Gilbert Meynier et l’influence de l’islam sur le FLN

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Il commence par camper un décor que Jean-Paul Bruckert avait installé quinze jours plus tôt en ouverture du cycle de manifestations consacrées au soixantième anniversaire du début de la guerre d'Algérie, le 1er novembre 1954. Un résumé utile fait un érudit qui a beaucoup écrit (voir ici ou ). Gilbert Meynier évoque la résistance des Algériens qui ne cesse jamais vraiment entre 1830 et 1871, des colons qui s'approprient 3 des 9 millions d'hectares agricoles, une mosquée transformée en écurie, bref des Algériens qui deviennent « étrangers dans leur propre pays » à tel point que certains émigrent, souvent au Proche Orient, voire en France, après la guerre de 14...

Et puis aussi une Algérie que marque l'enseignement français, notamment après la guerre de 14. Il cite l'échec d'un recteur du début du 20e siècle à instaurer d'ici 1930 l'éducation scolaire pour tous les petits Algériens : le congrès des colons de 1909 demande et obtient « la suppression de l'enseignement pour les indigènes ». Résultat : « en 1915, moins de 5% des enfants sont scolarisés, en 1954 moins de 15%... »

Il brosse une histoire de la guerre d'Algérie que l'on entend peu évoquer. L'élimination du PPA dès 1949 du « berberisme » par Messali Hadj qui « ne voulait pas entendre parler de l'Algérie d'avant l'islam ». Le fait que les neuf chefs historiques du FLN soient tous ruraux et que seule la fédération de France propose une république laïque, un mot qui « apparaît en arabe sept siècles avant un certain François Rabelais au 16e siècle... »

Certains nationalistes, comme Madani, voient dans la colonisation un avatar des croisades. De fait, le FLN liera révolution et islam, même si les chefs religieux ne sont intégrés qu'en 1956. Une conséquence est qu'ils écartent les femmes des maquis fin 1957. Purges et violences se succèdent et l'historien Mohamed Harbi peut dire qu' « entre la umma mohamedienne et la tribu se glisse le déficit du national ». 

Jeune professeur, Gilbert Meynier raconte une entrevue en 1964 avec le président Ben Bella : « Je lui demande ce qui fait l'identité algérienne. Il répond l'islam et l'arabe. Je relance : comme en Egypte ou en Tunisie ? Ben Bella répond "nous avons aussi nos valeurs..." et puis il est parti, sans doute avec l'impression que je l'avais coincé... Mais ce n'est pas ce que je cherchais ».

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