Déclaration du Comité de Groupe Europe de GE Power (PBC)

Cette consultation a été présentée par la direction comme la continuité de la consultation que GE Gas Power a réalisée en juin 2020 sur un changement organisationnel. Cette

précédente consultation s’est faite sur la base de principes généraux, sans détails à l'époque sur les conséquences et les impacts sur le contenu du travail des équipes.

Pour rappel, dans notre avis rendu en juillet, nous avions mis en avant les points de vigilance suivants, points qui n'ont malheureusement pas été pris en compte par la direction dans son nouveau projet :

·         Utilisation de l’expérience et des leçons tirées des travaux réalisés sur l’approche système en Europe (une application complète du commercial au support sur site ayant été mise en œuvre)

·         Remise en cause des réductions d’effectif et prise en compte de budgets pour accompagner les changements envisagés

·         Remise en cause de l'illusion financière de baisses des couts associés à la centralisation devenue excessive et analyse des problèmes et impacts à long terme

·         Priorité à une vision industrielle du groupe organisée par centre de profit (P&L), avec une responsabilité de gestion beaucoup plus claire, un programme d'investissement par localisation et une vision dédiée sur les programmes de R&D

·         Leadership de l’Europe sur le pôle EMEA avec une clarification de la feuille de route pour chacun des sites (périmètres d’activités et volumes)

Aucun de ces points de vigilance soulevés en juillet n'a été pris en compte dans la proposition de novembre qui prévoie 301 suppressions de postes en Europe et ne donne aucune des réponses attendues sur la stratégie industrielle pour l'Europe.

Depuis des années, les équipes européennes de GE Gas ont été confrontées à de nombreuses vagues de restructuration qui ont entraîné des milliers de suppressions d'emplois. Ce nouveau projet aura à nouveau un impact important sur la motivation des employés et leur foi en l'avenir. Avec ce plan, l'Europe sera à nouveau la partie du monde la plus touchée.

Dans cette nouvelle vague, comme dans toutes les précédentes, les fonctions de soutien sont touchées, déplaçant leur tâche vers les équipes opérationnelles qui devront faire le travail en plus du leur.

Les économies attendues liées à cette nouvelle vague de restructuration sont ridicules par rapport aux ambitions de l’entreprise. GE n'a fait aucune analyse des effets secondaire potentiel de ce projet sur sa capacité à atteindre ses objectifs.

En juillet, nous avons considéré les 4 piliers d'activités proposés comme un bon moyen potentiel de mieux gérer l'entreprise. Mais en examinant la proposition, nous ne voyons pas de moyens clairs pour soutenir ces lignes d'activités et en particulier celle d'Aero qui a un réel potentiel.

Ce projet ne s'inscrit pas dans la stratégie de GE telle que présentée par M. Strazik le 25 novembre dernier. Aucun moyen n'est prévu pour renforcer la sécurité, la qualité et la fiabilité qui sont considérées comme la base de la stratégie. Aucune analyse claire des résultats passés des programmes de baisse des coûts n'a été faite, alors qu’une des priorités de l'entreprise est de réduire les coûts variables. Il n'y a pas de déclinaison claire du rôle de l'Europe dans la priorité fondamentale de positionner l'entreprise pour un monde plus décarbonisé.

Pire encore, il semble que GE ne s'en tienne qu'à son approche financière. L'énergie de GE Gas est définitivement bridée par une politique d'austérité. L'entreprise continue à réduire ses coûts et à se concentrer sur les produits les plus rentables, favorisant les performances à court terme au détriment du positionnement du portefeuille à moyen et long terme. Cette recherche de rentabilité maximum se fait en abandonnant toutes les activités jugées "sans valeur" et en amenuisant de plus en plus des équipes européennes fragilisées, réduisant leur position et les empêchant d'atteindre le potentiel du marché du gaz. En conséquence, cela réduit une grande partie du marché pour l'activité de GE Gas. Plutôt que de trouver des solutions pour faire face à la concurrence sur un segment où les marges à un chiffre sont la règle, GE essaie de maintenir des marges à deux chiffres sur des segments de moins en moins nombreux.

