Décès de l’opposant algérien Hocine Aït-Ahmed

Le décès à 89 ans de Hocine Aït-Ahmed, l’un des pères de l’indépendance de l’Algérie et opposant au régime d’Alger pendant un demi-siècle, marque la fin d’une époque. 

Intervenant dans le numéro de juin 2005 de la revue Ensemble éditée par l’Association Culturelle d’Education Populaire, Hocine Aït Ahmed, leader du Front des Forces Socialistes et dirigeant historique de l’insurrection du FLN en 1954, y tenait des propos assez surprenants sur les Pieds Noirs et leur expulsion d’Algérie en 1962.

Sur un ton passionné, il dénonce la véritable « tragédie humaine » qu’a constituée le départ forcé des populations françaises d’Algérie en 1962. Il estime que c’est « plus qu’un crime, une faute » commise par le Front de Libération Nationale, dont il est un des chefs fondateurs et dont il était encore membre à l’époque. Il ajoute que cette faute a pris un triple aspect « politique, économique et même culturel ».
En effet, d’après lui les citoyens non-musulmans auraient dû garder toute leur place dans l’Algérie indépendante car « les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. »
Sur un plan plus économique, Aït Ahmed regrette qu’en forçant les Européens au départ, l’Algérie nouvellement indépendante se soit privée d’un formidable réservoir de main d’œuvre formée, productive et compétente : « Avec les Pieds Noirs et leur dynamisme - je dis bien les Pieds Noirs et non les Français - l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine, méditerranéenne. »
Il sous-entend donc que le choix de tourner radicalement le dos à l’Europe occidentale et d’ouvrir l’Algérie aux professeurs arabes, Egyptiens, Syriens et autres Palestiniens ainsi qu’aux ingénieurs soviétiques fut une erreur coûteuse qui a conduit l’Algérie sur la voie du sous-développement. Il oppose à cette stratégie arabiste et tiers-mondiste, décidée à l’époque par le FLN, une sorte de « troisième voie » qui aurait vu l’Algérie s’appuyer sur ses compétences internes, alors essentiellement détenues par les « Européens », pour créer les conditions d’une croissance économique saine.

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Deces-de-l-opposant-historique-algerien-Hocine-Ait-Ahmed-2015-12-24-1396755

Laisser un commentaire