Ibrahim, incarcéré à 8 ans

Lundi 21 mars 2016, Ibrahim, un enfant comorien âgé de 8 ans arrive seul en France à l’aéroport de  Roissy. Il est muni du passeport français de son cousin, de trois ans son cadet, fourni par sa grand-tante chez qui il doit se rendre à son arrivée en France. La mère d’Ibrahim, par manque de moyens, a préféré l’envoyer en France. Le passeport du garçon fait douter la police aux frontières, qui l'emmène en Zone d’Attente pour Personne en Instance (ZAPI). Il s’agit d’un lieu carcéral entre la zone de fret et une piste de l’aéroport.

La première présentation d’Ibrahim devant le juge des libertés et de la détention se déroule le lundi 24 mars. Le verdict prolonge sa détention « dans l’intérêt de la protection de l’enfant ». Alors qu'il devait comparaître une seconde fois devant le juge vendredi 1er avril, on a décidé de son renvoi vers les Comores. Devant les cris et les pleurs de l’enfant, le commandant de bord a refusé qu’il embarque. Après douze jours de détention, il a finalement été confié à sa famille en France par décision du 1er avril, ce que la préfecture a contesté en appel. Suite à une nouvelle audience,  la juge confirme le droit d’Ibrahim à rester sur le sol français, à condition toutefois que son avocate prouve que c’est bien la mère qui l’a confié à sa grand-tante.

L'enfermement de ce petit garçon, qui n'est par ailleurs coupable de rien, est invraisemblable. Malheureusement, il ne s'agit pas d’une exception. En effet, dans la seule zone de Roissy, la plus fréquentée des 67 ZAPI de France, 244 enfants ont été enfermés en 2014 dont 45 âgé de moins de 13 ans selon l’Agence nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).

Pourtant, le droit français interdit la détention d’un mineur de moins de 13 ans, a fortiori lorsqu’il n’est coupable de rien. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), le défenseur des droits, le Comité des droits de l’Homme et l’ONU se sont également  prononcés en ce sens. C'était également un engagement du candidat Hollande, il reste un an pour tenir cet engagement et vider de ces lieux des enfants qui n'ont rien à y faire.

Barbara Romagnan

Chronique publiée dans L'Humanité du 11 avril 2016

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