Dépollution à Avanne-Aveney après la décrue : une mobilisation citoyenne pour interpeller élu.es et industriels

Ce sont deux grands nettoyages de décrue qui ont été organisés par Alternatiba les deux derniers dimanches. Alors qu’est souvent mise en avant la pollution plastique des océans, on oublie qu’elle est présente devant nos portes. Et de nous mettre face à ce problème sociétal qu’est la production et la gestion de nos déchets. Citoyen.nes mais surtout élu.es et industriels doivent prendre leurs responsabilités.

À la suite des deux dépollutions organisées  sur les berges du méandre   du Doubs à Avanne-Aveney, site classé ENS (Espace Naturel Sensible) (1), le dimanche 7, puis le dimanche 14 mars, nous dressons une fois de plus le constat alarmant de la situation sanitaire et écologique liée aux déchets. Cette zone entièrement inondable, riche en biodiversité a été choisie pour ces actions de dépollution car préservée  d'une  activité humaine intense.

Nous avons collecté les déchets déposés par le Doubs à la suite de la récente crue et ceux présents avant celle- ci. Nous sommes choqué.e.s par la pollution des berges, de la rivière et des terres attenantes. Sans notre mobilisation, ces terres seraient restées polluées, la biodiversité endommagée, et la prochaine crue aurait emporté ces détritus, peut-être jusqu'à la mer.

Ces actions sont pour nous l’occasion d’interpeller les médias, les industriels et les élu.es pour leur rappeler leurs responsabilités.

Outre les déchets auxquels on pouvait s'attendre (ferraille, bouteilles, canettes, tissus...), nous avons été ahuri.es pas le nombre de lingettes nettoyantes en microfibres plastiques à usage unique que nous avons trouvées sur le site ( Vidéo tournée sur le site). Leur utilisation est intense depuis le début de la crise Covid et leur traitement est très compliqué.

La large enquête ( 2) de Zéro Waste Europe sur l'impact des protections menstruelles, couches et lingettes à usage unique est clair et nous invite à changer la manière dont nous les utilisons.

Nous exhortons les médias et la presse à faire un travail approfondi d'investigation pour évaluer l'impact de ces lingettes sur l'environnement mais aussi d'évaluer le coût qu’entraîne le traitement et la gestion de ces lingettes pour les pouvoirs publics.

Particulièrement en cette période de crise sanitaire, nous leur demandons de partager un message clair et de le diffuser largement au grand public. Les lingettes, comme les masques, doivent finir à la poubelle et pas ailleurs. Nous devons préserver la nature des conséquences de la crise Covid. Nous ne pouvons fermer les yeux sur ce que l'on peut définir comme un scandale sanitaire et environnemental.

Depuis la prise de conscience écologique, nombreux sont les industriels qui en profitent pour "verdir" leurs produits.

Les fabricants ont le devoir d'être clair sur la manière dont leurs produits doivent être jetés après utilisation au lieu de les présenter comme "biodégradables". Les utilisat.eur.rice.s se font duper !

D'autre part, beaucoup d'industriels ont largement bénéficié de la crise pour augmenter leurs parts de marché. Au regard de la Loi Économie circulaire et de la REP (responsabilité élargie des producteurs), ceux qui produisent entre autres des lingettes devront payer les organismes qui s’occupent de traiter leurs produits lorsqu’ils arrivent en fin de vie seulement à compter de Janvier 2024 (3). Alors qu'ils profitent de la crise pour produire et vendre plus de leurs produits néfastes, ils confient aux pouvoirs publics le traitement de leurs produits après usage sans y participer d'aucune manière. Il est aujourd’hui inacceptable que nos impôts réparent le manque de conscience écologique des industriels. La REP pour ces industriels doit s'appliquer dès aujourd’hui !

Par leur manque de réactivité ou leur volonté de ne pas changer, les décideurs et pouvoirs publics se rendent coupable d'inaction climatique ( 4). Alors que les municipalités connaissent parfaitement les problèmes (5  ) que causent ces lingettes, rien n'est fait pour réduire voire interdire leur production.

Nous les exhortons donc à agir rapidement pour mettre fin à ce scandale sanitaire et écologique.

Ils ont aussi le devoir d'entreprendre la dépollution de la nature. A la suite de chaque crue, toutes les municipalités doivent, dès maintenant, mettre en place des équipes nombreuses afin de dépolluer les rives des cours d'eau.

Les lingettes symbolisent le fonctionnement actuel de notre société court-termiste « On produit, on consomme, on jette » sans discernement et considération pour la Terre et ses habitant.e.s. Système que nous dénonçons et contre lequel nous nous révoltons.

Les déchets que nous avons collectés ne sont que l'arbre qui cache la forêt d'une pollution plus vaste.

Des chiffres alarmants

350 millions de tonnes : c’est la quantité de plastique produite chaque année dans le monde (6), dont 95% ne sont pas recyclés (7). En France, seuls 22% des 5 millions de tonnes de plastiques produits annuellement sont recyclés et seuls 6 % des plastiques mis sur le marché contiennent des matières recyclées ( 8,9). Notamment car des milliers de produits de consommation n’entrent dans aucune consigne de tri (9  ).

Près de 40 millions de tonnes de plastique sont rejetées chaque année dans l’environnement, dont plus de 23 millions sur les terres et près de 14 millions dans l’eau (10). Actuellement, environ 150 millions de tonnes de plastiques flottent dans l’océan. Et l’équivalent d’un camion-poubelle s’y déverse chaque minute. A ce rythme, en 2050 il y aura plus de plastique dans l’océan que de poissons ! (11,12)

Dans l’environnement, les plastiques se dégradent progressivement en microplastiques, puis en nanoplastiques, et contaminent les organismes vivants. Chaque année, 1,5 millions d’animaux meurent du fait de l’ingestion de plastiques. Ces déchets se retrouvent également dans nos verres et nos assiettes. En 2018, des chercheurs allemands ont prélevé 12 000 particules de plastique dans un seul litre d’eau composant la banquise de la zone arctique (12).

En l’absence de changement de politique, les quantités de plastique rejetées chaque année dans l’environnement pourraient presque tripler d’ici à 2040. Au contraire, ces dernières pourraient être réduites de près de 80 % grâce au déploiement d’un ensemble de stratégies : la réduction de la consommation de plastique, l’amélioration de sa collecte et l’amélioration de son recyclage (1  0).

Le meilleur déchet reste celui que l’on ne produit pas ! Interdire efficacement les plastiques à usage unique, favoriser le compostage, la consigne des bouteilles en verre, les friperies, les recycleries, la location, le vrac... Des solutions existent !

L’urgence climatique n’est toujours pas prise au sérieux !

 Un appel à témoignage a été lancé pour visibiliser les graves problèmes qu’entraînent l'existence de ces lingettes nettoyantes.

Les témoignages sont à nous transmettre via notre page Facebook ou bien à cette adresse : a lternatibzak@laposte.net

Ils signent aux côtés d'Alternatiba Besançon : ANV-COP21 Besançon, SOS Loue et rivières comtoises, zéro déchet Besançon

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