De plus, la pleine compréhension sur le projet de la direction n’a pas pu se faire faute

d’informations suffisantes, pourtant demandées à maintes reprises et de façon précise. Le but d’une consultation est pourtant de permettre aux membres de pouvoir formuler un avis motivé et éclairé. Plutôt que de prendre le temps de répondre, la direction de GE a préféré mettre un terme à cette consultation, quitte à dénaturer le dialogue social.

Les points manquants sont :

-  La stratégie de GE sur la transition énergétique avec le rôle spécifique que jouera l'Europe : impact opérationnel et industriel, ainsi que niveaux d'investissement.

-  La stratégie d'investissement sur la décarbonisation ne nous a jamais été présentée, alors que ces investissements seront partagés avec ceux prévus pour la technologie, les outils de travail, la R&D, etc.

-  Les traductions des réponses à nos alternatives ne nous ont été communiquées qu'au milieu de la réunion, ce qui ne nous a pas permis d'avoir un échange constructif pour les défendre auprès de la direction.

-  Lors des réunions précédentes, nous avions demandé une étude d'impact : o Identification des risques

o  Probabilité d'occurrence

o  Évaluations de la gravité de l'impact potentiel

o  Solutions envisagées pour éliminer ou rendre le risque acceptable

-  Pas de présentation claire des rôles et responsabilités respectifs des divisions et des lignes d'activité.

-  Concernant le LEAN, il ne nous a jamais été expliqué de manière détaillée et précise, comment la direction entend réaliser ses gains de productivité. En outre, le LEAN sur les activités transactionnelles (hors production) n'a jamais été soumis à consultation.

-  L'organisation, la stratégie et les objectifs financiers sont globaux. L'Europe est donc dépendante d'autres parties du monde pour ces 3 points, mais nous n'avons pas de vision de la capacité globale de l'organisation ainsi que des objectifs financiers européens.

Ces éléments étant essentiels pour formuler un avis motivé et éclairé, le Comité Européen GE POWER ne se voit pas dans la capacité de rendre un avis et demande donc de prolonger la consultation.

Au moment où le comité se voit demander de rendre un avis, nous apprenons par voie de presse que Mr L.CULP, CEO de GENERAL ELECTRIC va toucher un bonus de 47 millions de dollars pour service rendu à l’actionnaire.

Nous ne pouvons qu’en conclure que les licenciements de demain ne serviront qu’à financer les intérêts d’un seul homme. Il aurait été plus judicieux, si l’avenir de l’entreprise était une priorité comme il aime à le crier dans ses communications, qu’il refuse son bonus. Et

qu’ainsi l’argent économisé serve à empêcher des licenciements de façon à maintenir et développer les emplois et les compétences au sein de l’entreprise.

Dans tous les cas, cela démontre bien que les restructurations successives que connaît

l’entreprise, et plus particulièrement le secteur Gaz, depuis des années ne sont pas mises au service de l’entreprise mais au profit unique de la finance !

Vu le rôle majeur de GE dans la filière industrielle de l’énergie en Europe, nous sommes en droit d’attendre autre chose d’un groupe de cette envergure. Car si nous laissons les entreprises comme GE pouvoir licencier à tour de bras, et détériorer les conditions de travail au seul motif de l’actionnariat tout puissant, c’est oublié le rôle structurant de l’industrie sur l’emploi, mais aussi la maîtrise énergétique de l’Europe.

L’industrie demande du temps et de l’investissement. Tout le contraire du pilotage au trimestre que demande la financiarisation et comme le fait GE.

Avec leurs savoir-faire et leurs compétences qui ont fait le renom de l’industrie européenne et mondial, les salariés de GE ont des métiers utiles et nécessaires à une transition énergétique pour l’accès à une énergie décarbonée et accessible à tous.

L’expertise a démontré que seulement un tiers de emplois sont potentiellement le fruit d’une baisse de commande. Le reste ne répond qu’à une augmentation des marges de profit. Ce sont bien les choix que GE fait qui hypothèquent l’avenir, pas le marché !

C’est pour toutes ces raisons que nous, représentants des employés de GE Power, sommes amené à questionner l’avenir de cette entreprise sous le management de General Electric

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