Joseph Pinard défend le 49-3

Avertissement : l’auteur de la présente note prie le lecteur de l’excuser si en ces temps d’immédiateté il incite à prendre du recul et si par rapport aux sociologues hors sol omniprésents dans les médias parisiens il fait appel à des réalités de terrain.

Notre constitution prévoit le recours au 49/3,  Pourquoi ? parce que la quatrième république avait connu l’instabilité avec 25 gouvernements renversés en 12 ans par la convergence des extrêmes.

Le cas le plus significatif fut la chute du cabinet Mendes-France en février 1955, mis en minorité (« étranglé entre 2 portes » comme l’a dit l’écrivain François Mauriac) par une coalition hétéroclite regroupant 98 communistes, 73 centristes, 121 députés de la droite la plus réactionnaire.

A noter que PMF avait été soutenu par trois des quatre députés du Doubs : le Socialiste Minjoz et 2 élus de droite le Marquis de Moustier et Auguste Joubert. Au plan national des gaullistes de premier plan comme Chaban Delmas, Pierre De gaulle avait soutenu Mendes lui reconnaissant d’évidentes qualités d’homme d’état.

La chute du leader de la gauche réformiste fut sans doute la dernière occasion de sauver une république parlementaire. Lassés par des crises ministérielles à répétition (le cabinet Mendes France avait duré 7 mois et 17 jours) les français se prononcèrent massivement à 80 % avec un taux de participation de 85 % pour des institutions comportant le 49/3 qui, n’en déplaise aux tenants du pouvoir de la rue bénéficie d’une légitimité – sans ambigüité – du suffrage universel.

Ainsi le Doubs avait voté à 86 % et donné 86 % au oui, 145 829 contre 20 148 non. À Besançon on avait compté 29 017 oui et 3 888 non. Dans de nombreuses communes le oui avait remporté tous les suffrages : ce fut le cas par exemple dans le canton d’Audeux à Chaucenne (85 oui, 0 non) ou à Auxon Dessous (96 oui, 0 non)

Les Français ne sont pas les seuls à avoir cherché à se doter d’institutions permettant d’éviter un véritable jeu de massacre permis par la conjonction des extrêmes.

Les allemands ont gardé – et pour cause - un mauvais souvenir de la république de Weimar. Le parti communiste n’avait pas hésité à voter 57 fois avec le parti nazi pour s’opposer au gouvernement dont faisait partie la social démocratie honnie. C’est la raison pour laquelle la constitution allemande a un dispositif astucieux : un texte de censure ne peut-être adopté que s’il comporte le nom du chancelier ou de la chancelière qui serait amené à diriger un nouveau gouvernement succédant à celui qui a été battu.

A l’heure où le PC vote la motion de la droite, il est évident que ceux qui sont d’accord pour le non au gouvernement sont bien incapables de s’entendre sur le nom d’un éventuel nouveau premier ministre. Ajouter des votes identiques issus de motivations contradictoires relève d’un jeu de gribouille politicien incohérent.

Il faut observer par ailleurs que les opposants au 49/3 s’appuient sur les sondages contre un état d’urgence qui selon les mêmes sondages est massivement soutenu par l’opinion publique. La aussi il faut être cohérent, on ne peut pas s’appuyer sur les enquêtes d’opinion si elles vous sont favorables et les ignorer quand elles ne vont pas dans votre sens.

Commentaires

  • Je n’ai pas souvenir que

    Je n’ai pas souvenir que Joseph Pinard ait pris position en défense de l’article 49.3 de la constitution lorsque François Hollande le dénonçait (« Le 49.3 est une brutalité, le 49.3 est un déni de démocratie, le 49.3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire. ») en 2006 après que Dominique de Villepin, alors premier ministre l’ait utilisé à l’occasion du CPE. Joseph Pinard, député du PS à partir de 1981, pourrait relire (ou lire) l’essai « Le coup d’état permanent » où François Mitterrand analyse de façon critique la constitution de 1958.

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    Monsieur Pinard est toujours aussi pittoresque dans ses appréciations des faits de la vie politique présente, qu’il rapporte immanquablement à l’Histoire avec un H majuscule, et sans laquelle il aurait tout bonnement l’air de ce qu’il est un panneau électoral. Se gonflant de toute sa réalité de terrain pour mieux échapper à sa platitude initiale, le voici, tenant en son bec le 49-3 qui divise les socialistes, en coucous du Bourget effectuant des loopings dans les médias parisiens et tenants du retour au bon vieux temps de l’état d’urgence. Par extraordinaire, le citoyen Pinard nous apprend que le 49-3 a sorti la France de l’ornière de l’instabilité parlementaire, cette même instabilité qui a mis fin, en Allemagne, à la république de Weimar, en faisant le lit du nazisme. Question recul, le lecteur est servi. Le voilà à cheval sur la grosse Bertha. L’astuce du 49-3 a donc manqué aux Allemands pour éviter le pire : la convergence, la conjonction des extrêmes, leur coalition hétéroclite, leur communauté de vote parlementaire anti-parlementaire, et tout l’ensemble synthétisé en totalitarisme comme reprennent en choeur les idéologues sol-air que les médias parisiens recyclent à longueur de temps et d’antenne et à propos de tout, contre tous les pinailleurs tant ch’tis que marseillais. Ce faisant l’hyper vacuité et la bêtise cantonale confluent en un paysage descriptif radical qui subsume tous les sondages passés présents et à venir, où flotte le canton d’Audeux, affichant des scores qui le rend digne d’un jumelage avec un canton de la Corée du Nord. Cela dit, en me conformant méticuleusement à la méthode historique et ricochachacha de monsieur Pinard, qui permet d’effleurer le sol tout en montrant la souplesse du bonhomme. Sans les extrêmes qu’il affectionne plus que tout, que deviendrait la pensée d’état permanente de monsieur Pinard ? Elle tomberait mollement dans le trou, après quelques rebonds, comme un boulet de flipper, privé des ses deux extrêmes gauche et droite sans lesquels point de partie gratuite !

     


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