Comment lutter contre l’obsolescence programmée ?

Lutter contre l'obsolescence programmée

« Il vaut mieux acheter un nouvel appareil plutôt que de le réparer. » Qui n’a jamais entendu cette remarque de la part d’un vendeur ou d’un réparateur ? Ou bien même celle-ci : « Le montant des réparations dépasse la valeur de l’appareil, je ne peux pas le réparer. »

L’obsolescence programmée de nos objets nous conduit à devoir acheter pour les remplacer. Une société de consommation qui fait fonctionner à plein notre économie mondiale, procure de l’emploi, rempli les carnets de commandes. Tout va bien. Vraiment ?

Tout est fait pour nous pousser à jeter et à acheter de nouveau. Les efforts déployés ici ou là par les citoyens ou les pouvoirs publics se heurtent à l’inventivité des fabricants et concepteurs d’objets. La fin programmée des objets n’est pas le seul moyen de nous pousser vers les magasins. Le prix des pièces de rechange en est également un rendant le coût des réparations très élevé, trop élevé.

En voici une illustration.

Début juillet, l’ordinateur portable avec lequel je frappe les touches pour écrire ces lignes aujourd’hui s’éteint brutalement. Ça sent le brûlé… Aie… Je vais chez un réparateur très connu et très compétent. Celui-ci, après un rapide coup d’œil, puis un test sommaire, me dit que la carte mère de l’ordinateur semble HS, le disque dur SSD M2 également et qu’il n’y a plus rien à faire… que d’acheter un autre ordinateur. Vraiment ?

Je demande un 2e avis dans le Jura à un autre professionnel. Celui-ci accepte de faire un diagnostic complet (moyennant 35 €) en faisant tester mon appareil à Dijon.

Le diagnostic tombe : le coût des réparations est de… plus de 2000€. Ah oui, là ça pique un peu. Votre conscience écologique en prend un coup. Vous étiez prêt à y mettre de votre poche pour éviter qu’un objet électronique de plus ne vienne polluer une plage d’Afrique. Mais là, c'est trop.

Qu’est-ce qui justifie un tel prix ? La main-d’œuvre ? Non. Celui des pièces : une carte mère, ça vaut plus de 900 € en réparation. Si ce n’était que la carte mère, mais il faut changer aussi les deux ventirads (ventilateurs), acheter de la mémoire parce qu’il n’y a qu’une barrette de 4 go et « c’est pas normal parce qu’il devrait y avoir 8 Go », un disque dur SE M2, et comme il y a une petite bosse sur le boîtier il faut le changer, ah et aussi la pile du bios, la batterie...

Me voilà reparti avec mon appareil sous le bras et un devis pour un nouvel ordinateur de 10 euros moins cher que le devis des réparations.

Puisque personne ne veut ou ne peut réparer mon ordinateur, Je décide de relever le défi de le faire moi-même, après avoir vu sur internet une carte mère identique pour 120 euros, en Chine. Bien sûr, je prends un risque d’acheter des pièces « non officielles » et de ne pas parvenir au résultat attendu.

Commençons par démonter l’ordinateur et voir si je peux facilement extraire la carte mère. Heureusement pour moi, c’est possible. Ce n’est pas toujours le cas. Les ingénieurs sur commande des constructeurs rendent parfois cela impossible. Mettre des freins à la réparation des objets, ne serait-ce pas injuste et condamnable ?

Je dévisse les toutes petites vis avec les outils nécessaires achetés pour l’occasion. Cela ne prend que quelques minutes. Quelques photos sont prises pour aider ensuite au remontage. Ne pas perdre les vis ! Voilà la carte mère sortie du boîtier.

Je décide de ne changer que la carte mère, le disque dur et la batterie. Et encore, ce n’était pas sûr que cette dernière soit HS, mais je ne voulais pas prendre le risque d’endommager les nouvelles pièces et n’avais pas les moyens de la tester (je me doutais bien que cela n’avait pas été fait).

Dix jours plus tard, les pièces sont arrivées (par avion !) En moins d’une heure l’ordinateur est remonté… et s’allume de nouveau… Coût de l’opération : moins de 350 euros pour un ordinateur de 2015 d’une valeur initiale de 1 350 €.

Certes, on peut commettre des erreurs. Mais cela ne doit pas nous arrêter. Dans le cas présent, deux petites erreurs : avoir acheté un disque dur SSD M2 non compatible (il a fallu donc en acheter un autre) et avoir écouté un des réparateurs me dire qu’il fallait acheter 8 Go de RAM. Visiblement, il ne savait pas que la carte mère comportait déjà 4 Go de mémoire et qu’avec la barrette de 4, cela faisait 8. Ce n’est pas très grave, je me retrouve avec 12 go de mémoire vive. Également une grosse déconvenue : avoir formaté par erreur après un téléchargement, le disque dure qui avait été sauvé initialement ! Le bon côté des choses est que cela m'a permis de rechercher et savoir (sans dépenser d'argent), récupérer les données d'un disque dur formaté par erreur. Ce qui me fait dire que les erreurs nous enseignent, dès lors qu'elles ne résultent pas d'une négligence mais d'une méconnaissance.

Lutter contre l'obsolescence  programmée demande de l'audace. Partageons nos initiatives, participons à des ateliers de réparations, d'échange de services. Forçons les industriels à concevoir des objets prévus pour durer et réparables, et dites aux réparateurs qu'il est possible de réparer, et que, c'est même un devoir.

Moral de cette histoire : ne jamais laisser tomber !

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