Alors que la deuxième phase du déconfinement a commencé ce mardi 2 juin avec une réouverture presque générale de tous les lieux qui avaient dû fermer, les premières annonces concernant la rentrée universitaire en Franche-Comté ont été communiquées aux personnels de l'établissement.
Une note de cadrage, qui n'a fait l'objet d'aucune discussion dans les instances élues de l'université, a en effet été envoyée le vendredi 29 mai au soir dans laquelle nous apprenons les éléments suivants :
- La capacité des amphis, selon leur configuration, sera comprise entre 10 et 25 % de leur capacité actuelle et celle des salles de cours/TD à 30% (tables de 2) ou 50% (tables individuelles) ;
- Le CROUS prévoit de restreindre son offre habituelle du service aux étudiant.e.s et personnels en matière de restauration. Ces contraintes conduiront nécessairement à une réduction du nombre de personnes présentes sur les campus ;
- Par conséquent, il a été fait le choix de réduire de 80% le volume de l'enseignement présentiel en moyenne sur l'université ;
- Il s'agit d'une moyenne et des formations seront prioritaires par rapport à d'autres pour proposer du présentiel ;
- Aucun moyen supplémentaire, tel que le dédoublement des groupes de travaux dirigés, n'est envisageable ;
- Le calendrier universitaire demeure inchangé.
Ces conditions dans lesquelles se déroulerait la rentrée universitaire semblent avoir été choisies comme la solution de facilité pour ne répondre qu'à un impératif sanitaire très strict, faisant fi de considérations pédagogiques et sociales pourtant tout aussi importantes. Elles préfigurent un traitement à part qui serait réservé à l'Université, en faisant d'elle une exception par rapport aux autres lieux de la vie sociale et économique. Alors que les magasins et autres lieux à vocation commerciale sont autorisés à recevoir à nouveau du public sous certaines conditions, l'Université, elle, se voit soumise à des restrictions drastiques dans ses missions fondamentales. Elles ne font finalement que refléter le manque chronique de moyens, de locaux permettant d'accueillir tout le monde dans de bonnes conditions, de personnels enseignants, techniques et administratifs.
Nous ne pouvons donc nous satisfaire de ces annonces.
Nous pensons aux lycéen.ne.s qui, depuis le mois de mars, n'ont eu qu'un contact par écrans interposés avec l'institution scolaire et qui vont vivre leurs premiers mois universitaires de la même façon. L'adaptation au supérieur n'est déjà pas aisée quand les conditions sont normales et le taux d'abandon est particulièrement important lors du premier semestre de la première année de licence. Bien que la note de cadrage attire l'attention sur cette population, la limitation de la capacité d'accueil fixée globalement à 20% est très largement insuffisante pour répondre à cette problématique puisque les néo-bacheliers représentent déjà 20% des étudiant.e.s dans notre université.
Le risque d'abandons massifs et de décrochage, en particulier des plus vulnérables et des moins doté.e.s socialement, est d'autant élevé que nous estimons, dans ces conditions, le nombre d'heures de cours en présentiel en licence à 4 heures par semaine environ, selon un calendrier qui changera toutes les semaines. Il y a fort à parier qu'un grand nombre d'étudiant.e.s ne viendra pas du tout car les coûts en logement et en transport ne paraîtront pas justifiés, et ceci d'autant plus que les cours seront censés être disponibles en ligne.
Or la période vécue actuellement nous montre toutes les limites de l'enseignement à distance.
D'un point de vue pédagogique, nous avons pu constater au cours de ces dernières semaines que la disparition de l'interaction enseignant/étudiant ne permet pas la réussite du plus grand nombre. Une salle de cours ou un amphithéâtre n'est pas seulement un lieu où l'enseignant.e débite son savoir et les étudiant.e.s prennent des notes sans réagir. Bien que présente dans l'imaginaire de beaucoup, cette image est erronée car en cours les interactions sont nombreuses. Que ce soit par les prises de parole ou par des interrogations qui se lisent sur le visage des étudiant.e.s, l'enseignant.e réajuste en temps réel son discours et ses explications.
Bien que largement évoquée pendant cette crise, nous rappelons également que la fracture numérique est bien présente, du fait d'un matériel inadapté ou une connexion insuffisante. Les difficultés vont se poser dès cet été pour les inscriptions et les réinscriptions si l'université reste fermée au public. Proposer plus de 80% (voire 100%) d'enseignement à distance pour une formation, c'est faire le choix de laisser sur le carreau bon nombre d'étudiant.e.s. Le casse-tête non résolu au sujet des examens, les controverses sur les examens à distance et les entreprises de télésurveillance montrent que l'idée d'une université convertie au tout numérique est une impasse.
D'un point de vue social, les universités sont des lieux de vie qui ne se résument pas aux enseignements dispensés. La vie associative y est active, les rencontres nombreuses et les cafétérias fréquentées. Être étudiant.e, c'est aussi conquérir son autonomie. Cela ne se résume pas à suivre des cours derrière un écran. Il faut que les universités et les campus reprennent vie.
Voici quelques éléments de réflexion pour sortir de cette impasse de l'université numérique :
- Décaler d'un mois la rentrée universitaire pour adapter les solutions aux conditions sanitaires réelles et non hypothétiques ;
- Avoir une réflexion collective sur l'utilisation des salles dans les composantes, y associer l'ensemble des opérateurs publics et privés en vue de trouver de nouvelles salles possibles ;
- Recruter du personnel : une campagne complémentaire de recrutement d'ATER (attachés temporaires d'enseignement et de recherche) peut être lancée pour la rentrée car les candidats ne manquent pas ; ouvrir tous les postes gelés par le président Jacques Bahi depuis 2012 ; embaucher des personnels d'entretien, techniciens audiovisuels et informaticiens.
Et si jamais une deuxième vague d'infections devait conduire à un nouveau confinement :
- S'assurer dès la rentrée que tous les étudiants qui en font la demande soient équipés d'un matériel fonctionnel (ordinateur portable, clé 4G+ en cas de non connexion du domicile, etc.) ;
- Prévoir des envois postaux pour les étudiant.e.s (et les enseignant.e.s) qui préfèrent travailler sur papier.
Nous n'avons pas la prétention de trouver la recette miracle, mais cette solution a minima proposée par la présidence, sans concertation, ni avec le personnel, ni avec les étudiants n'est pas à la hauteur des enjeux pédagogiques et sociaux actuels. Et partout nous entendons que le dialogue social sera et devra être la réponse aux futurs enjeux que cette crise sanitaire, économique et sociale a créés.
Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux.
CGT FERC SUP, FSU SNASUB SNESUP FSU, SUD EDUCATION FRANCHE-COMTE
aires isabelle
Tout est dit et une fois
Tout est dit et une fois de plus, je suis étonnée que personne ne réagisse, alors que ce site offre cette possibilité!
et je voulais transmettre un message , rendre hommage à George Floyd, pétition sur Avaaz, ( par exemple),
Ses dernières paroles .. pas de mots