Expulsion du Bol d’Air : Solmiré poursuivra son action auprès des demandeurs d’asile

SolMiRé nous a adressé ce communiqué.

Le TGI de Besançon a tranché le 3 avril : le Bol d'R, ouvert en octobre 2017 par le Collectif Solmiré (Solidarité Migrants-Réfugiés) au 26 rue d'Arènes, pour y accueillir en journée les personnes demandeuses d'asile maintenues à la rue par les services de l'Etat, doit être expulsé "sans délai".

Le juge a ainsi donné pleinement raison au bailleur, la SAIEMB Logement, dont la Ville de Besançon est l'actionnaire majoritaire, qui faisait valoir son "droit de propriété" et le "préjudice subi par une occupation sans droit ni titre" privant le propriétaire de la possibilité de louer un local commercial... qui était inoccupé depuis deux ans !

Faisant fi de toute considération humanitaire et sociale pour les personnes accueillies au Bol d'R par un collectif de bénévoles, ignorant le fait que Solmiré avait demandé dès novembre à la SAIEMB Logement la signature d'un bail locatif à faible coût, la décision du juge va plus loin encore : elle condamne l'association au paiement d'indemnités d'occupation équivalentes à 6 mois de loyer, soient près de 3400€, au profit du bailleur.

Ainsi, 6 mois de procédure en référé-expulsion, qui auraient pu permettre une négociation, une transaction amiable avec les responsables municipaux de cette société HLM, n'auront abouti qu'à ce constat : confortés dans leur tour d'ivoire de "personne morale à qui la protection d'intérêts collectifs n'incombe pas", les dirigeant-es de la SAIEMB Logement obtiennent ce qu'ils et elles voulaient à toute force, à savoir la condamnation par la Justice, à travers l'association Solmiré, des citoyen-nes solidaires des personnes migrantes à Besançon.

C'est à ceux qui ont refusé pendant des mois, obstinément, d'ouvrir dans un bâtiment de la ville un abri pour des familles en détresse, de donner asile et chaleur, en plein hiver, à des enfants, des femmes enceintes, des personnes malades, épuisées par l'errance,
c'est à ces puissants-là, qui ont le pouvoir de réquisitionner des logements et ne le font pas, ceux qui doivent porter assistance à personnes en détresse, qui doivent garantir à tous un accès à l'hygiène et la salubrité publiques, et ne le font pas,
c'est à tous ceux qui se défilent de leurs responsabilités,
ceux qui laissent les ordures s'amonceler autour des campements de fortune,
ceux qui donnent même l'ordre de démanteler les campements pour les faire disparaître, ceux qui exécutent les ordres,
c'est à ceux-là que, par ce jugement symbolique, la Justice donne raison.

Mais que peuvent-ils espérer de plus que cette condamnation de principe, "au nom du code de propriété" : cela empêchera-t-il les personnes migrantes de devoir survivre "à la rue" lorsqu'elles y sont rejetées, cela en empêchera-t-il d'autres d'arriver jusqu'à Besançon pour y demander l'asile ? Cela suffira-t-il à amener la Préfecture à prendre en charge tous les demandeurs d'asile pour leur assurer des conditions de vie digne sur le territoire de notre commune ?

Il est permis d'en douter pour peu que l'on veuille bien considérer la situation avec objectivité. Car les faits sont têtus.

C'est pourquoi Solmiré poursuivra son action de solidarité auprès des demandeurs d'asile dans le besoin, parce que, pour un nombre croissant de citoyen-nes, il est tout simplement inconcevable de détourner le regard de cette réalité : les migrant-es sont nos frères et soeurs en humanité, ils et elles ont des droits qu'il convient de faire respecter lorsqu'ils sont bafoués, ils et elles ont aussi des besoins immédiats à satisfaire, trouver un endroit où dormir, où manger, où se laver... un Bol d'Air !

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