Chasse et confinement : le Ministère de la Transition écologique cède sous la pression des chasseurs

Alors que les Français.e.s sont privé.e.s de sortie à plus d’un kilomètre de chez eux, les chasseurs peuvent désormais bénéficier d’une dérogation : le secrétariat d’État à la Biodiversité leur a donné, le 31 octobre dernier, le feu vert pour pratiquer leur activité sous conditions. En Bourgogne Franche-Comté, les 8 Préfectures ont toutes publié un « arrêté relatif à la mise en œuvre de dérogations au confinement en matière de régulation de la faune sauvage et de destruction d'espèces animales susceptibles d'occasionner des dégâts ».

Si, selon Bérangère Abba, secrétaire d’État à la biodiversité, il s’agit de “protéger les cultures, les forêts et les biens”, les écologistes s’interrogent sur l’absence à ce jour de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) dans la mise en place de ces dérogations et plus précisément sur une action cynégétique administrative de régulation. Pour rappel, cet établissement, créé au 1er janvier 2020, est dédié à la sauvegarde de la biodiversité. De plus, ces dérogations se fondent sur une démarche “préventive” et non sur des dégâts constatés et effectifs.

Bien que la circulaire limite les motifs de chasse à certaines espèces – dont les sangliers et les chevreuils – certaines Préfectures permettent également le piégeage et la destruction des renards, fouines, corneilles ou corbeaux freux notamment. Certes la régulation de ces espèces dites « susceptibles d’occasionner des dégâts » est un véritable enjeu, mais elle ne justifie pas l’intervention systématique des chasseurs, comme le prétend Willy Schraen, le président de FNC ; d’autres solutions non létales pouvant être mises en œuvre. Rappelons au passage que cette prolifération est favorisée par l’élimination, par l’Homme, de prédateurs naturels jugés dangereux (loups, renards, ours, lynx) et aussi par des pratiques d’agrainage qui font proliférer ces espèces.

Ces dérogations posent également une question évidente d’accès à la nature. Autoriser les chasseurs à pratiquer leur « loisir », c’est priver les Français.e.s du plaisir des espaces naturels en toute quiétude et instaurer une absence d’équité dans la mise en œuvre de ce re-confinement. Rappelons également que la chasse nuit à la sécurité humaine : selon l’OFB, il y a eu 141 victimes de la chasse dont 11 accidents mortels lors de la saison 2019-2020. Est-il raisonnable de permettre une activité si accidentogène, alors que nos soignant.e.s doivent surmonter la deuxième vague de cette pandémie et qu’il faut tout faire pour ne pas surcharger nos structures de soin ?

Autoriser la chasse en cette période revient non seulement à offrir un passe-droit dont les pratiquant.e.s d’autres loisirs ne bénéficieront pas, mais aussi à empêcher un répit bienvenu pour une faune sauvage déjà fortement malmenée par la sécheresse de cet été et par l’érosion de la biodiversité.

Europe Écologie Les Verts s’oppose donc fermement à ces dérogations et EELV Franche-Comté et EELV Bourgogne demandent :

- Que l’OFB organise la « régulation » avec l’appui des fédérations et associations de chasse ; et conduise cette régulation avec transparence et la stoppe quand les objectifs sont atteints.

- Que l’on instaure enfin un jour du week-end sans chasse, confinement ou pas. Que chacun puisse se promener au moins une journée par semaine en toute quiétude dans une nature apaisée.

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