Courrier adressé aux députés Sommer et Barbier de LAREM

Messieurs,

Au préalable, nous tenons à vous indiquer que les élus du Parti Socialiste comme du parti Les Républicains auraient pu être destinataires de ce courrier, mais comme vous souhaitez nous rencontrer, c’est à vous que nous l’adressons.

Nous avons appris que vous voulez nous voir en visioconférence avec les organisations syndicales de l’hôpital Nord Franche-Comté. Nous avons fait le choix de vous envoyer ce courrier pour vous expliquer notre vision des choses.

En premier lieu, nous nous adressons à Monsieur Frédéric Barbier. Notre syndicat a déjà eu l’occasion de vous rencontrer lorsque vous étiez député du Parti Socialiste pendant le quinquennat du Président de la République François HOLLANDE. Lors de cet entretien, nous vous avions alerté sur la situation catastrophique de notre hôpital concernant le manque de lits, le manque de personnel, les heures d’attente sur les brancards pour les patients aux urgences et la dégradation de nos conditions de travail dans tous les secteurs. Nous nous souvenons de votre attitude, vous n’avez pas été à notre écoute et vous avez passé votre temps à nous contredire. Cet entretien n’a servi à rien puisque la situation de notre hôpital a continué à se dégrader.

Messieurs les Députés, nous pensons que vous êtes attachés à lire la presse régionale, à écouter la radio (France bleu Belfort Montbéliard) et à regarder le journal télévisé de France 3 Bourgogne Franche-Comté pour connaître l’actualité de votre région. Donc vous avez pu constater qu’à travers nos interventions dans les médias, notre syndicat n’a pas cessé de dénoncer les suppressions de postes, de lits et de services depuis la fusion des deux hôpitaux de Belfort et Montbéliard.

Malgré cela, la situation de nos hôpitaux sur le territoire national a continué à se dégrader et notre hôpital est loin d’avoir été épargné. Aujourd’hui vous voulez nous voir, mais de quoi allons-nous parler ? Des 22000 postes et 16000 lits que votre ancien parti politique (le PS) a supprimé dans les hôpitaux dans le cadre de la loi (Santé) de Marisol TOURAINE, de la loi EL KHOMRI (loi travail) qui a cassé le code du travail. Mais aussi de votre dernier vote favorable concernant le budget de la sécurité sociale qui va aggraver une nouvelle fois les conditions d’accueils des patients et les conditions de travail des agents, de la réforme de la retraite à points par capitalisation qui va aggraver le pouvoir d’achats des retraités.
La progression de l’ONDAM hospitalier ne sera que de 2,4 % cette année alors que la cour des comptes chiffre elle-même, à 4,4 % la croissance spontanée des dépenses hospitalières. Même en sachant cela, vous avez voté favorablement pour ce budget. Une nouvelle fois, vous avez décidé de nous étrangler financièrement.

Pendant plus d’un an, le personnel des urgences des hôpitaux a été en grève pour exiger des augmentations de salaire (+300 euros nets pour tous les salariés de l’hôpital), exiger + de moyens en personnel et exiger la réouverture des lits qui ont étés fermés ces dernières années. Ensuite, la grève s’est généralisée à l’ensemble des hôpitaux et de nombreux médecins chef de service ont démissionné de leurs fonctions administratives. A ce jour, leurs revendications sont toujours rejetées par votre famille politique La république En Marche.

Nous faisons le constat qu’à travers vos choix politiques, vous avez décidé de dégrader l’hôpital public et les populations d’hier comme d’aujourd’hui en payent les conséquences. Nous sommes à des années lumières de vos idées et accepter de vous rencontrer aujourd’hui nous parait totalement ubuesque. Cependant, nous espérons que la crise sanitaire que nous vivons dus au COVID 19 va vous faire comprendre qu’il faut urgemment un changement de politique, il nous faut des moyens supplémentaires.
L’épidémie démontre que nous manquons de moyens en lits, en personnel et en matériels dans nos hôpitaux.

Il a fallu doubler en urgence la capacité des lits de réanimation sur le territoire national et transférer de nombreux patients au bout de la France pour que nos hôpitaux puissent continuer à accueillir les patients les plus atteints du COVID.

Il a fallu arrêter de nombreuses activités au sein de nos hôpitaux pour que ceux-ci se consacrent à l’épidémie de COVID 19. Les patients atteints de maladie chronique n’ont pas pu être suivis, leur santé risque de s’aggraver dans les jours et mois à venir.

Il a fallu transformer de nombreux lits de médecine/chirurgie en lits COVID pour pouvoir nous occuper des patients atteints dans un temps record, cela laissera des traces psychologiques sur les agents déjà très éprouvés avant la crise.

Les étudiants des métiers de la santé ont été appelés à renforcer les équipes de soins, la sécurité civile et les pompiers sont aussi venus prêter main forte, sans eux, nous n’aurions pas pu faire face. Dans certaines régions, il a fallu faire appel au bénévolat et c’est toujours d’actualité.

Il a fallu faire un appel aux dons de matériel de protection très tôt et c’est grâce aux entreprises que nous avons eu des masques FFP2, des masques chirurgicaux, des sur-blouses etc. Le gouvernement en début de crise a été incapable de nous livrer le matériel pour nous protéger et encore aujourd’hui, il est distribué aux comptes gouttes au personnel.

Notre pays connaît un véritable drame et de nombreuses familles sont endeuillées. Un grand nombre de personnes atteintes du COVID 19 auraient pu être sauvés si autant de lits et de personnels n’avaient pas été supprimés ces dernières années par les partis politiques LR anciennement l’UMP sous la présidence de Nicola SARKOZY, par le PS sous la présidence de François HOLLANDE et par la République En Marche présidé aujourd’hui par Emmanuel MACRON. Pour rappel, 100 000 lits ont été supprimés en 20 ans dans les hôpitaux. Localement, nous avons subi la suppression de 200 lits de médecine/chirurgie depuis la fusion des hôpitaux de Belfort et Montbéliard et la suppression de plus de 200 postes. Les 200 lits de psychiatrie publique que nous avions ont été privatisés et son personnel mis à disposition du privé.
Si la CGT avait été écoutée par vous et les familles politiques citées, nous aurions pu affronter cette crise avec des moyens supplémentaires. Vous ne pouvez pas réparer vos erreurs d’hier, mais aujourd’hui, vous pouvez en mesurer les conséquences.

La crise sanitaire que nous vivons n’est pas terminée et nous attendons du Président de la république des mesures fortes dès maintenant.

Nous exigeons :
- Une augmentation de nos salaires pour tous les salariés de l’hôpital de 300 euros net soit 80 points d’indice/mois,
- Nous exigeons des moyens financiers pour permettre des créations de postes pour une mise en place d’effectifs correspondant à la charge de travail dans tous les services. Ces moyens pourront être financés par la suppression de la taxe sur les salaires,
- Nous exigeons un stock de matériel de protection au niveau national pour pouvoir nous protéger des épidémies,
- Nous exigeons la mise en stage de tous les contractuels de l’établissement,
- Nous exigeons une augmentation de 5% au minimum de l’objectif national des Dépenses d’assurance Maladie (ONDAM) pour permettre de faire face aux augmentations des produits dont l’hôpital a besoin,
- Nous exigeons un plan de financement pour permettre la réouverture des lits qui ont étés supprimés. Le manque de lit désorganise l’hôpital,
- Nous exigeons la suppression du jour de carence.

Veuillez recevoir Messieurs, nos sincères salutations.
Pour la CGT Hôpital Nord Franche Comté
Le secrétaire Général
Bruno LEMIERE

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