Communication malhonnête du ministre Blanquer à la veille de le rentrée des écoles le 26 avril : il se moque des enseignants, des élèves et de leurs familles !

Le problème du manque d’enseignants pour remplacer les professeurs des écoles absents n’est pas nouveau, il est antérieur à la crise sanitaire puisque déjà en février 2020, juste avant le premier confinement, 73 classes des écoles du Doubs étaient chaque jour sans enseignant. Ce nombre n’a pu qu’augmenter avec le contexte de crise sanitaire, entre les enseignants malades et celles et ceux placés en éviction.

Lorsqu’un professeur d’école est absent et non remplacé, ses élèves sont accueillis dans les autres classes de l’école sauf si des parents d’élèves préfèrent et peuvent garder leur enfant à la maison pour éviter cet accueil en surplus dans les autres classes.

Dans le contexte sanitaire actuel, cette organisation va à l’encontre de la sécurité de toutes et tous puisque les groupes classes sont ainsi surchargés et brassés alors même que cela est contre indiqué par le protocole sanitaire et que les enseignants font tout leur possible au quotidien pour éviter les brassages (récréations échelonnées, répartition des locaux, modification des emplois du temps, abandon d’activités en décloisonnement ou en commun à plusieurs classes…)

La sonnette d’alarme avait été tirée sur ce sujet depuis des mois par les enseignants et les représentants de leur syndicat majoritaire, le SNUipp-FSU. Enfin le 23 avril, le ministère a apporté une réponse, bien discrètement par le biais du document officiel FAQ COVID-19 sur le site education.grouv.fr. Il stipule :

  • Dans les écoles, lorsqu’un enseignant absent ne peut, malgré le renforcement des moyens de remplacement, être immédiatement remplacé, les élèves ne peuvent en aucun cas être répartis dans les autres classes. L’accueil des élèves est alors suspendu dans l’attente de l’arrivée du professeur remplaçant. »

Cela signifie que lorsqu’un enseignant est absent et non remplacé, les élèves ne sont pas accueillis à l’école mais doivent rester chez eux.

Pourtant la communication du ministre sur les ondes radios le 23 avril au matin ne faisait absolument pas état de cette décision. Ses propos ont été les suivants :

  • Dans cette dernière ligne droite de l'année scolaire, nous ouvrirons autant de postes que nécessaire pour le remplacement »
  • Nous nous mettons vraiment en situation de pouvoir remplacer dans tous les cas. Les cas où on est obligé de répartir les enfants doivent rester exceptionnels et nous recommandons évidemment de ne pas le faire puisque c'est contraire à la règle de non brassage. »
  • Nous faisons tout pour que ça n'arrive pas. Nous avons organisé les choses pour que le plus possible, (il y aura peut-être des exceptions mais le plus possible), le remplacement se fasse à chaque fois. »

Pas un mot sur ce qui est indiqué sur le site ministériel en cas de non remplacement (retour maison) et pourtant, c’est bien cette situation qui va s’imposer dans des dizaines de classes et à des centaines de familles dès la semaine prochaine.

Nous le savons, l’expérience l’a montré : il sera tout à fait impossible de recruter autant d’enseignants que nécessaire pour pouvoir remplacer dans tous les cas !

Tout d’abord, le ministre parle d’ « ouvrir des postes ». Il s’agit en fait de recrutements de personnels non formés

  • l’enseignement sur des contrats de quelques mois qui sont ensuite remerciés sans aucune possibilité d’accès privilégié à la profession. Malgré le contexte, le ministre a refusé, pour augmenter le nombre d’enseignants, que soient finalement admis les candidats au concours d’enseignants inscrits sur la liste complémentaire, les premier recalés du concours, ceux qui se sont préparés, qui ont un début de formation et qui n’attendaient que d’être repêchés.

Ensuite, lenombre autorisé de tels recrutements est notoirement insuffisant pour pallier le manque mais de toute façon, le DASEN du Doubs peine à recruter ces personnels à la hauteur de ce que le ministère l’autorise. Cette année, entre 30 et 40 personnels contractuels ont déjà été recrutés entre septembre et mars dans le Doubs et il faudrait plus que doubler ce contingent pour que chaque classe bénéficie chaque jour d’un enseignant (formé ou non). Même si le ministre promet des recrutements, ils ne seront à cette période de l’année plus possibles, ou alors en nombre symbolique.

La probabilité que les annonces du ministre soient représentatives de la réalité est nulle. Il n’est pas possible qu’il ne soit pas informé de la réalité du terrain tant ce problème du manque d’enseignants est répandu à travers tout le territoire. Le ministre se moque des enseignants, des élèves et de leurs parents !

La solution de renvoyer les élèves chez eux lorsque l’enseignant absent n’est pas remplacé est-elle satisfaisante ?

Nous sommes obligés de nous en satisfaire en tant que mesure d’urgence puisqu’elle répond à un besoin en termes de sécurité sanitaire, autant pour les personnels des écoles que pour les élèves et surtout leurs familles.

Cependant, toute organisation qui engendre une déscolarisation des enfants est à déplorer. La poursuite de la crise sanitaire durant l’année scolaire 2020/2021 était annoncée de façon unanime par les spécialistes depuis juin 2020. Le ministère aurait dû anticiper le recrutement de personnels supplémentaires pour permettre la poursuite de la scolarité sans brassages malgré les absences dues au virus.

La défaillance et le défaut d’anticipation vont plonger de nombreux parents dans la difficulté lorsqu’il leur faudra garder leur enfant à la maison au pied levé en cas d’absence de l’enseignant. La moindre des choses aurait été d’informer massivement la population de cette modification de l’obligation d’accueil dans les écoles au lieu de laisser croire, par des annonces médiatiques hier encore, que tous les remplacements seraient effectifs !

Une fois de plus : désorganisation, contradictions, incohérences, mensonges… Et les enseignants : débrouillez-vous avec les parents d’élèves auxquels de fausses informations ont été communiquées !

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