Présentation du rapport par Daniel Boucon
Intervention pour France Nature Environnement – Bourgogne Franche-Comté, fédération régionale des associations de protection de la nature et de l’environnement, par Pascal Blain
En déclinaison de l’accord de partenariat national État / Régions de septembre 2020, le CPER 2021-2027 nous est présenté comme l’un des outils pour relancer l’économie et l’investissement On parle d’un « effort historique pour encourager la relance de l’activité en engageant de grands travaux en 2021 et en 2022 » … Alors que l’érosion de la biodiversité (je n’oserais parler de 6ème extinction des espèces, de crainte d’être taxé de catastrophiste) et les changements climatiques s’accélèrent, la transition écologique et énergétique devrait être tout naturellement le fil rouge, le fil conducteur de tout ce CPER … Celle-ci n’apparait hélas que sous la forme de l’une des multiples thématiques pour lesquelles des financements sont contractualisés entre l’État et la Région. La primauté du « rebond » sur la « relance » (as usual) semble déjà avoir été oubliée …
Le climat a déjà changé … et cela s’accélère !
En France, la hausse des températures a atteint 1,7 °C depuis 1900 et s’est accélérée ces dernières décennies. Les conséquences sur notre territoire s’accentueront inévitablement d’ici 2050 et nous pourrions subir des canicules quasi permanentes en été, des sécheresses beaucoup plus longues, la moyenne montagne ne verrait plus de neige (avec des effets importants sur les cours d’eaux et milieux humides) … Si nous ne renforçons pas suffisamment nos actions de lutte contre le changement climatique, le réchauffement pourrait être encore plus fort en seconde moitié de siècle. Le réchauffement atteindrait 3,9 °C par rapport au climat actuel d’ici la fin du siècle si nous n'agissons pas maintenant nous dit Météo France dans les conclusions de l’étude que cette institution scientifique vient de rendre publique.
Tout le monde semble d’accord sur le constat. J’ai pu lire dans le CPER (page 18) « L’urgence climatique et la raréfaction des ressources imposent de travailler sur l’efficience des modèles de production, tournés vers une sobriété de la matière et énergétique, sur des produits et des services éco conçus, sur l’utilisation privilégiée des ressources locales et renouvelables et sur l’évolution de modèles économiques, pour permettre aux entreprises de se développer durablement. »
Il ne suffit plus désormais d’accompagner quelques entreprises volontaires mais bien d’engager l’ensemble des acteurs économiques de la région dans la transition écologique. Une politique des petits pas est hélas vouée à l’échec … On soutient en effet encore bien trop les activités négatives pour espérer rectifier le cap.
Les transports sont le plus gros émetteur de GES : à propos du volet routier
La mobilité a trop souvent été regardée uniquement à travers le prisme des infrastructures routières.
Dans une lettre ouverte concernant les travaux de mise à 2x2 voies de la RN57 à Besançon adressée en début d’année à Madame la Présidente de Grand Besançon Métropole, Gérard GROUBATCH, président de FNE2590, exprimait le vœu « que l’année 2021 soit le début de ce Monde d’Après tant réclamé par une grande partie de nos concitoyens et dont la Convention citoyenne pour le Climat s’est faite l’écho. Nous le savons tous, à des degrés différents, nous vivons un moment unique dans l’histoire de l’humanité. Si nous n’agissons pas dès maintenant et de manière forte, notre société risque fort de s’effondrer, suivant ainsi la biodiversité. À tous les niveaux, nous devons être exemplaires, de l’individu à la collectivité territoriale, de la nation au monde afin d’éviter le drame qui se profile. »
France Nature Environnement invite tous les acteurs concernés à investir et à s’investir dans la lutte contre le changement climatique, à participer à la transition écologique au profit de tous plutôt qu’à encore chercher à faciliter la circulation routière qui aura pour premier effet de la développer encore. Ensemble il faut agir pour qu’il y ait moins de véhicules qui circulent sur les routes, en offrant des alternatives multimodales et en organisant mieux nos déplacements. Les pistes à travailler ne manquent pas : faire des gares ferroviaires des lieux de mobilité multimodale, augmenter fortement les liaisons régionales en transports en commun, encourager le covoiturage, rendre attractif les commerces de proximité, limiter le trafic poids lourd en transit en transférant le fret vers le fer ; la voie d’eau (là où elle le permet sans atteinte aux milieux) et/ou les autoroutes existantes, travailler sur les plans de déplacements d’entreprise, développer un télétravail mesuré et choisi dans les entreprises, …