million d'euros) par la communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard pour apporter de l'argent frais à l'entreprise, suivi d'une location jugée abusivement bon marché par la Chambre régionale des Comptes, aire de stationnement et de stockage mise à disposition pour l'euro symbolique, etc.... A quel moment les élus locaux ont-ils exigé en contrepartie des engagements en termes d'emplois et d'activités ou le remboursement de ces aides considérables?

S'associer à la population et aux salariés pour le maintien des 500 emplois de Peugeot Japy à Valentigney, c'est bien.

S'opposer aux privatisations en cours, à la défiscalisation des revenus du capital, aux ordonnances du travail qui désarment les salariés et syndicats face aux directions d'entreprise, aux politiques d'austérité qui assèchent l'investissement public et réorienter les banques vers l'économie réelle, c'est mieux pour défendre vraiment l'industrie.

Protester localement, c'est bien. Être cohérent avec ses orientations politiques nationales, c'est mieux. L'union sacrée autour de Peugeot-Japy ne saurait nous duper.

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