Charles Fiterman : Une orientation politique qui conduit le pays au désastre

Aujourd'hui adhérent du PS, Charles Fiterman fut, de 1981 à 1984, l'un des quatre ministres communistes du gouvernement Mauroy après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Il a accepté que Factuel publie cette tribune qu'il a d'abord adressée à Médiapart qui l'a publié le 4 janvier.

Le projet de réforme constitutionnelle et son ″fleuron″, la déchéance de nationalité, exprime une orientation politique qui conduit le pays en général et la gauche en particulier au désastre. 

Face aux événements dramatiques intervenus en 2015, cette façon de privilégier la réponse répressive, aussi nécessaire soit celle-ci, ne saurait convenir. Bien loin de garantir la sécurité des citoyens et la paix civile, elle ne conduira qu’à la montée des haines et des violences dont Ajaccio vient de donner un premier exemple. 
Pourquoi une telle obstination à mener à bien un projet dont chacun s’accorde à dire qu’il ne sera d’aucune efficacité concrète ? Ce serait un symbole ? Mais quel est ce symbole qui vaut de fracturer la gauche, de déboussoler le pays, de légitimer le discours rétrograde de tous ceux qui, depuis deux siècles, se sont opposés au message de liberté et de fraternité qui a fait le rayonnement de la France. 

Parlons clair. L’obstination à mener à bien un tel projet participe de l’espérance illusoire qu’il peut contribuer à obtenir la réélection de François Hollande en 2017. Mais quelle victoire peut naître d’une gauche en miettes et d’une extrême droite aux idées triomphantes ? Au-delà même de cet objectif, les coups de boutoir du Premier Ministre servent un projet à plus long terme : casser le parti socialiste et entraîner ce qui en restera dans une hypothétique alliance avec une partie de la droite.

Ce retournement d’alliance marquerait la fin d’une stratégie : celle de l’union des forces de gauche qui a permis quatre victoires électorales nationales, dont l’élection de François Hollande en 2012. Sous le couvert mensonger de la modernité, il nous ferait revenir aux combinaisons politiciennes de la IVe République. Barrer la route à ce sabordage passe d’abord par le ferme refus du projet gouvernemental auquel il faut à tout prix faire échec. 

Ce n’est pas d’une restriction des libertés et d’une démocratie surveillée dont la France a besoin, ce n’est pas ce visage qu’elle doit montrer au monde. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est un nouveau combat démocratique. C’est le combat pour la défense et l’approfondissement d’une démocratie vivante, pour une République qui n’oublie et ne désespère aucun de ses enfants. Ce dont il s’agit, c’est de travailler sans attendre à abattre les murs de méfiance et de suspicion, de favoriser partout, à tous les niveaux du pays, les rencontres, les échanges, les dialogues, les actions communes.

Seule la gauche peut conduire cet effort parce qu’il est conforme à ses valeurs. Nombreux sont les hommes et les femmes de ce pays qui aspirent à cela, qu’ils soient socialistes, écologistes, communistes, syndicalistes, démocrates et humanistes sans appartenance de parti présents dans de multiples associations et coopératives. Encore faut-il qu’ils et elles se dressent et parlent, construisent ensemble cette véritable alliance de toutes les forces du travail et du progrès humain capables d’ouvrir un nouvel espoir. 

Dur combat. Sans doute. Mais l’avenir, c’est par là. 

Commentaires

    • L’invité de Factuel est

      L’invité de Factuel est Charles Fiterman. Il n’y a aucun anonymat. A chaque fois, l’invité est mentionné, comme cela a été le cas de Nathalie Vermorel, de l’association régionale pour la psychiatrie citoyenne, de la Compagnie des Chercheurs d’air ou encore d’Hervé Bellimaz…

      On peut, en cliquant sur la signature « invité » retrouver tous les invités dont un texte a été publié sur les blogs de Factuel.


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