Des Franc-Comtois à Notre Dame des Landes le 8 octobre 2016

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Samedi 8 octobre , nous étions 40.000 (12.000 d’après la police, mais ils n’ont pas pu voir la foule depuis leur lointain hélicoptère) à venir partager cette lutte, nous engager contre ce projet inutile d’aéroport à Notre Dame des Landes. Dans le bus affrété par la Confédération Paysanne de Bourgogne-Franche-Comté , des paysans et des citoyens solidaires prêts à se lever contre ce (ces) projet(s), prêts à défendre des terres agricoles, des landes, des bocages, le triton crêté, le campagnol amphibie, contre les bétonneurs acharnés .

« Nos bâtons contre leur béton ! » : nous étions invités à planter notre bâton dans la terre du bocage, en faisant le serment de venir le reprendre en cas d’irruption de la gendarmerie sur la ZAD (Zone A Défendre). Chacun a été invité aussi à déposer un livre (dédicacé) à la bibliothèque collective : futurs beaux échanges en perspective .

Cette journée a réchauffé le cœur des zadistes et des autres, tant on se sentait solidaires dans cette foule joyeuse, pacifiste, respectueuse des hommes et de la nature. Pas de détritus ni de cris, mais le sentiment de partager les mêmes valeurs dans cette détermination tranquille.

Toute la journée se sont succédé jeux de fête foraine, danses, concerts, mais aussi prises de parole et soutien d’autres lieux en lutte (Bure, 1000 vaches, Roybon, SOS Loire vivante …).

La violence d’une expulsion et la nécessité de s’y préparer étaient dans toutes les têtes : montage d’une charpente pour la construction d’un lieu d’accueil collectif en cas de repli, débroussaillage d’un espace d’accueil, atelier pour les personnes qui veulent grimper dans les arbres, mise en place d’une organisation collective en cas d’expulsion, notamment entre zadistes et riverains afin de faciliter l’organisation des lieux de repli. Beaucoup ne veulent rien lâcher, mais redoutent un affrontement qui semble inéluctable .

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Pourquoi, après la COP 21 et les larmes de Laurent Fabius (après d’âpres négociations aboutissant à des accords non contraignants), continue-t-on à bétonner nos champs ? La surface labourable d’un département est sacrifiée tous les 10 ans pour du béton, on continue de voir fleurir partout zones artisanales et commerciales, autoroutes, voies rapides, Center Parcs et autres méga-projets… promettant des emplois au nom de la sacro-sainte Croissance. Les médias et leurs experts entretiennent bien ce dogme et portent une lourde responsabilité. Cette logique a eu comme conséquence la non-modernisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique pendant des années (en attente du déménagement à NDDL). Trop d’avions survolent Nantes, pourtant il suffirait d’un nouvel aménagement avec la mise en place de trajectoires différentes pour réduire considérablement les nuisances sonores, comme cela a été fait à Marseille ou Toulouse. Cette option coûterait 10 fois moins cher que l’aéroport prévu à NDDL (+ grand que Roissy-Charles de Gaulle). A-t-on besoin de tant d’aéroports en France ? beaucoup sont déficitaires (Dijon a fermé), et l’Allemagne en compte 4 fois moins que nous. Mais on n’en est pas encore à une logique d’abandon des méga-projets .

Pourtant beaucoup de ces méga-projets (aéroport NDDL mais aussi 1000 vaches, Center Parc, autoroutes, etc.) sont à l’opposé d’une logique de redistribution économique. Ces méga-structures sont construites à l’aide de finances publiques, dégagent des bénéfices qui iront dans les poches des actionnaires (dont certains sont très gros), mais en cas de perte, ce seront encore les contribuables qui mettront la main à la poche. Ex à NDDL : le coût est payé à moitié par nos impôts (+ l’infrastructure d’accès également : liaison train-tram, routes), l’exploitation est cédée pour 25 ans à Vinci… mais les déficits de fonctionnement seront à la charge de l’état ! L’obstination des lobbies qui « travaillent au corps » les élus locaux comme ceux de l’Europe est immense.

Si cet aéroport se fait, il sera le symbole de l’absurdité, et d’une logique de croissance qui n’amène que destruction pour le profit de quelques-uns.

Dominique Henry

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